Les juges de la chambre correctionnelle ou contraventionnelle ne sont pas toujours appelés que des dossiers « normaux »tel le vol, le trafic de drogue où l'atteinte aux personnes, mais les juges sont des fois saisis pour des affaires « bizarres ». Ainsi, lors d'une audience de la correctionnelle, le juge annonce le numéro d'une affaire, le nom du mis en cause âgé de 42 ans poursuivis en état de liberté provisoire et une dame la plaignante portant une djellaba. Selon les faits consignés dans le dossier, la dame âgée de plus de cinquante ans propriétaire d'une grande maison où elle loue des chambres pour une longue durée, d'après sa version un de ses locataires a tenté de la violer puis il a dérobé la somme de vingt mille, toujours selon la victime l'incident s'est produit dans la nuit du samedi au dimanche , quand les autres locataires étaient partis passés le week-end en famille. Après les questions-réponses d'usage, l'avocat du mis en cause demanda la permission au président de poser quelques questions à la plaignante Madame pourquoi vous avez attendu jusqu'au mardi pour déposer la nuit, alors que vous prétendez être agressé la nuit du samedi au dimanche ? J'ai hésité, une amie m'a conseillé de déposer la plainte. Madame, ce monsieur est-il rentré dans votre chambre par effraction ? Non, je l'ai invité à souper et à regarder la télévision et il a l'habitude de rentrer dans ma chambre. Messieurs les juges je ne vais pas être long « cette dame se moque de l'institution judiciaire, »lance l'avocat du mis en cause. Cette conclusion n'a pas plu à l'avocat de la plaignante qui déclare « Cette dame habite seule, elle offre des repas régulièrement à ses locataires, cela fait partie de nos traditions, ce monsieur a voulu abuser d'elle et il a pris de l'argent ». Puis, on passa au premier témoin qui dévoila un secret en disant « ce monsieur est arrivé au quartier pour travailler chez un ébéniste et s'est installé chez cette dame, mieux c'est devenu son locataire préféré, et d'après les mauvaises langues, ils ont tous les deux nouée une relation charnelle. » entendant cette révélation l'assistance lanca un rire. Puis le parquet posa quelques questions à l'inculpé, est –ce tu loges toujours chez cette dame ? « D'après cette dame, l'incident s'est produit le samedi, alors que je suis resté dans ma chambre jusqu'au mercredi le jour de mon interpellation et une journée de garde à vue, j'ai préféré partir chez un ami. »Réponds l'inculpé. Monsieur le président, en bonne logique un voleur quitte les lieux de son travail, alors que ce monsieur n'a pas changé son train de vie et il est resté dans cette ville où il n'a aucun parent, à mon avis le juge instructeur avait raison de poursuivre ce monsieur en état de liberté. »Expliqua l'avocat de la défense. Puis le président s'adressa à la dame et lui demande de citer les faits. Monsieur le président, dans la soirée du samedi, j'ai invité mon locataire à souper et à suivre une soirée télévisée et vers minuit, il m'a pris par la main comme s'il a tenté de me violer, je me suis défendue sans hurler et j'ai fondue en larmes tout en m'allongeant sur le lit et perdant conscience quelques minutes. En se réveillant, le matin je me rends compte que la somme de vingt milles dirhams que je cachais dans une boite. J'avais peur de s'adresser à la police, mais une amie m'a encouragée à déposer une plainte. A son tour le représentant du ministère public posa la question suivante « est-ce le locataire est-il au courant de la cachette ? » « je vous répète, messieurs les juges que je faisais confiance à ce monsieur, il sait où sont cachés mes bijoux et mon argent et il lui arrive d'effectuer des versements et des retraits d'argents à mon profit à la banque, je rentre régulièrement dans sa chambre, j'était considéré comme sa main droite et certains voisins croient que je suis son amant. Pour son réquisitoire le parquet resta assis en disant « appliquer la loi ». Quand à l'inculpé dans son mot il déclara : « Monsieur le président, cette dame m'a remis de belles sommes d'argent pour déposer à la banque, le mois dernier elle m'a remis cinquante milles dirhams à déposer à la banque, j'aurais pu disparaitre avec cette somme sans l'agresser. Le juge leva l'audience pour délibérer, après plus heures de délibérations, les juges reviennent avec un verdict. Et, les curieux apprennent que le doute a profité à l'accusé car le locataire a été acquitté.