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Pharmaciens : Ras-le-bol d'une profession laissée pour compte ! [INTEGRAL]

Les pharmaciens ne supportent plus les «fausses promesses» de la tutelle sur le vieux dossier revendicatif qui traîne depuis des années. Récit d'une colère qui rejaillit.
C'est un malaise vieux de plusieurs années. Les pharmaciens attendent depuis longtemps la réforme de leur secteur. Le dialogue qui dure avec le ministère de tutelle depuis 2020 ne mène jusqu'à présent nulle part. Depuis Anas Doukkali, les ministres se sont succédé sans acquis palpables, estiment les apothicaireries, dont les syndicats ont mis leurs menaces à exécution. La colère s'est déchaînée comme un soupir longtemps retenu.
Venus des quatre coins du Royaume, les blouses blanches ont manifesté devant le siège du ministère de la Santé, dont ils dénoncent les «fausses promesses». Ils disent qu'ils ont ras-le-bol de la politique des tergiversations. "Nous travaillons avec le ministère depuis trois ans dans le cadre de la commission mixte sur les différents points de notre cahier revendicatif, nous avons terminé mais l'application tarde à venir, à chaque fois des promesses", s'indigne Mohamed Lahbabi, président de la Confédération des syndicats des pharmaciens d'officine. Les manifestations ont ciblé frontalement le ministre de tutelle, Amine Tahraoui, qu'ils accusent de rester sourd à leurs sollicitations.

Des promesses sans suite !
De quoi parle-t-on au juste ? Cela fait des années qu'il y a un besoin de réorganisation de la profession toujours régie par le Dahir du 2 décembre 1922 relatif à l'importation, le commerce, la détention et l'usage des substances vénéneuses. Les pharmaciens le jugent caduc. Là, il faut tout revoir, plaident-ils. Après un long dialogue de sourds, les syndicats sont convenus avec l'ancien ministre Khalid Ait Taleb de créer une commission mixte. Les discussions se sont ensuite enchaînées. Un accord a été paraphé le 15 avril 2023 autour d'une série de revendications prioritaires, à savoir les nouvelles prérogatives revendiquées, notamment le droit de substitution, les marges, la commercialisation des produits médicaux...
Mais les termes de l'accord sont restés lettre morte. Les pourparlers ont buté sur l'application. Depuis lors, les syndicats rejettent la méthode de dialogue et se disent exclus. Ce qui s'est passé durant le mois d'avril dernier a été révélateur. Le 24 du même mois, les syndicats étaient convoqués par le directeur de l'Agence marocaine du médicament pour passer à la mise en œuvre de l'accord susmentionné. Une fois arrivés, les syndicats ont été surpris de la volonté du directeur de les rencontrer séparément. Refus catégorique. S'en est suivi des communiqués virulents. Le 28 avril, une nouvelle réunion a eu lieu pour apaiser la tension. Le dialogue est cordial mais improductif.
Les pharmaciens appellent depuis longtemps à revoir la place du pharmacien dans la nouvelle politique pharmaceutique, car il s'agit d'un maillon essentiel pour l'accès des citoyen aux médicaments à l'ère de la sécurité sociale universelle. D'où la nécessité de revoir toutes les lois auxquelles ils sont assujettis. Cela d'une part. D'autre part, la profession vit encore dans le brouillard faute d'instances ordinales qui n'ont pas été jusque-là renouvelées. Les dernières élections de Conseil national de l'Ordre des Pharmaciens remontent à 2015. La loi 98.19 a été votée en décembre 2024 au Parlement. Ce fut un pas en avant pour débloquer la situation, mais on est encore loin du rendez-vous avec les urnes.
Voilà en gros le décor lugubre d'une profession qui vit dans un profond malaise, exacerbée par une crainte existentielle. Etouffés financièrement, les pharmaciens craignent pour leur avenir au moment où leur modèle économique est en déclin. Ils sont 4000, soit le tiers de leur effectif, à être menacés de faillite, selon les chiffres dévoilés lors du 6ème congrès de l'association des pharmaciens, Mpharma.
Les causes sont nombreuses et tiennent à la prolifération de leur nombre, d'abord, et aussi à la profusion des nouveaux circuits de distribution... Mais, cette fragilité, pensent-ils, est due à leurs marges qui n'ont eu de cesse de s'amenuiser. Abderrahim Derraji, Docteur en pharmacie et fondateur du site medicament.ma, résume le calvaire de la profession. Selon lui, les pharmaciens d'officine "sont étranglés par des revenus en berne, un mode de rémunération obsolète, une dérégulation généralisée et l'absence totale de soutien institutionnel". C'est la survie financière qui demeure donc le carburant de ce mouvement protestataire. Raison pour laquelle la tarification des médicaments est l'une des principales pommes de discorde.
"C'est la goutte qui a fait déborder le vase", rappelle Mohamed Lahbabi, qui s'insurge contre le décret de fixation des prix des médicaments en phase finale de préparation.

