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L'anglicisation du système éducatif : présage d'une régression économique et sociale durable ?
Publié dans L'opinion le 10 - 07 - 2023

En réponse à notre article intitulé "Généralisation de l'anglais : premier jalon d'une pédagogie révolutionnaire", Daniel De Poli, fervent défenseur de la langue française, a exprimé sa propre vision sur plusieurs points que nous y avons soulevés. Depuis près de 25 ans, Daniel De Poli, fonctionnaire au ministère français des Transports, mène une guerre sans merci contre les anglicismes. Sa cible : la presse francophone, qu'il lit tous les jours, avec pour seul challenge, pardon, défi de chasser le maximum de mots anglais, en suggérant courtoisement leurs équivalents français aux auteurs des articles qu'il épingle chaque matin en sirotant paisiblement sa tasse de café, car l'anglais n'est pas sa "cup of tea". Voici le courriel qu'il a envoyé aujourd'hui à L'Opinion.
Je me permets de vous écrire car j'ai lu avec intérêt votre article publié ce matin.


Je souhaitais juste réagir à certaines affirmations erronées qui sont souvent entendues concernant l'anglais :

L'anglais est une langue facile (...).

Cette affirmation est erronée car l'anglais est une langue difficile à apprendre, entre autres en raison de ses idiotismes et de ses très nombreuses irrégularités. Le linguiste américain Edward Sapir disait très justement que l'anglais est probablement « la langue la plus facile à mal parler ». Cette difficulté se reflète également dans les nombreuses bourdes que font les Français qui utilisent l'anglais à l'étranger, comme ce fut le cas d'Emmanuel Macron en Australie, lorsqu'il qualifia l'épouse du premier ministre australien de « delicious », sans comprendre que ce terme a en anglais une connotation sexuelle (il a fait rire toute l'Australie). De même pour l'ancien président Nicolas Sarkozy, déplorant qu'il pleut et disant à Mme Hillary Clinton « Sorry for the time(sic) ! ». Ou encore Bernard Kouchner, qui a failli déclencher un incident diplomatique en confondant à l'oral « to eat » et « to hit ». Ou encore cette fonctionnaire européenne danoise disant « at the beginning of my period », sans comprendre que cette expression est plutôt utilisée pour les règles ! Or, jamais une personne connaissant vraiment l'anglais ne ferait des bourdes pareilles.

L'anglais est la langue du futur (...).

Tout cela n'est que le résultat de la propagande mensongère des Anglo-Saxons. En effet, comment peut-on affirmer cela alors que 90% de la population mondiale ignore l'anglais et que ce dernier n'est la langue maternelle que de 7% de la population mondiale ? Un jeune Marocain a bien évidemment beaucoup plus intérêt à bien connaître le français vu que son pays est entouré de pays francophones. La connaissance de l'anglais est d'autant moins importante qu'elle n'est plus la langue nationale d'un seul pays de l'Union européenne, et a donc vocation à décliner au sein des institutions européennes. Son poids géopolitique au sein de l'Union européenne est désormais nul, avec un nombre de locuteurs natifs de 1%, pourcentage dérisoire. La tentative d'imposer l'anglais comme langue néo-coloniale est dans la droite ligne du discours néo-colonialiste anglo-saxon, très bien décrit par l'universitaire australien Alastair Pennycook.


De même, il faut impérativement lire l'article suivant d'Ilyès Zouari, président du Centre d'étude et de réflexion sur le monde francophone (CERMF), et intitulé « Un passage du Maroc à l'anglais entraînerait une régression économique et sociale durable. »

L'anglais est la langue des affaires (...).

Cette affirmation est très discutable (elle n'est d'ailleurs écrite nulle part) car la langue des affaires, c'est la langue du client. Et on peut donc parfaitement faire des affaires en français, en russe, en chinois ou en espagnol. L'anecdote suivante montre à quelles attitudes ridicules aboutit cette idée fausse de « l'anglais, langue des affaires » :

« Un Français, représentant de commerce, se rend dans un pays africain où l'usage du français est généralisé en tant que langue seconde pour y traiter une affaire. Lorsqu'il rencontre ses interlocuteurs, ces derniers lui souhaitent la bienvenue en français, et cette langue demeure la seule utilisée jusqu'à ce qu'ils en viennent à discuter de la transaction qui justifie la présence de ce représentant de commerce étranger. Brusquement, ces hommes d'affaires basculent alors à l'anglais. Deux minutes après, intrigué, notre représentant pose la question de savoir pourquoi ses interlocuteurs ne veulent plus parler français. On lui répond alors que, l'anglais étant la langue des affaires, il faut parler anglais lorsque on " parle affaires ". »

de la technologie (...).

