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Interview avec Rabiaa Harrak : « Le partenariat public/privé est devenu une nécessité pour promouvoir le patrimoine »
Publié dans L'opinion le 29 - 11 - 2023

Les 1er et 2 décembre, Fès abrite le Colloque national sur les médinas sous le thème : « Restauration et réhabilitation des anciennes Médinas au Maroc : Approches et Expériences ». L'architecte en Chef principal à la Direction du Patrimoine Culturel nous explique comment promouvoir le patrimoine d'ici 2030, et les médinas en particulier.
Depuis 2019, des actions sont entreprises par les différents acteurs concernés, soit au niveau législatif, juridique et normatif, soit au niveau réglementaire et technique, visant la préservation et la valorisation des médinas du Maroc. Quel bilan en tirez-vous ?

- Tout d'abord, permettez-moi de vous présenter le cadre général de l'élaboration de ces actions. En 2019, et suite à la visite Royale pour inaugurer des projets de réhabilitation et de valorisation de la médina de Fès, le projet Lalla Yeddouna était le déclencheur du processus de révision des interventions au sein des médinas, suite à des instructions Royales.

Ainsi, depuis le 15 avril 2019 et jusqu'aujourd'hui, l'Etat marocain s'est mobilisé, sous la supervision du ministère de l'Intérieur, pour aboutir à un « Protocole d'accord afin d'améliorer les interventions au sein des médinas ». En effet, ce Protocole est un engagement solennel de tous les acteurs pour préserver, valoriser et mettre en tourisme les médinas, dans un cadre concerté et intégré. La mise en œuvre de ce Protocole couvre la période de 2022 jusqu'à la fin 2025 (la période du 15 avril 2019 jusqu'au début 2022 était réservée à l'analyse de l'état des lieux des médinas, l'élaboration de la documentation de référence ainsi que l'identification des engagements de chaque département).


Pour réponde à votre question, on peut dire qu'il est encore trop tôt pour évaluer l'impact de la mise en œuvre de ce Protocole, sur le plan opérationnel. Néanmoins, plusieurs actions ont été déjà réalisées, notamment la validation des normes de restauration (2021-2025), la réforme de l'ancien décret des marchés publics (2022-2023), la digitalisation du patrimoine marocain (2021-2023).Un autre projet est en cours concernant la modélisation en 2D/3D du patrimoine architectural marocain.


- Comment le patrimoine pourrait « booster » la promotion économique, sociale et touristique, qu'elle soit locale ou régionale, notamment à l'horizon 2030 ?

- Tout d'abord, il faut asseoir les trois piliers, qui sont, à mon avis, essentiels pour cadrer le contexte général dans lequel le Maroc devra intervenir afin de promouvoir, d'ici 2030, notre patrimoine culturel, en général, et nos médinas, en particulier.

En premier lieu, les indicateurs Culture 2030 de l'UNESCO : en effet, en 2022, le Maroc a participé, dans le cadre d'un projet pilote au niveau mondial, à l'instruction des Indicateurs de la Culture pour mettre en évidence la participation du facteur « culture » dans le développement durable des nations (N.B : l'Artisanat est l'Indicateur phare du Maroc).

Le deuxième pilier concerne la mise en œuvre du nouvel Agenda Urbain 2030 conformément aux directives de l'ONU-Habitat (Organisation des Nations Unies). En 2022, à cet effet, le Maroc a présenté son premier rapport quinquennal relatif aux efforts déployés par le Royaume pour la mise en œuvre de l'ODD n°11 qui vise à rendre les villes et notamment les médinas des lieux sûrs, résilients et durables. Ce rapport couvrait les actions de l'Etat marocain durant la période allant de fin 2017 jusqu'à la fin 2021. En outre, notre pays est invité à présenter son rapport toutes les quatre années jusqu'à 2030.

Enfin, et c'est le plus parlant, le « Rêve d'un Roi et de Son Peuple », qu'on vient de réaliser : organisation du Mondial de la FIFA 2030, avec deux alliés européens de taille, l'Espagne et le Portugal. Le Maroc devra s'aligner, en matière de mise en tourisme et de promotion économique et sociale de son patrimoine culturel.

De ce fait, on devra être conscient de l'ampleur de ce contexte général et l'importance de l'événement du Mondial 2030 afin de présenter, au monde entier, le Maroc que nous aimons à mille et une facettes patrimoniales et architecturales. En effet, le patrimoine relève de la culture, certes, mais il représente également une richesse matérielle potentielle, si on le mettra encore en valeur et s'il fera l'objet d'une gestion intégrée aux programmes de développement durable aussi bien au niveau local, régional que national.

