A l'occasion de la Fête du Trône, Mme Filomena Mascarenhas Tipote, Ambassadeur de la Guinée Bissau près le Royaume du Maroc, fait un état des lieux du partenariat d'exception qui caractérise la dynamique de l'axe Rabat-Bissau. De la coopération économique au volet politique en passant par la question du Sahara marocain, où son pays a déjà ouvert un Consulat, sans oublier la grande Initiative Atlantique, tout y est. Décryptage avec une diplomate, témoin du Maroc d'aujourd'hui. * Le Maroc célèbre, ce 30 juillet, la glorieuse Fête du Trône. Quelle analyse faites-vous de cet événement ? La Fête du Trône, célébrée le 30 juillet de chaque année, est un événement majeur au Maroc. Elle commémore l'intronisation du Souverain et revêt une signification profonde pour la nation marocaine. C'est une occasion pour le peuple marocain de réaffirmer son attachement indéfectible à la monarchie et à son Souverain. Elle symbolise l'unité du Royaume et la cohésion autour des institutions. En termes de modernité et développement, il faut rappeler que Sous le règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, la Fête du Trône est aussi l'occasion de célébrer une vision royale avant-gardiste, axée sur la modernisation, le développement socio-économique et le rayonnement international du Maroc. Elle met en lumière les progrès réalisés et les défis à relever pour un Maroc émergent, moderne et prospère.
* Justement, comment se présente aujourd'hui la coopération entre la Guinée Bissau et le Royaume chérifien ? Il faut souligner avec force que la coopération entre la Guinée Bissau et le Maroc est solide et en pleine expansion, marquée par une amitié profonde et une solidarité renforcée. Elle s'inscrit dans le cadre de la vision de coopération Sud-Sud prônée par le Maroc sous leur conduite éclairée de SM le Roi Mohammed VI et le Président de la République SEM Umaro Sissoco Embaló. D'ailleurs, plusieurs points clés caractérisent cette coopération dont, entre autres, le soutien politique et diplomatique. A ce niveau, il faut dire que la Guinée Bissau réitère constamment son soutien à la souveraineté du Maroc sur l'ensemble de son territoire, y compris le Sahara marocain. Ce soutien est un élément majeur des relations bilatérales. Il y aussi les visites de haut niveau dont celle effectuée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI en Guinée Bissau, en mai 2015, et qui a donné une impulsion significative à cette coopération. Des visites ministérielles régulières renforcent également les liens. On ne peut passer sous silence les signatures d'Accords et de Mémorandums d'entente, témoignant de la diversité et de l'approfondissement de la coopération. Parmi les plus récents (juillet 2024), on peut citer des accords dans l'assistance administrative mutuelle en matière douanière, les transports routiers, la reconnaissance réciproque des permis de conduire, la protection zoo-sanitaire, la justice, la coopération commerciale, la gestion des ressources en eau, l'aménagement du territoire, l'urbanisme, l'habitat, l'information et la communication, les activités de jeunesse et de femme, le sport, la formation des cadres et la formation professionnelle. En outre, un accord de jumelage entre Dakhla et Bissau a été signé, visant à renforcer la coopération au niveau local et à promouvoir les perspectives économiques. La présence consulaire bissau-guinéenne à Dakhla est, également, vue comme un levier pour l'intégration économique régionale. Dans le même sillage, le Maroc a exprimé sa disposition à accompagner la Guinée Bissau dans la mise en œuvre de son plan national de développement.
* Quelle appréciation faites-vous des échanges économiques entre les deux pays ? Les échanges économiques entre le Maroc et la Guinée Bissau ne reflètent pas le potentiel qu'ont les deux Etats mais ce partenariat économique est en croissance car il y a encore un potentiel considérable à explorer. Il s'agit d'une dynamique positive où le secteur privé est appelé à jouer un rôle important dans la dynamisation des échanges commerciaux et économiques. Dans ce sens, des accords spéci ques (notamment sectoriels) ont été signés pour promouvoir la coopération dans des secteurs clés tels que l'industrie, l'énergie (électricité, énergies renouvelables, efficacité énergétique), le tourisme et la logistique. Pour ce qui est des perspectives d'amélioration, il est nécessaire de mettre en place un Conseil d'Affaires Maroc-Guinée Bissau, dans le but de renforcer les échanges commerciaux et stimuler les investissements. Un Forum d'A aires est, également, prévu pour cibler les investissements marocains dans les secteurs prioritaires pour la Guinée Bissau. En somme, bien que les échanges économiques soient encore modestes par rapport au potentiel, la volonté politique des deux pays est de les intensifier et de les diversifier.
