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Interview avec Carlos Chahine: Portraits féminins dans un Liban en ébullition
Publié dans L'opinion le 22 - 12 - 2023

Le réalisateur franco-libanais Carlos Chahine a été honoré du Grand Prix Hassan II lors du Festival International du Cinéma d'Auteur de Rabat pour son premier long métrage, « La Nuit du Verre d'Eau ». Dans cet entretien, il nous plonge dans les moments forts de cette œuvre captivante, tout en levant le voile sur les coulisses de sa création.
- Votre film, « La Nuit du Verre d'Eau », a été honoré en remportant le Grand Prix Hassan II lors de la 28ème édition du Festival International du Cinéma d'Auteur de Rabat. Comment vous sentez-vous à propos de cette reconnaissance prestigieuse ?
- Recevoir le prestigieux Prix Hassan II à Rabat a été un moment empreint d'une profonde signification pour moi. Cette reconnaissance revêt une importance particulière, car elle représente bien plus qu'une simple récompense artistique. C'est un honneur d'être distingué dans un pays arabe, surtout pour un film traitant de sujets qui touchent l'ensemble de notre région. Ce prix s'ajoute à ma joie d'avoir également remporté le Prix du meilleur film arabe au Festival du Caire l'année dernière et à Amman. Recevoir cette distinction dans une ville que j'aime énormément renforce encore davantage le lien spécial que j'ai avec le Maroc, un pays d'une beauté absolument magnifique.
- La réalisation de "La Nuit du Verre d'Eau" a émergé d'une collaboration fructueuse entre le Liban et la France en tant que coproduction. Pourriez-vous nous dévoiler le processus de développement de cette collaboration ?
- Il s'agit effectivement d'une collaboration entre le Liban et la France. Comme vous le savez, j'ai quitté le Liban très jeune en 1975, au début de la guerre, et depuis, j'ai grandi en France. La France est pour moi autant un pays que l'est le Liban, et la langue française résonne profondément en moi, étant presque similaire à l'arabe libanais. J'ai grandi dans cette langue, bénéficiant dès le début d'une assistance pour l'écriture, suivie de plusieurs aides, notamment de Marseille. L'obtention du Grand Prix Meditalents a été un moment marquant, et la production du film a été le fruit d'une collaboration entre trois sociétés de production à Paris, Marseille et Beyrouth. Le montage financier s'est équilibré grâce à la contribution des trois entreprises, complété par des fonds privés, permettant ainsi la réalisation de ce projet sous une forme magnifique.
- En situant l'intrigue de "La Nuit du Verre d'Eau" au Liban en 1958, pourriez-vous nous éclairer sur votre démarche artistique visant à représenter la société libanaise de cette époque dans le film ? Plus précisément, comment avez-vous abordé la mise en lumière des tensions politiques et sociales qui caractérisaient cette période tumultueuse ?
- L'année 1958 revêt une importance capitale tant pour le Liban que pour moi-même. Durant mon enfance, les récits de mes parents sur l'été 58 résonnaient régulièrement, évoquant leur fuite vers les montagnes pour échapper à ce qu'ils qualifiaient de "révolution". À l'époque, j'avais une connaissance limitée de l'Histoire de ce jeune pays qui venait tout juste d'accéder à l'indépendance. Plus tard, en comprenant mieux, j'ai réalisé que cette révolution, bien que relativement grave et ayant duré quelques mois, s'est terminée avec le débarquement américain en 1975. Cette date demeure pour moi fondatrice et paradoxale.
Au sein de cette famille représentée dans le film, l'éducation des filles était cruciale, mais jusqu'à un certain point, car il existait des fondamentaux intouchables dans cette société. C'est pourquoi l'histoire des trois sœurs me semblait particulièrement tragique. Bien qu'elles soient éduquées et aient des parents aimants pensant bien faire, nous évoluons dans une société patriarcale où la femme ne décide pas de son destin.
- Concernant le processus créatif, quelles ont été vos principales sources d'inspiration qui ont nourri cette œuvre cinématographique ?
- Mes sources d'inspiration pour l'écriture du scénario sont principalement d'ordre personnel, plutôt que cinématographique. Je suis profondément influencé par le cinéma italien, une passion qui ne cesse de m'inspirer. Un film qui m'a particulièrement accompagné tout au long de l'écriture est "Le Jardin des Finzi-Contini" de Vittorio De Sica. Cette œuvre m'a profondément marqué en racontant une histoire intime au cœur d'une grande tragédie. De plus, mon enfance, l'observation de ma famille, les étés passés au village, ainsi que la région où le film a été tourné, sont des lieux que je connais intimement. Chacun des personnages du film, je les ai connus et aimés, et l'ensemble s'apparente presque à un film de fantômes, où j'ai cherché à les ramener à la vie à travers cette création cinématographique.
- Le thème de la révolution à Beyrouth et le bouleversement à l'intérieur de la famille soulèvent des questions importantes sur la condition des femmes. Comment interprétez-vous la représentation de la lutte des femmes contre la société patriarcale dans le contexte actuel comparé à celui des années 1950, tel que dépeint dans votre film ?
- J'ai la profonde impression que, fondamentalement, les choses ne changent pas tant que ça, surtout dans le monde arabe. Bien sûr, aujourd'hui, certaines jeunes filles ont la chance de poursuivre des études et d'accéder au monde professionnel, et il y a indéniablement davantage de liberté pour les femmes. Cependant, je pense que, au fond, la structure sociale demeure relativement inchangée. Ce que j'ai cherché à mettre en lumière dans le film, c'est que la lutte des femmes au sein de la société patriarcale contribue également à libérer les hommes. Il est important de souligner que les femmes souffrent dans ces sociétés, car elles ne peuvent pas décider de leur propre destin. Souvent, ce sont les pères, les maris ou les frères qui prennent les décisions. Je constate que cette pression pèse énormément sur les hommes, et je suis convaincu qu'une société plus égalitaire apporterait davantage de bonheur à tous.
- Y a-t-il d'autres films ou projets créatifs sur lesquels vous travaillez actuellement ?
- Actuellement plongé dans le processus d'écriture de mon prochain film, je nourris l'ambition de dépeindre le Liban contemporain à travers le portrait d'un homme qui effectue un retour émotionnel dans son pays d'origine. Ce scénario, en gestation, aspire à capturer les nuances complexes de la réalité libanaise actuelle. J'envisage avec enthousiasme de tourner cette production dans la ville de Tripoli, dans le Nord du Liban. Tripoli, avec son Histoire riche et sa diversité culturelle, offre un cadre unique pour ce récit empreint d'émotions. J'espère sincèrement que ce projet prendra vie, permettant ainsi de partager une perspective intime et captivante sur le Liban d'aujourd'hui.