C'est très discutable là-aussi. Ainsi, la Chine a envoyé en 2021 un véhicule motorisé sur Mars, et ce en n'utilisant que sa langue.

de la recherche scientifique (...).

Les scientifiques russes ou chinois travaillent dans leurs langues respectives. De même pour les Français (c'est d'ailleurs une obligation légale). De plus, la publication en anglais aboutit au pillage généralisé par les chercheurs américains, qui ne s'en cachent d'ailleurs même pas. Voir le texte en post-scriptum.

et de la communication mondiale.

Dans ce cas, pourquoi l'ONU reconnaît-elle six langues de travail et ne garde-t-elle pas que l'anglais ? Il ne faut jamais perdre de vue que la propagande anglo-saxonne a pour objectif de vassaliser mentalement la planète entière, et ce dans le seul intérêt des Anglo-Saxons. Ces derniers ont compris après 1945 qu'il n'était plus possible de conquérir des territoires, et ont donc décidé de conquérir les esprits, de transformer les non-anglophones en colonisés mentaux afin que ces derniers servent leurs intérêts, ou du moins ne s'y opposent pas. C'est le fameux mot de Churchill : « La diffusion mondiale de l'anglais nous rapporte plus que la conquête de vastes territoires ». Ou celui du British Council : « Le véritable or noir de la Grande-Bretagne, c'est sa langue ». Reconnaître un statut supérieur à l'anglais (c'est ce que veulent les Anglo-Saxons) revient aussi à attaquer frontalement le plurilinguisme au niveau mondial. Ainsi, pourquoi les pays du monde dépenseraient-ils de l'argent pour l'enseignement des langues si l'anglais est censé suffire pour tout ?

(...) on ne fait pas la promotion d'une domination culturelle ou linguistique d'une nation sur une autre.

Malheureusement, c'est exactement ce que veulent les Anglo-Saxons. Pour eux, le Maroc est une cible, et leur objectif est de faire en sorte que l'anglais supplante le français dans l'enseignement, et ce à tous les niveaux (comme cela s'est passé au Rwanda, envahi par des Ougandais anglophones soutenus financièrement par les Anglo-Saxons). Et surtout, que le Maroc s'affiche à terme aux yeux du monde comme un pays anglophone. C'est ce qui est déjà le cas sur le site internet suivant, où le français a disparu du logo.


En tant que langue de communication internationale, l'anglais facilite les échanges commerciaux, les collaborations scientifiques et les interactions culturelles à l'échelle mondiale.

La connaissance de l'anglais n'est utile pour pour la petite minorité de travailleurs qui a des interactions avec des pays étrangers. C'est tout. Cela ne concerne en aucun cas l'ensemble de la population.

Cependant, cela ne signifie pas que l'anglais n'a pas sa propre importance en tant que langue de communication mondiale.

Je ne nie pas l'intérêt d'apprendre l'anglais, mais il faut bien comprendre que derrière cette langue se cache toute une idéologie suprémaciste, profondément hostile au plurilinguisme égalitaire. Là est tout le problème.

Des doutes, pourtant, se font entendre sur l'avenir de la francophonie, face à un attachement à la langue de Molière qui se déliterait chez une partie importante des jeunes Marocains, au profit de celle de Shakespeare.

C'est le résultat de la propagande mensongère des Anglo-Saxons. Il n'y a donc rien d'étonnant à cela. L'anglais, la langue de ceux qui ont massacré les Indiens, qui ont arraché des enfants autochtones à leurs familles pour les mettre dans des institutions où ils étaient maltraités et devaient se vêtir et parler comme les colons anglais, la langue de ceux qui hurlaient « Speak white ! » à ceux qui parlaient leur langue entre eux :


C'est pourquoi la langue française a un rôle fondamental à jouer dans le monde, car c'est la seule langue qui un poids géopolitique international suffisamment fort pour contrer l'impérialisme linguistique arrogant des Anglo-Saxons, qui rêvent de transformer le monde en colonie anglo-saxonne. À l'image de ce sénateur américain qui a lancé un jour : « 6000 langues dans le monde, ça fait 5999 de trop, l'anglais suffit » !

Je conclus en signalant que le français est une grande langue internationale d'avenir, qui comptera un milliard de locuteurs dans le monde en 2060 et dépassera le chinois d'ici la fin du siècle :


Bien à vous,

Daniel De Poli


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