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Maroc-UE/ Pêche : Après le vote européen contre la prorogation de l'accord de pêche
Le plus dur reste à venir
Publié dans L'opinion le 26 - 12 - 2011

Depuis le 14 décembre dernier, date du rejet par le parlement européen de la prorogation de l'accord de pêche entre le Maroc et l'Union Européenne, les milieux
professionnels de la pêche, que ce soit au Maroc ou de l'autre côté du détroit de Gibraltar, sont en effervescence. Mais pas pour les mêmes desseins. Les représentants de la profession au Maroc, du moins dans leur plus large majorité (on reviendra plus bas sur la plus étroite minorité) ont applaudi à tout rompre, et
le vote du PE et la décision des autorités marocaines qui en a suivi, à savoir l'expulsion manu militari de la flotte communautaire des eaux territoriales marocaines.
Du côté de l'Espagne et à un degré moindre du
Portugal, les professionnels de la pêche sont en
train de remuer ciel et terre pour ramener leurs bateaux
dans les eaux marocaines. Ils ont été même
jusqu'à nous rappeler le fameux « diktat européen »
en faisant brandir des menaces sur la tomate marocaine.
Le lobby des agriculteurs espagnols est entré
en scène et essaye de bloquer la ratification de
l'accord de partenariat agricole maroco-européen
au même parlement de Strasbourg. Désormais, les
relents de 1993 fusent de nouveau pour acculer le
Maroc à un autre protocole de pêche.
Le problème est qu'une certaine partie marocaine
semble avoir le même penchant. Depuis l'expiration
de l'accord en février 2011, certains membres de la
Fédération de la pêche maritime et de l'aquaculture
(FPMA) de la CGEM ont constitué avec des « homologues
» espagnols une association avec pour
objectif de plaider pour la reconduction de l'accord.
L'abrogation de ce dernier par le PE les a pris de
court et leur a coupé l'herbe sous le pied, illustrant
par la même occasion l'échec de leur lobbying en
faveur de la prorogation de l'accord.
Le fait est que désormais ils ne peuvent faire
volte-face et applaudir le départ de la flotte communautaire, à l'instar de la majorité des professionnels marocains de tous les segments de la pêche.
Au contraire, dans une fuite en avant, ils annoncent
dans un communiqué leur voeu d'«aboutir à un plan
d'action pour préserver les intérêts de notre pays
conformément aux divers accords d'association et
de partenariat» liant le Maroc à l'UE, à même de
«préserver les intérêts du secteur». La messe est
dite. La Fédération de la pêche maritime et de
l'aquaculture (FPMA) de la CGEM annonce, en des
termes à peine voilés, qu'elle est pour la reconduction
de l'accord de pêche avec l'UE. Ce n'est pas
le cas pour le « Collectif Pêche et développement
durable » pour qui la décision du parlement européen
est venue à point pour ses membres qui ne
demandaient pas tant pour réitérer leur opposition à
tout accord de pêche avec quelque partenaire que
ce soit, du moins dans sa formule basée sur l'extraction
contre l'indemnisation pécuniaire.
Le même jour où la MAP publiait le communiqué
de la FPMA, le collectif pêche organisait un point
de presse dans lequel il a présenté sa vision des
choses. Et tous les segments du secteur ont répondu
à l'appel. Ce jour-là étaient présents le président
de la Fédération des Chambres maritimes du Maroc,
le président de l'APAPHAM, le président de la
Confédération nationale de la pêche côtière au Maroc,
le président de la Chambre maritime d'Agadir, le
représentant de la Fédération des pêches maritimes
affiliée à la CGEM, le président de l'association des
propriétaires des barques artisanales de Dakhla et
enfin le SG du syndicat des officiers et marins de la
pêche maritime. Et tout ce beau monde n'a pas été
avec le dos de la cuillère pour stigmatiser le protocole
de pêche.
Des insuffisances à la pelle D'ailleurs, ils n'avaient pas à critiquer le protocole de pêche puisqu'un rapport d'un expert européen s'est chargé de mettre en évidence les déficiences de l'accord en soulignant que « les problèmes que pose cet accord ne sont pas imputables au pays partenaire (NDLR : Le Maroc) mais bien à l'accord lui-même ».
Parmi les insuffisances de ce protocole, il y a lieu
de citer la clause d'emploi obligatoire de la main
d'oeuvre marocaine à bord des bateaux communautaires.
Si le rapport mentionne que « la clause d'emploi
obligatoire a été respectée par les navires de
l'Union », il ne manque pas de souligner qu'en
cinq ans, elle « n'a pas permis de créer pas plus
de 170 emplois pour les ressortissants marocains,
ce qui représente 0,04 % du nombre des marinspêcheurs
du pays ». Et encore, d'après le SG du
syndicat des officiers et marins pêcheurs, il s'agit
d'émigrés marocains embarqués à partir des ports
espagnols. Autrement dit, voilà une clause qui n'a
servi aucunement à l'embauche de la main d'oeuvre
locale. Plus, les 170 emplois cités ne concernent
que les moussaillons et la clause n'a concerné aucun
officier marocain.
