Sa Majesté le Roi Mohammed VI a adressé, mardi, un discours à Son peuple fidèle à l'occasion du 26ème anniversaire de Son accession au Trône de Ses glorieux ancêtres. Ce discours a défini les grandes lignes d'une nouvelle feuille de route visant à instaurer une justice sociale et territoriale dans l'ensemble des douze régions du Royaume. Durant les deux dernières décennies, le Maroc a connu des avancées sociales, économiques et politiques remarquables, portées par les nombreuses réformes engagées sous l'impulsion de SM le Roi Mohammed VI. Sur le plan économique, ces réformes ont démontré leur efficacité, comme en témoignent les performances positives de l'économie nationale, et ce, malgré un contexte mondial difficile marqué par l'inflation et l'instabilité des marchés internationaux. On en citera à titre indicatif, et non exhaustif, le tourisme, l'industrie, sans oublier l'agriculture, qui arrivent à préserver les emplois et attirent de plus en plus d'investisseurs grâce aux programmes exceptionnels élaborés par l'Exécutif sous Hautes Instructions Royales. Dans Son discours à l'occasion du 26ème anniversaire de l'accession du Souverain au Trône, SM le Roi Mohammed VI a cité l'exemple de l'Industrie nationale, dont les exportations, « notamment celles liées aux métiers mondiaux, ont plus que doublé depuis 2014 ».Grâce à des choix stratégiques clairs, les secteurs de l'automobile, de l'aéronautique, des énergies renouvelables, de l'agroalimentaire et du tourisme constituent désormais des piliers majeurs de l'économie émergente du Royaume, tant pour les investissements qu'ils attirent que pour les emplois qu'ils génèrent, a souligné le Souverain.Mais au de-là des performances économiques, le Royaume est tourné, aujourd'hui, vers l'édification de l'Etat social de sorte à institutionnaliser la justice sociale et spatiale, faire de la dignité du citoyen la base des politiques publiques, élargir la classe moyenne et renforcer son pouvoir d'achat et d'épargne. Si depuis sa mise en fonction, le gouvernement, qui jouit de la confiance royale, a lancé sa stratégie pour la réorientation des politiques publiques vers une redistribution des richesses plus équitable et inclusive, cette dernière année a été ponctuée par le passage à la vitesse supérieure dans les chantiers pivots de cette feuille de route.
Sursaut de développement « Mais il est regrettable de voir que certaines zones, surtout en milieu rural, endurent encore des formes de pauvreté et de précarité, du fait du manque d'infrastructures et d'équipements de base», comme l'a bien souligné le discours Royal. Une telle situation ne correspond en rien à la vision de ce que doit être le Maroc d'aujourd'hui. « Elle ne donne pas non plus la pleine mesure des efforts que nous déployons pour renforcer le développement social et réaliser la justice spatiale », a averti SM le Roi. D'où les instructions Royales en vue d'engager un véritable sursaut en matière de mise à niveau globale des territoires et de réduction des disparités sociales et spatiales. Il appelle ainsi à dépasser les schémas classiques du développement social pour adopter une approche fondée sur le développement territorial intégré (voir encadré). L'objectif est de garantir que les fruits du progrès et du développement profitent à tous les citoyens, « sans distinction ni exclusion, et dans quelque région que ce soit », a insisté le Souverain, qui a appelé le gouvernement à concevoir une nouvelle génération de programmes de développement territorial, bâtis sur la valorisation des spécificités locales, la consolidation de la régionalisation avancée et le principe de complémentarité et de solidarité entre les différentes entités territoriales. Pour le politologue franco-suisse Jean Marie Heydt, cette feuille de route permettra de garantir un développement intégré de toutes les régions du Royaume, en tenant compte des évolutions démographiques, sociales et spatiales. Dans la même lignée, le politologue espagnol Oliver Klein Bosque a affirmé, dans une déclaration à la presse, que le Royaume, sous la conduite de SM le Roi Mohammed VI, a su mettre en place une stratégie efficace conciliant croissance économique et amélioration tangible des conditions de vie des citoyens. Selon lui, les nouvelles orientations Royales définissent les fondations d'un projet de société structurant et ambitieux, inscrit dans la durée.
