L'été, sous le soleil prestigieux de Monaco ou sur les plages turquoise de la très tendance Bora Bora... le reste de l'année, perché dans les gratte-ciels de Dubaï, Black Card en poche et plafond illimité. Voilà, en résumé, l'image que notre jeunesse, nourrie à Instagram et TikTok, se fait de la réussite et, plus largement, du monde. Si les générations nées avant les années 2000 vivaient encore sous le sage dicton marocain « Qui désire le miel doit supporter la piqûre des abeilles », la génération Z, et plus encore la génération Alpha, peine à cultiver la patience nécessaire pour commencer par les tâches « d'entrée de gamme ». Elles affichent pourtant une confiance débordante en leurs capacités, et se targuent de compétences qui, pourtant, ne s'acquièrent qu'à coup de nombre d'années et... sur le tas, grossissent indéfiniment les rangs des demandeurs de travail. Exigeants dès le départ, ils réclament des salaires élevés, et lorsqu'ils arrivent à dénicher un job, à leur convenance ou non, briguer les promotions et, parallèlement, avoir toujours plus de temps à consacrer aux loisirs ! À peine à bord, ils veulent contribuer à la stratégie globale de l'entité où ils travaillent, quitte, en cas de refus, à abandonner le navire. C'est ce qui fait que les jeunes changent plus souvent de métier que leurs aînés. Certains, même, préfèrent rester au chômage plutôt que de « commencer petit » pour gravir les marches du succès. Une mentalité « fast-food », surtout visible chez les diplômés du supérieur, qui explique en partie pourquoi le chômage y atteint aujourd'hui des sommets, soit 19% pour l'année en cours. Cette perception s'enracine aussi dans un système éducatif qui n'enseigne pas suffisamment à la jeunesse l'importance de s'adapter aux évolutions du marché du travail. Longtemps réputés recruter avant tout sur diplôme, les employeurs y accordent aujourd'hui une importance décroissante, conscients que les études supérieures ne fournissent pas toujours les compétences nécessaires pour répondre aux exigences accrues du monde professionnel. Cela ne signifie pas que le diplôme ait perdu toute valeur, mais plutôt qu'aujourd'hui ce sont le savoir-faire, l'expérience concrète et la capacité à innover qui font la différence, bien plus que l'apprentissage passif et la simple restitution de connaissances. La Silicon Valley illustre mieux que partout ailleurs que le parchemin prestigieux n'ouvre pas toutes les portes et que la véritable clé réside dans le « hard work » et la pensée « outside the box ». Au Maroc, dans notre quotidien de journalistes, nous croisons régulièrement des talents autodidactes ou passés par l'écosystème OCP, dont les réalisations forcent l'admiration... mais qui, souvent, manquent cruellement de soutien. La Journée mondiale de la jeunesse, célébrée le 12 août, est l'occasion d'appeler à accompagner ces talents et montrer à la nouvelle génération une autre voie vers la réussite, loin des mirages filtrés des réseaux sociaux. Car l'enjeu, ici, est bien plus qu'économique... il est sociétal.