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Algérie : 2 ans de prolongation de l'emprisonnement du général Ali Ghediri
Publié dans L'opinion le 17 - 05 - 2023

C'est le détenu politique qui fait le plus peur au pouvoir en place et qui fait le moins parler de lui. Alors qu'il est sur le point de terminer de purger sa peine de 4 ans de prison prononcée à son encontre en septembre 2021, la cour d'appel d'Alger vient de prononcer une sentence de 6 ans de prison ferme à son encontre.
Il est le seul général de l'armée algérienne, sur une bonne cinquantaine, à se trouver en prison non pas pour corruption ou malversations financières. Mais pour des raisons purement politiques. D'ailleurs, il n'est pas pensionnaire de la prison militaire de Blida. Il se trouve la prison civile de Koléa.
Accusé de manière grotesque pour « participation en temps de paix à une entreprise visant à fragiliser le moral de l'Armée nationale populaire (ANP) » Ali Ghediri candidat à la présidentielle avortée d'avril 2019 est, condamné en première instance par le tribunal de Dar-El-Beïda (Alger) en septembre 2021 à 4 ans de prison. Une peine qui vient d'être alourdie de deux années supplémentaires alors qu'il s'apprêtait à quitter la prison le 13 juin prochain après avoir purgé la totalité de sa peine.
Docteur en sciences politiques, bardé de diplômes militaires et universitaires, cet enfant de la ville d'Oum-El-Bouaghi qui a tant donné pour l'indépendance de l'Algérie, a quitté l'institution militaire en 2015 à l'âge de 61 ans. Il venait de se conformer aux nouveaux statuts de l'armée qu'il venait de proposer et faire valider par le haut commandement militaire. Des statuts, aujourd'hui, violés par les généraux Chengriha, Benali Benali et toute cette vieille garde de septuagénaires et octogénaires qui refusent de rentrer chez eux pour couler une paisible retraite.
Sa carrière militaire, Ali Ghediri l'a entamée au milieu des années 70 par une formation à l'académie militaire interarmes de Cherchell, après avoir obtenu son baccalauréat. Il est envoyé, ensuite, à l'Académie navale de Saint-Pétersbourg, où il suit une formation en génie mécanique de marine. Avant de servir dans les forces navales à partir de 1983 il fera un passage à l'Académie militaire de Moscou et un autre à l'Académie d'Etat-major de Damas.
Mais, l'essentiel de sa carrière militaire, Ali Ghediri la passe dans les bureaux du ministère de la défense nationale aux Tagarins, sur les hauteurs d'Alger où il a eu à diriger la direction des ressources humaines plus connue sous l'abréviation de DPJM (Direction du Personnel et de la Justice Militaire)
Très discret, le général-major Ali Ghedir était un inconnu de l'opinion publique jusqu'au jour où il fit étalage de ses bagages scientifiques et politiques en interpellant, par une lettre ouverte dans le quotidien El Watan, (le 22 novembre 2018) ses aînés qui refusent de prendre leur retraite alors qu'ils n'ont plus rien à apporter au pays et à son armée. Une lettre qui a fait du mal à beaucoup de généraux dont l'ex-homme fort sous Bouteflika, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, alors chef d'Etat-Major et vice-ministre de la défense nationale.
Mal lui en prit, il récidivera par une interview dans le même journal et finit par se faire rappeler à l'ordre et à s'astreindre à l'obligation de réserve comme tout officier à la retraite. Il annonce, alors sa candidature à la présidentielle prévue pour avril 2019 en défiant les militaires de l'ombre tout en déclarant les « bien connaître et n'ayant pas peur d'eux. » Sans passé militant et sans appartenance partisane, le jeune général retraité s'appuie sur deux fortes personnalités notoirement connues pour leur probité morale et leur intégrité intellectuelle.
L'avocate Zoubida Assoul, originaire des Aurès et affectueusement surnommée Kahina en hommage à son courage et au farouche combat politique qu'elle mène sur tous les fronts, sera et continue d'être l'un de ses soutiens les plus solides. La deuxième personnalité est un autre avocat rompu aux luttes politiques et membre fondateur de la Ligue Algérienne de la Défense des Droits de l'Homme (aujourd'hui dissoute par Tebboune) et membre fondateur du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie qu'il finit par quitter comme la quasi-totalité de ses pairs qui ont refusé le double jeu auquel s'adonnait leur compagnon Saïd Saadi qui occupait le poste de Secrétaire Général de cette formation politique.
Bien avant que ne soit annoncée l'annulation du scrutin du 18 avril 2019, Ali Ghediri retire sa candidature et rejoint le peuple du « Hirak » dans la rue. Aux yeux des militaires, « ce félon » ne fera jamais leur affaire et il leur sera impossible de composer avec ce « chaoui » (se dit des berbères des Aurès) têtu.
A l'annonce d'un nouveau scrutin pour le 4 juillet, Ali Ghediri est le premier à se porter candidat tout en appelant à la démission du président intérimaire Abdelkader Bensalah (décédé le 22 septembre 2021) et du 1er ministre Noureddine Bedoui (il est condamné à 10 ans prison depuis le 23 août 2022 pour corruption). Leur présence à la tête de l'Etat était une violation de la constitution qui limite la période d'intérim à 45 jours.
Le général Ahmed Gaïd Salah, l'homme fort du régime qui destitua Bouteflika le 2 avril 2019 avant de porter à la magistrature suprême son poulain Abdelmadjid Tebboune aux termes d'élection truquées, ordonna que soit arrêté Ali Ghediri.

