Hier soir, lundi 29 décembre, a eu lieu le match jusque-là le plus abouti des Lions de l'Atlas dans cette CAN. L'occasion de vivre, en tant que simple supporter, sans badge ni aucun autre type d'accès mais avec un simple billet, l'expérience du Stade Prince Moulay Abdellah, l'un des plus beaux bijoux architecturaux du Maroc. L'expérience débute autour de 18h, lorsque je stationne ma voiture en haut de l'avenue Al Araar, près du Carrefour Market, à un peu plus 3 km de l'enceinte et environ 45 minutes à pied.
Déposer sa voiture à Hay Riad, dans le quartier Prestigia si on a de l'avance, ou un peu plus haut plus haut comme moi, semble être l'option idéale pour les Rbatis. Les Casaouis et autres supporters venus d'autres villes, ayant l'obligation de retourner chez soi le soir, préfèreront stationner leur véhicule à Hay Al Fath, plus proche de l'autoroute et moins embouteillé à l'issue du match.
S'en est suivie une marche en cortège jusqu'à proximité du Stade, où a lieu, du côté nord de la voie ferrée, un premier contrôle. C'est aussi à ce niveau qu'il m'a été donné de constater quelques incivilités et manquements, notamment de la part de supporters enhardis, qui écartaient les barrières pour couper la file, provoquant la colère de certains de leurs concitoyens. À part cela, l'accès au Stade reste fluide, plus à l'aller qu'au retour, mais nous y reviendrons. Les contrôles, assez nombreux quant à eux, rassurent, tant pour limiter l'accès aux personnes qui ne possèdent pas de ticket, que pour effectuer des fouilles au corps et ainsi assurer la sécurité du public. Congestion au niveau de certaines portes
Arrivé à l'entrée du Complexe, je me retrouvais à la porte 8, malheureusement congestionnée en comparaison de ses voisines. Malgré le fait que j'étais arrivé avec près d'une heure d'avance, autour de 19h, mon entrée au terrain à temps était menacée par cet embouteillage de supporters, pas toujours ravi des circonstances. Cela se vérifiait d'ailleurs dans le Stade, la Tribune Nord peinant à se remplir ponctuellement à l'heure du coup d'envoi.
Il semble qu'il y ait encore quelques ajustements à peaufiner pour mieux répartir les spectateurs sur les différentes portes, et éviter par conséquent ce genre de situation.
Autre écueil observé, une fois installé à ma place, catégorie 2 (en constatant avec soulagement que personne n'y était avant que je n'y arrive, tous les supporters ayant apparemment pris soin de respecter la numérotation des sièges), j'ai pu remarquer que la Tribune VIP était à moitié vide, et qu'elle ne se remplissait pas, à l'inverse de celle du nord, au fil du temps. C'est regrettable, alors que le match est censé se jouer à guichets fermés, de voir ces sièges demeurant inoccupés, cela étant certainement dû à un marché parallèle encore existant malgré les contraintes, avec des billets n'ayant pas trouvé preneurs, à cause des prix prohibitifs appliqués. Un match plaisant et des supporters conquis
Dans l'ensemble, les accès étaient bien indiqués, et le Stade, à l'intérieur, comme à l'extérieur, fait visuellement très bonne impression.
Quelques jeux de sons et lumières du plus bel effet avaient d'ailleurs lieu en amont de l'entrée des équipes, habillant le bâtiment de la plus jolie des manières.
À la première annonce des joueurs, si les noms des footballeurs étaient repris en cœur par des supporters acquis à leur cause, il n'en reste pas moins, et c'est dommage, que celui du sélectionneur national était partiellement hué. Et pour cause, la copie moyenne rendue lors de l'opposition contre le Mali. Cette soirée a certainement redistribué les cartes, étant donné le résultat convaincant de 3-0, obtenu cette fois-ci avec la manière.
Autre bon point par ailleurs : une majorité du public s'est levé pour l'hymne national de la Zambie, comme cela avait été demandé par le speaker.
Par contre, une fois la partie entamée, les joueurs zambiens étaient copieusement sifflés à chaque possession. Nos supporters devraient intégrer, et cela se fera avec le temps, que conspuer nos adversaires ne rime pas forcément avec le fait d'encourager notre équipe.
Mis à part cela, c'est un public en feu auquel on avait le droit ce soir, bien aidé par le scénario de la rencontre. Une multitude de chants, de clameurs et d'acclamations, à base de « Allez, allez, allez, Maghrib, Maghrib », du fameux « Sir » adopté de façon populaire lors du Mondial qatari, et même de quelques holas, ont envahi les travées. Un slogan de circonstance « Wa sir tmarqui », était aussi entonné à l'occasion, idéal pour pousser nos gladiateurs lorsqu'ils avaient tendance à trop tourner autour du pot balle au pied. Puis, en fin de match des « Heho mabrouk alina » et même des « Chaab, Maghrib, la Coupe d'Afrique », renouvelant l'ambition nationale de garder le trophée à la maison, étaient de la partie. Une affluence relativement bonne et un retour au bercail légèrement semé d'embûches
À une dizaine de minutes de la fin du match, les deux grands écrans du Stade affichaient une affluence de 62.532 spectateurs pour ce duel, soit moins bien que le choc Maroc-Mali et ses 63.844 spectateurs, mais mieux que le match d'ouverture Maroc-Comores, qui en comptait 60.180.
À noter au niveau purement sportif, le retour du 4-2-3-1 de Regragui, qui a souvent fait plus de satisfaits contre les nations réputées faibles. À voir si le sélectionneur maintiendra cette stratégie lors des huitièmes de finale (où les Lions de l'Atlas affronteront la Tanzanie, c'est désormais officiel), sachant au passage que depuis hier soir, la qualification est acquise, avec la première place du groupe A à la clé. À relever aussi, de nouveau, l'excellente prestation de Brahim Diaz, buteur, qui s'est mis au diapason de l'événement et qui a généré quelques hourras et frissons dans les tribunes lors de ses prises de balle teintées de risque. Ayoub El Kaabi, auteur d'un doublé, a quant à lui régalé le public d'un deuxième retourné acrobatique (après celui contre les Comores), assurant le spectacle et héritant du statut d'Homme du match. Achraf Hakimi enfin, a été porté aux nues lors de son entrée en jeu, laissant entrevoir de belles promesses pour la suite de la compétition.
À la sortie du Stade, une fois la confrontation ayant pris fin, l'écoulement des foules était fluide, mis à part, il faut le signaler, un léger bouchon au niveau du pont qui surplombait les chemins de fer, particulièrement au moment de monter puis de descendre les escaliers. Une deuxième construction de ce genre ne serait pas de refus pour désencombrer le passage.
En voiture, il fallait éviter les embouteillages en contournant les alentours de l'édifice, privilégiant si possible l'avenue Mehdi Ben Barka et l'avenue Ahmed Balafrej.
Dans l'ensemble, l'expérience s'est révélée exaltante et relativement facile à vivre, grâce aussi au scénario du match, donnant du baume au cœur aux supporters présents. Niveau organisationnel, la partition devra être encore plus aboutie lors de la grande messe mondiale que l'on accueillera en 2030, mais aussi à l'occasion des rencontres à haute affluence du second tour de cette CAN.