* Quel constat faites-vous du développement et des infrastructures au Maroc ? Depuis mon arrivée, j'ai été témoin d'une transformation impressionnante et continue du Maroc, marquée par une vision stratégique, à long terme, initiée sous l'impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Je constate que le Royaume a considérablement investi dans ses infrastructures, se positionnant comme un leader continental. Les réseaux routiers et autoroutiers se sont étendus et modernisés, facilitant la connectivité à travers le pays. Les infrastructures portuaires, notamment avec le complexe de Tanger Med ou de celui de Nador West Med sont de classe mondiale et représentent une porte d'entrée majeure vers l'Afrique et l'Europe. Les aéroports ont, également, connu des extensions et des modernisations significatives, améliorant la connectivité aérienne. La mise en service du TGV (Al Boraq) entre Tanger et Casablanca est un exemple flagrant de cette ambition de modernité. Le Royaume est à la pointe en matière d'énergies renouvelables, avec des projets d'envergure comme la centrale solaire de Noor Ouarzazate. Cet engagement en faveur de la transition énergétique est non seulement un atout environnemental, mais aussi un pilier de l'indépendance énergétique et de l'attractivité économique du pays. A cela s'ajoutent les réformes visant à améliorer le climat des a aires, lesquelles ont créé un environnement propice aux investissements, tant nationaux qu'étrangers. Cela se traduit par une croissance économique résiliente et la création d'opportunités. Autrement dit, le Maroc est un modèle de développement en Afrique, dont les réalisations en matière d'infrastructures et de développement global constituent une source d'inspiration pour de nombreux pays du continent, y compris la Guinée Bissau.
* Sur un autre, la Guinée Bissau a ouvert un Consulat dans les Provinces du Sud. Quelle analyse faite-vous de l'évolution de la question du Sahara ? L'ouverture par la Guinée Bissau d'un Consulat à Dakhla, dans les Provinces du Sud, est un acte fort et très significatif qui s'inscrit dans une tendance internationale croissante. Cette décision est, avant tout, une réaffirmation claire de la position de mon pays en faveur de la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Elle s'inscrit dans la lignée de notre soutien constant à l'intégrité territoriale du Royaume. Elle s'inscrit aussi dans une dynamique irréversible, observée ces dernières années, avec de nombreux pays africains, arabes, et même d'autres continents, qui ont ouvert des représentations diplomatiques et consulaires à Laâyoune et Dakhla. Cela témoigne d'un consensus international grandissant autour de la marocanité du Sahara et du plan d'autonomie proposé par le Maroc comme seule solution sérieuse et crédible à ce différend régional. Ces consulats ne sont pas uniquement des symboles politiques. Ils servent, également, de ponts pour renforcer la coopération économique et les échanges commerciaux avec les provinces du Sud. Pour la Guinée Bissau, notre consulat à Dakhla vise à faciliter les interactions économiques, culturelles et humaines, et à soutenir les opérateurs économiques bissau-guinéens souhaitant explorer les opportunités offertes par cette région dynamique. En somme, l'évolution de la question du Sahara est marquée par un élan international en faveur de la position marocaine. La Guinée Bissau est ère de faire partie de ce mouvement en faveur de la paix, de la stabilité et du développement régional.
* Un mot sut l'engagement du Maroc à travers l'Initiative Atlantique pour les pays du Sahel ? L'initiative Atlantique de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, visant à offrir aux pays du Sahel un accès à l'océan Atlantique via des corridors logistiques terrestres au Maroc, est une initiative d'une portée stratégique et humanitaire exceptionnelle. Ce projet ambitieux dépasse le cadre bilatéral, et s'inscrit dans une vision panafricaine d'intégration économique et de développement partagé. Il reconnaît que l'enclavement des pays du Sahel est un frein majeur à leur développement économique et à leur pleine participation au commerce mondial. Il s'agit aussi d'une illustration concrète de l'engagement du Maroc en faveur de la coopération Sud-Sud et de la solidarité africaine. Le Royaume met à disposition son expertise, ses infrastructures et sa position géographique stratégique pour le bénéfice de ses voisins. En effet, l'accès à l'Atlantique via des corridors sécurisés et efficaces réduira considérablement les coûts de transport pour les importations et les exportations des pays du Sahel, stimulant ainsi leurs économies. Cela facilitera l'acheminement des biens essentiels, la diversification de leurs échanges commerciaux et l'attraction d'investissements. En outre, en favorisant le développement économique et en créant des opportunités, ce projet contribue indirectement à la stabilité et à la sécurité dans une région confrontée à des défis complexes. Un développement accru peut atténuer les facteurs de vulnérabilité et de radicalisation. Mieux, l''initiative Atlantique consolide la position du Maroc en tant que hub régional et passerelle entre l'Afrique de l'Ouest, le Sahel et le reste du monde. Il démontre la capacité du Royaume à être un acteur majeur de la connectivité et de la logistique en Afrique. Pour la Guinée Bissau, bien que nous ayons notre propre façade maritime, cette initiative est emblématique de l'esprit de coopération et de la vision audacieuse du Maroc pour l'avenir du continent africain. Elle renforce la confiance dans la capacité de l'Afrique à construire son propre destin par la solidarité et l'action concrète.