Des accusations infondées qui éclaboussent l'image de l'armée algérienne
Son arrestation fut des plus scandaleuses. Arrêtés à son domicile le 12 juin 2019 aux environs de 22h, il est amené à la caserne de la gendarmerie nationale à Bab-Jedid, pas loin du siège du ministère de la défense nationale. Au bout de quatre heures d'audition, il est libéré. Le lendemain, il est de nouveau arrêté et emmené au tribunal militaire de Blida. Sans accusation réelle, il est libéré au bout de quelques heures. Mais ce n'est que partie remise. Dans la même journée, il est arrêté et déféré devant le parquet du tribunal de Dar-El-Beïda qui n'a aucune compétence territoriale pour le juger.
Mais, en Algérie, on se joue de la justice sur simple coup de fil. Si le tribunal militaire de Blida et la brigade de gendarmerie de Bab-Jedid (un corps de sécurité qui relève du ministère de la défense nationale) ne lui trouvé aucun délit ou un quelconque grief, le tribunal civil de dar-El-Beïda l'accuse de « participation en temps de paix à une entreprise visant à fragiliser le moral de l'Armée nationale populaire (ANP) » à travers une interview accordée au quotidien El-Watan le 25 décembre 2018. Il lui sera ajoutée une autre accusation.
Pourtant, il n'y a rien dans cette interview qui puisse corroborer une accusation montée de toutes pièces. Aucune preuve matérielle des faits qui lui sont reprochés n'a été présentée dans le dossier.
Au départ de l'affaire, une autre accusation a été retenue pour l'enfoncer davantage. « Haute trahison, divulgation de secrets d'Etat et de documents à des puissances étrangères ». Faute de preuve, la chambre d'accusation abandonne cette grotesque accusation.
En septembre 2021, il est condamné à 4 ans de prison ferme, alors que le parquet avait requis 7 ans. A quelques jours de sa libération (le 13 juin) s'ouvre son procès en appel. Alors que beaucoup d'observateurs s'attendaient naïvement à une réduction de peine, sans intérêt puisque l'accusé a purgé la totalité de sa peine, c'est plutôt le contraire qui s'est produit. A quelques encablures de la présidentielle de 2024, il fallait empêcher vaille que vaille la candidature de ce militaire retraité qui a gagné la sympathie du peuple algérien pour toute l'injustice que lui a fait subir un pouvoir fortement rejeté par la vox populi.
Et c'est parti pour deux nouvelles années de privation de liberté pour un homme qui a servi l'armée algérienne durant une quarantaine d'années et dont trois de ses fils continuent de servir cette même armée en qualité d'officiers supérieurs. Ceci tout en rappelant que son père avait servi dans les rangs de l'Armée de Libération Nationale pour la reconquête de l'indépendance de l'Algérie.
Ainsi, on pourrait dire sans se tromper que la fraude électorale de la prochaine présidentielle de décembre 2024 a pris son départ à la cour d'appel d'Alger aux premières heures de la journée du 17 mai 2023. Que l'on ne vienne surtout pas se plaindre des résolutions des instances internationales quand elle rappelle les dirigeants algériens à respecter les libertés individuelles et surtout la liberté de la presse et de l'opinion. Ali Ghediri a été condamné pour avoir exprimé une opinion dans un journal algérien.


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