Au nom de la liberté
Le film de Carlos Chahine nous plonge au cœur des événements de l'année 1958, période où la révolution gronde à Beyrouth. En retraite estivale dans les montagnes libanaises, trois sœurs issues de la haute société chrétienne voient leur quotidien chamboulé. Les échos d'une révolution en plein tumulte à Beyrouth et l'arrivée de deux estivants français viennent secouer la quiétude du village. Cependant, le véritable bouleversement émane de l'intérieur, même de la famille, révélant les tourments intérieurs des sœurs face à une réalité en mutation.
Parmi elles, Nada incarne la rébellion, Eva la romantique, mais c'est surtout Layla, l'aînée, unanimement appréciée, qui retient notre attention. Cependant, en cet été troublé par la menace imminente de la guerre et les contraintes d'une société patriarcale, Layla, d'ordinaire mère et épouse exemplaire, décide de défier les convenances. Elle envoie donc valser les apparences soigneusement entretenues et se révolte contre cette société qui tente de la maintenir sous contrôle.
Le film sonde l'influence prégnante des traditions au sein de cette famille en quête de modernité. Pour donner vie à son scénario, le réalisateur puise abondamment dans les souvenirs de son enfance. Le film, bien que non autobiographique, s'enrichit des expériences de jeunesse du réalisateur, où le jeune Charles du film incarne en quelque sorte son double. Issus d'une famille chrétienne maronite, ils consacraient leurs vacances aux montagnes surplombant Beyrouth.
C'est une histoire captivante où la résistance intime s'épanouit au cœur des tourments historiques et personnels, portant fièrement comme étendard : « Au Nom de la Liberté ».


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