«L'Equipe » avait, vendredi dernier présenté le duel, le choc avec ces phrases : « Rarement les enjeux sous jacents à l'attribution de Mondiaux d'athlétisme ont été aussi importants. L'affrontement entre Londres et Doha est celui de deux poids lourds et de deux mondes : le vieux, celui des origines du sport qui craint qu'on ne l'oublie à jamais, et le nouveau qui réclame sa place grâce à son dynamisme financier ». A Monaco les membres du conseil de l'IAAF devaient choisir entre Londres et Doha pour l'attribution des championnats du monde d'athlétisme (voir l'Opinion édition du 11 novembre 2011 ; « les points sur les i »). Dans ce conseil, il y a 26 membres, avec bien sûr notre Nawal national. Ce conseil présidé par Lamine Diack compte en fait 27 membres, mais le représentant de l'Inde est en prison depuis avril dernier, accusé de corruption. Et donc ce chiffre pair embêtait beaucoup le président Diack car en cas d'égalité sa voix aurait été déterminante car elle compte double. Et Lamine Diack en président averti ne voulait pas avoir à choisir. L'Anglais Sébastien Coe membre du conseil et patron des J.O. de 2012, pesait de tout son poids pour le choix de Londres mais comment ignorer Doha qui mettait les bouchées doubles et se prévalait d'avoir déjà organisé les Jeux Asiatiques et les Mondiaux en salle 2010, le Qatar est aussi partenaire de la Ligue de Diamant, compétition de l'IAAF, et il amenait un projet de stade de 40.000 places, ultra moderne, climatisé… et a rapporté « l'Equipe » : « la prise en charge de tous les frais primes d'athlètes inclus (environ 7 millions de dollars) ». Et puis le Qatar n'a t-il pas eu la Coupe du Monde de Football (2022) et celle du hand-ball (2015), pourquoi alors s'arrêterait-il en si bon chemin ? Mais non, l'argent, et c'est heureux, ne peut pas tout acheter. Face à cette pluie de pétro dollars, Sébastien Coe a parlé Histoire et tradition sportive, en soulignant que le dossier de Londres avait reçu le soutien de cent athlètes du monde entier « Et gratuitement » a-t-il ajouté non sans malice en regardant droit dans les yeux le Cheikh Saoud Ben Abderrahman Al Thani, qui défendait le dossier qatari avec des champions payés à prix d'or. Une fois les amabilités faites, on passa au vote et Londres l'emporta par 16 voix à 10. On n'en connaît pas les détails, et ils ne sont pas importants. L'essentiel c'est cette (première) défaite du Qatar pour l'organisation d'une compétition mondiale. Triomphe pour Coe habitué à ses honneurs lui qui avait fait battre Paris par Londres, de quatre voix, pour les J.O de 2012. Autre chose les 26 ont voté à l'unanimité pour que la Coupe du Monde d'Athlétisme soit organisé au Maroc (voir par ailleurs). Ce sera à Marrakech en 2015. Monaco ne nous a pas fait défaut. Et en ce vendredi là, dans la principauté où l'argent, le casino, et les yachts des milliardaires font partie du paysage, c'était bon de se dire que c'est l'Humain et l'Histoire qui ont gagné. Londres et Marrakech et pas Doha. C'était un très bon vendredi et Abdeslam Ahizoune se souviendra longtemps de l'accueil qui fut fait par l'IAAF au Maroc.