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Rétro - Verso : Place Piétri, un lieu pétri de mémoire florissante
Publié dans L'opinion le 28 - 08 - 2025

Carrefour vibrant de la Cité coloniale, la Place Piétri se trouve aujourd'hui en plein épicentre de la ville moderne et de ses rencontres.
Au cœur de Rabat, la Place Piétri, aujourd'hui officiellement baptisée "Place Moulay El Hassan", se dresse comme l'un des carrefours les plus emblématiques de la capitale. Cet espace pétri de vie se présente comme un historien de la mutation urbaine, sociale et politique de la ville.

"Dès le début du XXème siècle, alors que le Maroc est placé sous le Protectorat français en 1912, Rabat connaît une transformation radicale. Le résident général Hubert Lyautey, soucieux de moderniser la capitale tout en respectant son héritage, confie à l'urbaniste Henri Prost le soin de planifier la ville nouvelle. La Place Piétri est pensée comme le pivot de cette organisation au travers de ses axes larges et réguliers qui structurent l'espace, les bâtiments y affichent une diversité de styles architecturaux, mêlant influences néo-mauresques et lignes Art déco, et l'ensemble reflète l'ordre et la modernité que la France souhaite imprimer dans sa colonie", relate Mohammed Es-Semmar, historien.

Les aînés se souviennent

Mais il faut dire qu'au beau milieu de cette agora, la cathédrale Saint-Pierre, inaugurée en 1921 sur cette place, apporte une dimension religieuse et culturelle, non sans symboliser la présence européenne. Aussi, dialogue-t-elle avec la médina contiguë.

"Dans les années 50 du siècle dernier, alors que j'étais une petite fille, j'aimais tant gambader avec mes frères et sœurs dans la grande cour, entre les colonnades de la cathédrale et les arcades des bâtiments administratifs, tandis que des militaires français s'asseyaient sur les bancs en observant la vie de la ville", se souvient Malika, septuagénaire, vivant à un jet de pierre de l'actuel Café Piétri. Dans les années 1940, la place s'est transformée esthétiquement parlant avec l'installation du marché aux fleurs, surnommé 'Marché Nouar'", se remémore Nouh, octogénaire.

Non sans nostalgie, il se souvient de "Si Ahmed le fleuriste" qui gardait jalousement sa variété rare de jasmin blanc tunisien, attirant chaque matin des files de connaisseurs et d'amateurs en floriculture, et que certains couples se donnaient rendez-vous près de ses étals, transformant le marché en lieu de sociabilité autant que de commerce.

Dans les années 1950, des négociations informelles et des rassemblements culturels s'y tenaient bon an, mal an, mêlant anciens fonctionnaires coloniaux et nouvelles autorités marocaines. Nous pouvons également lire dans les récits historiques que la seconde moitié du XXème siècle et le début du XXIème ont vu la Place Piétri entrer dans une période de nouvelles transformations. Au tournant des années 2000, un vaste projet de réaménagement est lancé pour adapter l'espace aux exigences contemporaines de circulation et d'infrastructures urbaines. L'installation d'un parking souterrain et la construction d'un petit centre commercial visent à redynamiser le quartier tout en préservant l'âme historique du lieu. Des anecdotes locales rapportent que, lors des travaux, des mosaïques anciennes ont été découvertes sous l'ancien pavage, rappelant les couches successives de l'Histoire urbaine et la mémoire matérielle de la ville.

Aujourd'hui, ce lieu de "memorabilia" demeure un centre névralgique de la capitale du Royaume. Entouré de bâtiments administratifs, commerciaux et culturels, il continue de jouer le rôle de carrefour et de lieu de rencontre pour les habitants. Les cafés et restaurants qui bordent ses trottoirs prolongent la tradition de sociabilité : il n'est d'ailleurs pas rare de voir des étudiants réviser leurs cours à côté de retraités jouant aux cartes, tandis que les marchands de fleurs discutent avec les passants de la météo et de la pluie du beau temps. La place, avec son Histoire fleurissante et ses réaménagements successifs, incarne la mémoire vivante de la Ville nouvelle : un lieu où héritage colonial, modernité planifiée et identité locale se rencontrent, un témoin des mutations de Rabat et de ses habitants, où chaque pavé, chaque banc et chaque étal murmure les récits d'un siècle de vies et de passages.

Trois questions à Mohamed Es-Semmar : « La Place Piétri raconte l'Histoire du Protectorat et de la modernité à Rabat »
* Parlez-nous des premières années de la Place Piétri...

Cette place a été aménagée il y a un siècle dans le cadre du grand projet urbanistique conçu par Henri Prost pour la "ville nouvelle" de Rabat, sous l'autorité du résident général Hubert Lyautey. À l'époque, il fallait doter la capitale administrative du Protectorat français d'espaces modernes : avenues, places, bâtiments publics. La place fut baptisée du nom de François Piétri, directeur général des finances du Maroc entre 1917 et 1924, un proche collaborateur de Lyautey qui joua un rôle déterminant dans la mise en place du système fiscal colonial.

* Quel rôle joua la place elle-même dans la vie de la ville au fil du temps ?
- Elle fut dès le départ un carrefour de circulation et un lieu de représentation. Dans les années 1940, elle accueillit le Marché des Fleurs, appelé "Marché Nouar", qui devint très populaire. Ce marché donna une identité plus vivante et plus populaire à un espace pensé au départ comme vitrine coloniale. Après l'Indépendance en 1956, la place perdit son nom colonial et connut plusieurs réaménagements. Dans les années 2000, on construisit un parking souterrain et on réorganisa l'espace pour mieux gérer la circulation croissante.

