La 6e Conférence mondiale de l'Association mondiale pour la conservation des sols et de l'eau (WASWAC) s'est ouverte ce lundi à Rabat, sous l'égide du ministère de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et forêts, en collaboration avec l'Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) et plusieurs institutions nationales et internationales. Organisé sur deux jours, l'événement se déroule autour du thème « Paysages résilients : Innovations et traditions pour la conservation des sols et de l'eau adaptée au climat (RISE-SWC) ». Il réunit chercheurs, décideurs, organisations internationales et acteurs du secteur privé afin de débattre des solutions aux défis liés au changement climatique, à la dégradation des sols et à la raréfaction des ressources hydriques. Les discussions portent notamment sur la gestion durable des sols et de l'eau comme levier d'adaptation climatique, les innovations scientifiques et numériques en agriculture, le rôle des politiques publiques et des partenariats Nord-Sud, ainsi que sur l'implication des jeunes chercheurs. Dans son allocution, la directrice générale de l'INRA, Pr Lamiae Ghaouti, a annoncé le lancement de l'International Network on Soil Erosion (INSER), présenté comme une plateforme unique visant à connecter scientifiques, institutions et décideurs. L'objectif étant d'harmoniser les efforts de recherche et de suivi, intégrer la lutte contre l'érosion des sols dans les politiques publiques et soutenir la réalisation des Objectifs de développement durable. Elle a également rappelé que l'INRA et ses partenaires promeuvent activement l'agriculture de conservation, le reboisement, la cartographie de la fertilité des sols et la gestion intégrée des bassins versants, afin de restaurer les services écosystémiques. De son côté, Dr Lifeng Li, directeur des terres et de l'eau à l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), a alerté sur l'ampleur de l'érosion des sols, qualifiée de « l'un des défis majeurs des systèmes agroalimentaires ». Sur certaines terres cultivées, a-t-il indiqué, les pertes annuelles peuvent atteindre jusqu'à 50 tonnes de sol par hectare, entraînant une baisse de productivité, une dégradation des ressources en eau, une accélération de la désertification et une contribution accrue au changement climatique. La FAO recommande des solutions intégrées combinant gestion des sols, de l'eau, de la biodiversité et du climat, en s'appuyant notamment sur le Partenariat mondial sur les sols, le Symposium mondial et l'Enquête mondiale sur l'érosion des sols. Avec plus de 500 participants attendus de tous les continents, la conférence de Rabat s'impose comme un jalon majeur dans la mobilisation internationale pour la sécurité alimentaire et la préservation des ressources naturelles. Elle constitue également une vitrine pour le rôle du Maroc et de ses partenaires dans la promotion des innovations en faveur d'une agriculture durable, en cohérence avec la stratégie "Génération Green 2020–2030", qui vise à renforcer la résilience des systèmes agricoles. Aux côtés de l'INRA et de la WASWAC, de nombreuses institutions soutiennent l'organisation de cette rencontre, parmi lesquelles l'ICARDA, l'APNI, OCP Nutricrops, la FAO-GSP, l'IWMI, l'UNESCO, l'IRTCES, l'IAV, l'ENAM, l'ENFI, l'UM6P-GCZSC, Almoutmir et ATMAR. Enfin, il convient de rappeler que l'érosion des sols figure parmi les menaces les plus pressantes identifiées dans le rapport 2015 sur l'état des ressources en sols dans le monde, menace qui sera de nouveau au cœur du rapport prévu en 2025. Accélérée par la déforestation, la gestion non durable des terres et le changement climatique, elle accentue la dégradation des sols, réduit la biodiversité et accroît les risques de désertification, compromettant la stabilité des écosystèmes et la sécurité alimentaire mondiale.
