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Interview avec Maître Aouatif Mamoune Raissouli : La première femme à assurer la traduction des audiences devant les juridictions de Tanger
Publié dans L'opinion le 08 - 03 - 2025

Dans l'ombre des tribunaux, des professions souvent méconnues mais indispensables, comme celles des interprètes judiciaires. En facilitant la communication entre les parties et les magistrats, elles garantissent un droit fondamental, celui d'une défense équitable. Mme Aouatif Mamoune Raissouli, première et seule femme à avoir exercé cette mission au sein des juridictions de Tanger, revient sur une carrière de plus de 30 ans.
* Maître Aouatif, durant votre parcours, vous étiez la première femme à assurer la traduction des audiences aux juridictions de la ville du Détroit, comment avez-vous surmonté les obstacles liés aux attentes de genre dans ce milieu "historiquement" masculin ?

Tout a commencé pour ma part en 1992, par une convocation du Tribunal de Première Instance de Tanger m'invitant à m'y rendre à une date et heure précises pour assurer la traduction pour une personne dont le nom était indiqué, et ce quelques semaines après l'ouverture de mon cabinet de traduction suite à ma réussite à l'examen d'assermentation.
Oui, certainement, je suis la première. La raison ? D'abord, nous étions une poignée de traducteurs assermentés à Tanger, environ 4, tous des hommes, autodidactes, qui avaient appris sur le tas, mais certains très compétents. Quant à moi, je faisais partie de la première fournée de traducteurs assermentés, fraîchement diplômée de l'Ecole Supérieure Roi Fahd. Nous étions une quinzaine de lauréats en tout, et seuls quelques-uns s'étaient installés à Tanger, dont une autre dame qui appréhendait de traduire au Tribunal. Les autres diplômés devaient arriver dans les années à venir. Aujourd'hui, nous sommes 39 traducteurs à Tanger, dont 19 femmes, presque la parité ... Je suis la première, certes, et j'ai continué à être pratiquement la seule à me rendre au Tribunal, un engagement qui se poursuit depuis 33 ans.
Pour ce qui est des obstacles, je ne dirai pas que je n'ai jamais vu de réticences concernant mon statut de femme au sein de ce milieu majoritairement masculin, mais honnêtement, et dès le départ et dans l'ensemble, j'ai été bien acceptée et j'ai bénéficié d'une grande bienveillance, que ce soit des magistrats, des juges, des fonctionnaires des Tribunaux, du corps des avocats, des experts et autres.

* Votre vocation témoigne d'un engagement fort pour l'accès à une justice équitable. Comment percevez-vous le rôle des femmes dans la promotion et la défense des droits fondamentaux, tant dans le domaine juridique que dans la société ?

Le rôle des femmes est prépondérant dans la promotion et la défense des droits fondamentaux, tant dans le domaine juridique que dans la société.
Je ne vois aucune différence entre la gent masculine et féminine en matière de droits fondamentaux. L'essentiel est la formation, l'engagement, le respect et l'honnêteté. Et il y a autant d'hommes que de femmes qui possèdent ces atouts. Il s'agit avant tout d'une affaire de convictions et de valeurs.

* En conciliant votre parcours professionnel, votre rôle d'enseignante universitaire et vos responsabilités familiales, comment avez-vous réussi à équilibrer ces différentes prérogatives ? Et quelles leçons en tirez-vous pour encourager les jeunes femmes à repousser leurs limites ?

Atteindre un « équilibre » entre les différentes prérogatives est un grand mot. Mais le fait de concilier plus ou moins cela s'est fait au prix d'énormément de sacrifices et grâce au soutien de mon mari, de mes enfants et de mon équipe de travail. Mais vous savez, je dis toujours que si on est épanouie professionnellement, on peut donner davantage à sa famille, à ses proches et à la société dans laquelle on évolue. Si on est aligné avec soi-même, on est plus généreux en termes d'éducation, de sentiments et de transmission des valeurs.
Vous prenez sur vous-même, c'est tout. Vous sacrifiez vos heures de détente, vous passez des nuits blanches parfois...
Je recommande, au regard de mon expérience, aux jeunes femmes de repousser constamment leurs limites. Nous, les femmes, avons autant de cordes à notre arc que les hommes ; il faut juste savoir les utiliser à bon escient.