* Mis-à-part des établissements éponymes, que reste-t-il de l'ex-"Place Piétri", aujourd'hui Place Moulay El Hassan ?

- Elle symbolisait la modernité coloniale dans une ville où coexistaient la médina et la ville nouvelle. Pour les Marocains, elle représentait à la fois l'ordre imposé par l'urbanisme français et un lieu de vie quotidienne, grâce au marché. Après l'Indépendance, elle est restée un symbole, mais avec une lecture différente : celle d'une continuité urbaine où l'on a réapproprié les espaces hérités du Protectorat.

Bio express : François Piétri, l'homme fort de l'administration coloniale



La célèbre place Piétri, aujourd'hui officiellement Place Moulay El Hassan, portait le nom de François Pietri qui fut un homme politique français dont la carrière remonte au cœur de l'Histoire coloniale du XXème siècle. Né en 1882 à Bastia, il se forma à l'Ecole libre des sciences politiques de Paris avant de rejoindre l'administration française au Maroc. Entre 1917 et 1924, il occupa le poste de directeur des finances du Protectorat et joua un rôle central dans l'organisation fiscale et administrative du pays. Il contribua à mettre en place un système destiné à moderniser le Maroc tout en consolidant l'influence française, et ses contemporains le décrivaient comme un homme de rigueur et de méthode, capable de naviguer dans les complexités du Protectorat.

Elu député de la Corse en 1924, Piétri mena parallèlement une carrière ministérielle diversifiée : il fut successivement ministre des Colonies, du Budget, de la Défense nationale puis de la Marine. Sa réputation reposait sur sa capacité à allier efficacité administrative et sens politique, et il sut adapter les directives métropolitaines aux réalités locales, ce qui lui valut l'estime de certains fonctionnaires coloniaux et le respect prudent des élites marocaines. On racontait que, lors de ses missions à Rabat, il se déplaçait souvent à pied dans les rues de la ville nouvelle, prenant note des aménagements, des marchés et des écoles, et qu'il s'arrêtait volontiers devant les étals du marché aux fleurs pour observer la vie quotidienne, témoignant d'un intérêt réel pour les habitants.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il rejoignit le régime de Vichy et fut nommé ambassadeur en Espagne de 1940 à 1944, fonction qui lui permit de conserver un rôle stratégique dans les affaires internationales, malgré la controverse entourant cette période. Après la guerre, Piétri poursuivit une activité politique plus discrète mais influente, participant à la réflexion sur les finances et la défense dans la France d'après-guerre.

Il mourut en 1966 à Ajaccio, laissant derrière lui un héritage contrasté : il symbolisait à la fois l'efficacité et la rigueur de l'administration coloniale française et les ambiguïtés d'une époque marquée par les tensions politiques et la décolonisation. La place éponyme n'est donc pas seulement un repère urbain. Aussi, rappelle-t-elle un homme qui avait marqué la capitale marocaine, un acteur central du Protectorat, et qui, au fil des décennies, resta un témoin silencieux des transformations sociales et politiques qu'il avait contribué à façonner. Son nom, gravé dans la mémoire marocaine, continue de susciter souvenirs et curiosité, rappelant que derrière chaque lieu se cache l'histoire de ceux qui l'ont traversé.
Mutation urbaine : La Place Piétri se modernise et se smartise
La Place Piétri dispose désormais d'un équipement moderne qui facilite la vie des habitants et des visiteurs : un parking souterrain de 285 places, accessible 24h/24. Ce parking, géré par la Compagnie Générale des Parkings (CGPark), filiale de CDG Développement, a été conçu dans le cadre du réaménagement de la place, qui vise à moderniser l'espace urbain tout en préservant son caractère historique.

Equipé de systèmes de vidéosurveillance, de détecteurs d'incendie et d'un éclairage LED encastré au sol, le parking garantit sécurité et visibilité pour les automobilistes. Il a également été pensé pour accueillir les personnes à mobilité réduite, renforçant son rôle d'infrastructure inclusive dans le centre-ville. Grâce à ces installations, la circulation autour de la place s'en trouve fluidifiée et le stationnement devient plus pratique dans ce secteur particulièrement fréquenté.

Le tarif du parking est modulé en fonction de l'heure et de la durée de stationnement : pendant la journée, de 8h à 19h59, la première heure coûte 6 dirhams TTC, avec des réductions progressives pour les heures suivantes. La nuit, de 20h à 7h59, le tarif est de 5 dirhams TTC la première heure. En cas de perte du ticket, une amende de 65 dirhams est appliquée. Ces tarifs visent à équilibrer l'accès pour les habitants, les commerçants et les visiteurs occasionnels, tout en incitant à une rotation régulière des véhicules.

Au-delà de sa fonction pratique, ce parking s'inscrit dans une démarche urbaine bien plus large qu'elle n'en a l'air : il accompagne la redynamisation du quartier, permet de réduire la congestion autour de la médina et de la ville nouvelle, et renforce le rôle de la place comme point névralgique de la capitale. Pour réserver une place ou obtenir des informations, CGPark met à disposition une page dédiée sur son site officiel. Ce qui veut dire que ce parking illustre parfaitement comment un équipement moderne peut s'intégrer dans un lieu chargé d'Histoire, alliant praticité, sécurité et respect du patrimoine urbain.


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