Réforme électorale À moins d'un an des prochaines élections législatives, le Souverain a également placé la réforme du Code général des élections au cœur des priorités de l'Exécutif, rappelant que ces élections, prévues à leur échéance constitutionnelle et légale ordinaire, doivent être préparées avec rigueur et transparence. L'objectif affiché est de garantir que le nouveau Code électoral soit adopté et largement diffusé avant la fin de l'année, afin d'offrir à l'ensemble des acteurs politiques et aux citoyens une visibilité et une lisibilité accrues sur les règles du jeu démocratique. Cette annonce intervient dans un contexte marqué par des attentes fortes quant à la moralisation de la vie publique et la pratique politique, sans oublier les appels multiples des forces politiques, particulièrement le Parti de l'Istiqlal, à lier la responsabilité à la reddition de comptes, à restaurer la confiance dans les institutions élues, à redonner de la considération au travail des partis, à renouveler les élites et à libérer les énergies. Rappelons dans ce sillage que l'Istiqlal avait appelé en mai dernier, lors de son Conseil National, à l'adoption d'une Charte éthique du travail politique au sein des partis politiques, dans le but de surmonter toutes les pratiques qui portent atteinte à la noble nature du travail politique, de renouveler l'arène politique, de renforcer la confiance dans les institutions élues et de consolider la structure politique, constitutionnelle et institutionnelle de notre pays. Car oui, si, depuis la Constitution de 2011, le Maroc cherche à accroître la participation citoyenne et la confiance dans le processus électoral, les précédents scrutins ont mis en évidence la nécessité d'une meilleure régulation des campagnes, d'une transparence accrue du financement politique et d'une organisation plus efficiente des opérations électorales. C'est dire que les Instructions Royales traduisent une volonté de rompre avec les réformes de dernière minute, souvent critiquées pour leur opacité et leur caractère précipité. En donnant ses Hautes Directives au ministre de l'Intérieur, SM le Roi a insisté sur l'ouverture de consultations politiques approfondies avec l'ensemble des acteurs : partis représentés au Parlement, formations émergentes, société civile et institutions de contrôle. L'idée étant de trouver un consensus national sur les modalités du scrutin, tout en préparant le terrain pour des élections à la fois inclusives et crédibles.
Souhail AMRABI
3 questions à Jawad Nouhi – Jawad Nouhi, Professeur à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Rabat-Agdal, a répondu à nos questions : « Il est indispensable d'adopter une véritable approche territoriale et locale » * Lors de Son discours à l'occasion de la Fête du Trône, Sa Majesté le Roi a insisté sur la nécessité pour le Maroc d'avancer à une seule vitesse, soulignant la persistance de disparités territoriales qui entretiennent la pauvreté et la précarité. Dans quelle mesure la justice spatiale peut-elle contribuer à réduire ces inégalités ?
La justice spatiale est aujourd'hui un levier essentiel pour corriger les déséquilibres territoriaux. Elle vise à assurer une répartition équitable des ressources, des services publics et des opportunités de développement sur l'ensemble du territoire national. Au fil des années, différents gouvernements ont lancé des programmes pour réduire les inégalités sociales et territoriales. Il s'agit en l'occurrence du désenclavement du monde rural, de l'amélioration de l'accès aux services essentiels et de la création d'activités économiques pour freiner l'exode rural. Cependant, faute d'avoir intégré la justice spatiale comme principe structurant, ces projets n'ont pas produit les résultats attendus. Les indicateurs montrent encore un Maroc à deux vitesses avec trois régions qui concentrent l'essentiel des investissements, des services et des infrastructures, tandis que d'autres demeurent fortement marginalisées. Même à l'intérieur d'une même région, les écarts entre centres urbains et zones périphériques restent considérables.
* Le Souverain a donné Ses Hautes Orientations au gouvernement pour élaborer une nouvelle génération de programmes de développement territorial. Mais quelles approches concrètes permettent de répondre à cette vision tout en valorisant les initiatives locales ?
L'approche prônée par Sa Majesté le Roi consiste à faire de la dimension territoriale un levier central du développement rural. Elle implique de passer d'une logique verticale, où l'Etat demeure l'acteur principal, à une logique plus décentralisée, donnant aux régions un rôle actif dans la conception et la mise en œuvre des projets. Cette nouvelle dynamique suppose l'instauration d'une véritable politique publique intégrée en faveur du monde rural, axée sur l'amélioration des indicateurs de développement humain, la réduction de la pauvreté et la création d'opportunités économiques locales. Un élément clé de cette politique est l'instauration d'un « contrat territorial » entre les citoyens et les acteurs politiques, reposant sur des agendas de développement propres à chaque région, élaborés à partir de la réalité économique et sociale locale.