Dans cette perspective, les Industries Culturelles relatives au patrimoine culturel constituent l'avenir de la valorisation de ce volet. Elles devront être encouragées et soutenues au Maroc. Ces industries, si elles sont bien encadrées et mieux accompagnées, pourront constituer un cadre intéressant pour la valorisation aussi bien économique que sociale et touristique de notre patrimoine culturel. Ainsi, elles participeront intensivement à sa promotion aussi bien au niveau national qu'international.

Le patrimoine culturel marocain devra participer à l'augmentation du PIB (Produit Intérieur Brut) marocain en procédant à rendre le patrimoine culturel du Royaume source de revenus incontournable et durable pour les individus, les minorités et les communes ; et ce, à travers la création des approches entre les Industries Culturelles et les activités économiques rentables via le patrimoine culturel.

- Quelles sont vos recommandations pour un partenariat public/privé réussi dans ce domaine ?

- Le partenariat public/privé, dans le domaine de la gestion du patrimoine culturel marocain, est devenu une nécessité pour promouvoir et valoriser ce patrimoine. Cependant, au Maroc, notamment en matière de gestion du patrimoine culturel, le système n'est pas très ouvert aux formules de partenariat public/privé. L'action publique au Maroc dans ce domaine précis ne facilite pas nécessairement ces partenariats.

Alors, afin de réussir cette coopération entre le secteur public chargé de la gestion du patrimoine culturel et le secteur privé, il faudra, à mon avis, instaurer, d'abord, un cadre juridique et réglementaire pour définir le cadre général de ces partenariats. Ensuite, préciser minutieusement les domaines d'intervention au niveau de la promotion, de la valorisation et de la mise en tourisme, y compris les avantages de l'application des technologies numériques. Enfin, présenter les lieux des interventions, à savoir : monuments historiques, sites archéologiques, CIP (centre d'interprétation du patrimoine), etc.

- Vous êtes aussi auteur de nombreux ouvrages, dont « Gestion et protection du patrimoine culturel marocain : visite du passé pour une vision consolidée du futur ». Comment apprendre du passé pour mieux bâtir l'avenir des médinas ?

- Dans mon ouvrage, je présente les objectifs et les intérêts de la préservation du patrimoine culturel et l'historique de l'évolution de la gestion du patrimoine culturel au Maroc, depuis la période du Protectorat jusqu'à 2011. Aussi, j'évoque la question de la conservation technique et juridique du patrimoine architectural marocain. J'expose, ensuite, le rôle des institutions et les services qui se sont chargés de cette gestion durant cette période, tout en évoquant les handicaps, les contraintes, les enjeux, les points de force et de faiblesse de ce système.

En effet, pour compléter ma recherche, et dans le cadre du nouveau processus de valorisation des médinas, la démarche adoptée visait, au début, la constitution des Comités de réflexion (Comité Central de Suivi des programmes de revalorisation des anciennes médinas, Comité de Gouvernance, Comité Scientifique et d'Expertise du patrimoine, Comité de Normalisation des CPS et identification des Partenaires privés, Comité Référentiel de construction et charte architecturale).

Ces Comités de réflexion ont procédé, tout d'abord, à l'analyse de toutes les approches et documentions liées à toutes les interventions effectuées au sein des médinas, durant la période allant de 2010 jusqu'à 2019. Il s'agit des procédures, approches, conventions relatives aux Programmes Royaux de valorisation des médinas, conventions de partenariats sectorielles, intervenants, plans d'aménagement et de sauvegarde des médinas, plans de gestion des médinas, référentiels de construction, chartes architecturales, cahier des prescriptions spéciales (CPS), etc.

Suite à cette analyse minutieuse du passé, détectant ainsi les handicaps et les contraintes, ces Comités de réflexion ont pu élaborer des Recommandations aussi bien au niveau stratégique qu'au niveau des acteurs ainsi qu'au niveau des documents d'urbanisme.

Ces Recommandations ont abouti, à leur tour, au dégagement des engagements de chaque département ministériel, mais cette fois dans un cadre concerté.

Ainsi, à travers l'analyse du passé des interventions au sein des médinas, on est actuellement en phase d'asseoir les piliers de la nouvelle vision et approche pour intervenir dans les médinas afin de les valoriser et les mettre en tourisme pour le grand événement du Mondial 2030. Aussi, la nouvelle vision consolidée du futur des médinas réside essentiellement dans cette visite du passé.

Enfin, dans un contexte souffrant des impacts du changement climatique, nos médinas constituent l'héritage du passé dont nous profitons aujourd'hui et que nous devrions préserver pour le transmettre aux générations futures, tout en tirant profit de l'émergence d'une révolution numérique sans précédent.


Recueillis par Safaa KSAANI


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