Censé former l'élite intellectuelle et professionnelle, et doter les secteurs public et privé de cadres compétents, le monde universitaire marocain est aujourd'hui malade. Le scandale qui a éclaté dernièrement à l'Université Ibn Zohr d'Agadir, révélant qu'un professeur de droit était à la tête d'un réseau de vente de diplômes, n'est qu'un indicateur supplémentaire d'un mal bien plus profond qui gangrène notre système universitaire. Nous avons tous encore en mémoire le scandale de l'affaire "Sexe contre bonnes notes", survenu à l'Université Hassan 1er de Settat il y a à peine trois ans. Le public, effaré, y découvrait que des professeurs universitaires, jusque-là respectables, faisaient chanter des étudiantes pour obtenir des faveurs sexuelles en échange de meilleures notes. Nos vénérables Universités, censées être des temples du savoir et de la recherche, ne sont plus que des machines à scandales : sexe, corruption, chantage, trafic en tout genre, abus d'influence, et autres dérives. En ajoutant à cela la faible qualité de l'enseignement dispensé, le décalage entre la formation et les besoins du monde du travail, et la pauvreté de la production académique, le cocktail devient explosif. Nous comprenons alors qu'il ne s'agit pas seulement d'adopter des réformes, mais de transformer en profondeur tout un système. Et pour le réformer, il faudrait d'abord poser un diagnostic en profondeur et se poser les bonnes questions : combien de licences, masters ou doctorats ont été octroyés par complaisance ou corruption ? Qui sont les complices? Et, surtout, pourquoi personne n'a rien vu, et où sont passés les organes de contrôle ? Face à l'effondrement des valeurs et de la morale, même au sein des élites intellectuelles, des solutions radicales s'imposent. Redonner de la valeur aux diplômes des Universités marocaines et restaurer le respect de la population passe par une vaste opération visant à extirper de son sein le système de corruption. Lorsqu'on viendra à bout de ce fléau, il sera alors possible de rebâtir sur des bases saines une Université plus efficace, plus inclusive et plus équitable.