* Quelle approche territoriale et locale peut-on développer pour renforcer la création de richesse dans les régions ? Il est indispensable de passer d'une logique de développement centrée sur l'échelle nationale à une véritable approche territoriale et locale. Cela suppose de mieux prendre en compte les spécificités des milieux rural et urbain, leurs atouts respectifs et leurs besoins réels, lors de la conception et de la mise en œuvre des programmes. Cette logique doit s'appliquer non seulement entre les régions, mais aussi à l'intérieur de chaque région. Dans cette perspective, il s'agit de renforcer le rôle de l'agriculture comme moteur du développement économique et social, tout en accordant une attention particulière à l'investissement dans le capital humain. Parallèlement, la diversification des activités économiques en milieu rural doit être encouragée, notamment par la création de zones industrielles dédiées aux industries agroalimentaires à forte valeur ajoutée. Développement territorial : 4 piliers de la nouvelle feuille de route Royale SM le Roi Mohammed VI a appelé, mardi, le gouvernement à élaborer une nouvelle génération de programmes de développement territorial fondés sur la valorisation des spécificités locales, la consolidation de la régionalisation avancée et le principe de complémentarité et de solidarité entre les entités territoriales. Ces programmes doivent pouvoir compter sur la mutualisation des efforts de tous les acteurs et sur leur articulation autour de priorités clairement définies et de projets générateurs d'impacts réels, couvrant notamment : Premièrement : la promotion de l'emploi, à travers la valorisation des potentialités économiques régionales et l'instauration d'un climat favorable à l'entrepreneuriat et à l'investissement local. Deuxièmement : le renforcement des services sociaux de base, plus particulièrement l'éducation et l'enseignement, ainsi que les soins de santé, de manière à préserver la dignité des citoyens et à instaurer la justice spatiale. Troisièmement : l'adoption d'un modèle de gestion proactive et durable des ressources en eau, au regard de l'aggravation du stress hydrique et du changement climatique. Quatrièmement : le lancement des projets de mise à niveau territoriale intégrée, en totale résonance avec les mégaprojets en chantier à l'échelle du pays.
Maroc - Algérie : Enième poignée amicale pour Alger Sa Majesté le Roi Mohammed VI a réitéré l'engagement du Maroc à demeurer ouvert sur son environnement régional et plus particulièrement sur son voisinage immédiat avec le peuple algérien frère, que des attaches humaines et historiques séculaires lient au peuple marocain. « Notre souci de conforter la place du Maroc en tant que pays émergent va de pair avec Notre engagement réitéré à demeurer ouverts sur notre environnement régional et plus particulièrement sur notre voisinage immédiat avec le peuple algérien frère », a souligné Sa Majesté le Roi dans Son Discours adressé à la Nation à l'occasion de la Glorieuse Fête du Trône. Le Souverain a exprimé Sa position claire et constante, affirmant que « le peuple algérien est un peuple frère que des attaches humaines et historiques séculaires lient au peuple marocain, particulièrement par la langue, la religion, la géographie et le destin commun ».Pour toutes ces considérations, a poursuivi Sa Majesté le Roi, « J'ai constamment tendu la main en direction de nos Frères en Algérie », rappelant qu'Il a également exprimé la disposition du Maroc à « un dialogue franc et responsable; un dialogue fraternel et sincère portant sur les différentes questions en souffrance entre les deux pays ». Le Souverain a, en outre, affirmé que « Notre attachement inébranlable à la politique de la main tendue en direction de Nos Frères en Algérie procède de l'intime conviction que Nous portons en Nous, quant à l'unité de nos peuples et à notre capacité commune à dépasser cette situation regrettable ».Dans ce sens, SM le Roi a également réaffirmé Son attachement à l'Union du Maghreb « dont Nous sommes persuadé qu'elle ne pourra se faire sans l'implication conjointe du Maroc et de l'Algérie, aux côtés des autres Etats frères ».