Selon l'Institut de veille sanitaire (INVS), les troubles musculo-squelettiques (TMS), qui se caractérisent par des douleurs et une gêne fonctionnelle, sont en constante augmentation. Ils constituent la première cause de morbidité liée au travail, morbidité de surcroît largement sousestimée par les statistiques de maladies professionnelles, notamment du fait de lasous-déclaration. Les TMS sont de plus en plus fréquents chez la population active. Et l'épidémie mondiale n'est pas prête à regresser avec l'apparition de nouveaux troubles liés au travail sur écran. Douleurs cervicales, lombaires, tendinite, syndrome du canal carpien, les TMS sont la première cause de maladie liée au travail en France et dans de nombreux pays d'Europe. Rien que dans l'Hexagone, elles représentent 80% des maladies professionnelles soit un budget de près de 8 millions d'euros en 2008 pour la Sécurité sociale. En dix ans, ces maladies ont crû de 20% par an ! L'importance des TMS avait été dévoilée en 2005 dans une première étude de l'Institut National français de veille sanitaire (INVS) qui avertissait sur la nécessité de modifier les modes d'organisation du travail. Pourtant, cinq ans plus tard, la situation n'a pas bougé, voire s'est aggravée. Ainsi, 40.000 maladies professionnelles causées par ces affections ont été indemnisées en France par la Sécurité sociale en 2008 et les chercheurs avertissent que bon nombre de TMS sont encore cachées par les salariés par crainte de conséquence négative sur leur emploi. Les cadences sont toujours aussi intenses tandis que la pression psychologique est grandissante comme l'ont malheureusement prouvé à l'extrême les nombreux suicides chez des salariés de France Télécom. Pire encore, un programme de suivi mis en place en 2002 dans les Pays de la Loire révèle que 15% des femmes et 11% des hommes travaillant en entreprise, de 20 à 59 ans, souffrent d'un TMS du membre supérieur. Si les TMS touchent toute la population active, certaines professions et certains secteurs sont plus touchés que les autres. Sont particulièrement concernés les travailleurs qui effectuent des gestes répétitifs, qui doivent rester debout, qui forcent beaucoup dans leurs mouvements, soit notamment les professions de manutention manuelle et les intérimaires qui sont soumis à des cadences effrénées. Outre les professions manuelles, les chercheurs de l'INVS ont remarqué que les professions à travail sur écran deviennent de plus en plus sujettes aux gênes quotidiennes des TMS. Aujourd'hui, 22% des salariés passent au moins 20 heures par semaine, les yeux rivés sur leur ordinateur. Pourtant, selon Catherine Ha, du département santé travail de l'INVS, "remédier à ces contraintes est relativement simple, avec des progrès en ergonomie du poste de travail".