La pomme de discorde
En réalité, le gouvernement dit vouloir réformer la tarification nationale de référence pour, d'une part, démocratiser l'accès aux médicaments et, d'autre part, rééquilibrer et revoir à la baisse les prix, au moment où la hausse vertigineuse des remboursements de la CNSS pèse lourd. Les couvertures ont augmenté de 31% entre 2022 et 2024.
Cette réforme est salutaire puisqu'elle est censée mettre fin aux prix exorbitants d'un ensemble de médicaments essentiels qui dépassent parfois ceux de leurs semblables en Europe. Ce qui est souvent décrié par les citoyens.
Pour leur part, les pharmaciens ne sont pas contre la réforme mais plutôt contre l'approche unilatérale du ministère qui, selon eux, ne tient pas compte de leurs intérêts et de leurs doléances, comme c'était le cas des nombreuses baisses actées par la tutelle par décret. Mais les pharmaciens redoutent que la réforme touche les médicaments les moins chers, là où ils parviennent à tirer le plus de marge. Selon M. Lahbabi, il faut viser les 150 traitements onéreux coûtant plus de 3.000 dirhams, qui accaparent 57% des remboursements de la CNSS.
En fait, les marges des pharmaciens varient selon le type des traitements. Il y en a quatre (T1, T2, T3 et T4). Ils dégagent 47% à 57% de marge des produits inférieurs à 588 dirhams. Par contre, les marges sont fixées à 300 dirhams pour les médicaments T3 dont le prix varie entre 588 et 1776 dirhams. Et 400 dirhams pour ceux supérieurs à 1776 dirhams. Donc, le compte n'est pas bon pour les pharmaciens. Leur message est clair. Baissez les prix, c'est bien ! Encore faut-il voir plus haut. Epargnez les traitements peu chers.

Anass MACHLOUKH
et Yahya BOUHAMIDI
Trois questions à Amine Bouzoubaâ "Il est temps qu'on revoie un texte qui date maintenant de plus d'un siècle"
* Les pharmaciens décrient non seulement leur exclusion du dialogue par le gouvernement, mais également l'obsolescence du dahir régissant votre fonction. En quoi est-ce désuet ?

Ce sit-in a pour but non seulement de protester contre les politiques publiques de santé, mais également de réclamer la réforme du cadre légal, à savoir le dahir de 1922 régissant notre profession. Ce texte date maintenant de plus d'un siècle, et est la base juridique sur laquelle on s'est appuyé pour traduire en justice quinze pharmaciens d'une même ville, et devant un même tribunal. La réforme de ce cadre d'exercice de notre profession créera l'environnement adéquat pour une pratique professionnelle en bonne et due forme.

* Vous évoquez la surdité du ministère face à vos revendications. Le dialogue est-il suspendu ?

Le ministère de la Santé a manqué à ses promesses malgré les engagements pris par trois anciens ministres de la Santé. Depuis quinze ans, il n'y a eu aucune réactivité ni avancée concrète. Je rappelle que nous, les syndicats, avons signé un accord avec la tutelle en juillet 2023 qui n'a pas été appliqué. Nous n'avons même pas réussi à faire mettre en œuvre ce dont on a convenu avec les ex-ministres Aït Taleb et Doukkali concernant la réforme de la tarification nationale. Aujourd'hui, le ministre actuel, Amine Tahraoui, balaie tous ces engagements d'un revers de main avec des décisions unilatérales.

* Que réclamez-vous donc du gouvernement actuel pour remédier à ces manquements ?

Nous appelons à la révision de la méthode du dialogue, avec une approche participative basée sur la démocratisation du dialogue, chose qui permettrait la réalisation d'objectifs constructifs en vue d'établir un système de santé national efficace.

Recueillis par
Hamid BOUHAMIDI

Trois questions à Mohammed Lahbabi : "Le pharmacien marocain exerce sa profession sous liberté provisoire"

* Vous brandissez des slogans violents contre le ministre de la Santé. Selon vous, de quoi est-il coupable ?

Les pharmaciens sont venus exprimer leur mécontentement à l'égard des politiques qu'adopte le ministère de la Santé : une politique de promesses non tenues. Nous avons travaillé avec le ministère pendant trois ans sur les différents points de notre dossier revendicatif dans le cadre d'une commission mixte, et nous avons achevé les travaux. Malheureusement, la mise en application tarde à venir. La goutte qui a fait déborder le vase fut le dernier décret de fixation des prix ainsi que l'obsolescence des lois en vigueur. La profession ne supporte plus le marasme actuel.

* Vous dites que la profession est juridiquement vulnérable, un éclairage ?

Tout simplement parce qu'aujourd'hui, le pharmacien marocain exerce sa profession sous liberté provisoire. C'est-à-dire, aujourd'hui j'ouvre une pharmacie, il se peut que demain on vienne m'incarcérer. On ne se sent plus en sécurité. Raison pour laquelle on demande l'abrogation urgente de ce dahir de 1922 qui ne répond plus aux exigences de l'exercice officinal en 2025.

* Votre collège Bouzoubaâ parle de quinze pharmaciens poursuivis devant les tribunaux. Pour quelle infraction sont-ils poursuivis ?

C'est inconcevable ! La Direction du Médicament et de la Pharmacie a procédé au règlement de comptes contre quinze pharmaciens d'une même ville ! Ils ne leur ont même pas donné leurs PV et ils sont partis directement devant les tribunaux. C'est inadmissible. Nous allons former un bloc pour défendre nos confrères qui sont poursuivis de manière arbitraire.

Recueillis par H. B.


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