* Pouvez-vous nous raconter une des expériences marquantes de votre parcours qui vous a rendue plus forte et vous a profondément inspirée dans votre métier ?

Toutes les expériences de mon parcours, même les plus humbles, m'ont rendue plus forte. J'ai eu le privilège de traduire au sein des tribunaux dans les dossiers les plus importants et les plus délicats, grâce à la confiance que m'ont accordée les magistrats, et je leur rends hommage. Ceci dit, je suis profondément inspirée dans mon métier par ces mères courageuses, par ces femmes que nous voyons autour de nous tous les jours, qui se battent pour leurs enfants et pour leur survie. Ces femmes qui luttent pour leur terre, les Marocaines citoyennes du monde qui réussissent avec brio dans des pays étrangers, souvent parties avec peu de moyens au départ. Ce sont elles qui m'émeuvent, m'inspirent et me poussent à aller de l'avant.

* En cette Journée internationale des droits des femmes, quel message aimeriez-vous transmettre à celles qui souhaitent s'épanouir professionnellement, en particulier dans des domaines encore majoritairement masculins ?

Les études et encore les études. Elles sont l'arme essentielle pour toute femme qui doit d'abord choisir le parcours adapté à son profil, puis persévérer sans relâche. Ne jamais se contenter de ce qu'elle a, mais chercher à sortir et se dégager du lot par le travail et la poursuite d'études.
Sortir de la médiocrité par l'effort et les sacrifices. Notre époque est celle de l'excellence. Le travail moyen, le « à peu près », n'a plus sa place dans nos sociétés.
En cette journée du 8 mars, et sans être féministe à l'excès, je dis à toute femme que les portes sont toutes entrebâillées, y compris celle menant au secteur de l'industrie, de l'automobile, du pétrole, des forages, de l'immobilier et bien d'autres. Il suffit juste de les pousser, animée par des valeurs et du sérieux. En se dépassant, les jeunes filles ainsi que les jeunes femmes seront surprises par le pouvoir qu'elles peuvent avoir en elles.
Mais tout cela doit se faire avec intégrité, honnêteté, respect de soi et des autres et, toujours, dans la crainte de Dieu, le Tout-Puissant.

Recueillis par Youssef Benkirane
Une femme d'exception au service du savoir et de l'engagement
Originaire de Tanger, Maître Aouatif Mamoune Raissouli incarne le parcours d'une pionnière, démontrant que la réussite féminine n'a pas de limites. Issue de la première promotion de l'Ecole Supérieure Roi Fahd de Traduction (ESRFT), créée en 1986, elle est également titulaire de plusieurs diplômes internationaux, dont un Brevet en Arabe Littéral de l'Université de Paris III – Institut des Etudes Islamiques, un diplôme en Information et Relations Internationales de l'Université de Toulouse, ainsi qu'un Diplôme d'Assistanat obtenu à la Fulham Gilliat School de Londres.
Active depuis plus de 30 ans dans le domaine de la traduction et de l'interprétariat, elle dirige son propre cabinet depuis 1992. Son expertise l'a conduite à intervenir en tant qu'interprète contractée à l'échelle nationale et internationale, tout en organisant de nombreuses conférences et séminaires.
En parallèle de son activité professionnelle, Maître Raissouli transmet son savoir en tant que professeure vacataire à l'Université Abdelmalek Essaadi (Ecole Supérieure Roi Fahd de Traduction à Tanger) depuis 1990, contribuant ainsi à la formation des futures générations de traducteurs et d'interprètes.
Engagée dans la société civile, elle occupe des postes de responsabilité au sein d'associations influentes, notamment en tant que Secrétaire Générale de l'Association Marocaine de la Planification Familiale et Vice-Présidente de l'Association des Experts Assermentés du Nord. Son parcours illustre un engagement constant en faveur du savoir, de la justice et du développement de son domaine d'expertise.


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