Autre déficience de l'accord, celle relative à la
clause de débarquement obligatoire de leur capture.
Déjà, l'accord dispensait près des deux tiers des
bateaux communautaires de débarquer leurs captures
dans les ports marocains. Pour le tiers restant,
les bateaux étaient tenus de débarquer entre 25
et 50%. Voilà des dispositions qui empêchent tout
contrôle de l'activité de cette flotte ibérique. Cela
déteint d'abord sur la préservation des espèces.
Ce que corrobore le rapport de l'expert européen
qui affirme (entre autres) que « sur les onze espèces
démersales pêchées dans les eaux marocaines,
cinq apparaissent surexploitées (merlu commun,
pageot acarné, poulpe, encornet, crevette rose),
quatre sont pleinement exploitées (pagre, denté à
gros yeux, dorade, diagramme burro). Le même
rapport ajoute que « l'épuisement quasi total de ces
stocks conduit à se demander si le principe selon
lequel les navires européens ne doivent pêcher que
des stocks en excédent est bien respecté ».
Et de conclure ce volet de surexploitation en soulignant
que « les évaluations indiquent que l'effort
de pêche a atteint un seuil maximal dans le nord
du pays et doit être limité dans certaines pêcheries.
Sans omettre que l'industrie locale de transformation
n'a pu bénéficier d'aucune valeur ajoutée
à cause justement du non respect de la clause de
déchargement obligatoire.
La menace sur la ressource interdit tout accord léonin
Bref, la situation est telle « que la flotte communautaire
entre directement en concurrence avec le secteur local de la pêche pour chaque espèce. Et si les navires de pêche européens poursuivent leurs activités, les pêcheurs marocains perdront leurs revenus et leur emploi » tant que « les voyants demeurent au rouge et indiquent que l'effort de pêche a atteint un seuil maximal et doit être limité dans plusieurs pêcheries.
Même son de cloche, entend-on à l'unisson,
auprès du collectif de pêche et de développement
durable qui rejette toute renégociation d'un autre
accord qui s'inscrit dans la même philosophie basée
sur le principe de l'extraction contre l'indemnisation.
Pour les membres de ce collectif qui réunit la quasi
majorité des opérateurs du secteur, les bateaux
de pêche de l'UE constituent une menace pour
nos ressources halieutiques et portent atteinte aux
intérêts des opérateurs nationaux car la baisse des
stocks rend la situation difficile pour nombre d'armateurs
marocains, ont-ils poursuivi, appelant le Maroc
et l'UE à initier une nouvelle démarche pour satisfaire
les besoins du marché européen et développer
le secteur de la pêche dans le Royaume. Une
démarche qui consiste à un partenariat à terre et qui
annihile l'extraction et privilégie l'investissement européen dans la valorisation des produits de la mer et
le développement d'industrie en aval (chantier naval,
équipements, matériel de pêche, etc.), la recherche
scientifique, entre autres. Avant de conclure que la
préservation des ressources halieutiques nationales
exige l'implication et la collaboration de tous.
Mais le plus dur reste à venir. Car si le parlement
européen a voté contre la prorogation de l'accord
de pêche, cela ne veut pas dire que les Européens
ont craché dans la bouillabaisse. Au contraire, tout
indique qu'ils vont revenir à la charge pour un arracher
un accord plus avantageux et dans le temps et
pour ce qui est de leurs intérêts. Car il ne faut pas
oublier que l'UE est tenue de trouver des pêcheries,
pour la flotte espagnole en particulier. Une flotte un
peu trop friande des pêcheries marocaines. Et pour
ce faire, tout arbore que les Européens et particulièrement
les Espagnols useront (et usent déjà) de tous les moyens qu'ils peuvent avoir entre les mains
pour faire plier le Maroc à leur desseins. Surtout qu'il
y en a même ici, heureusement qu'ils ne sont pas
si nombreux que ça, qui ne demandent qu'à leur
ouvrir, pour une raison ou pour une autre, les eaux
marocaines.
Mais puisque, le cas échéant, ce sont les Européens
qui sont demandeurs d'un nouvel accord, et
comme la situation des stocks de la majorité, pour
ne pas dire de toutes les pêcheries, est plus qu'alarmante et qu'aucune espèce n'offre d'excédent, c'est l'occasion pour le Maroc d'imposer ses conditions
pour le mieux de ses intérêts et d'exiger un partenariat
qui doit dépasser la pratique de l'extraction
des ressources halieutiques en s'orientant vers une
coopération intégrée et à grande valeur ajoutée.
Et pour ce faire, la vigilance et la mobilisation de
tous les acteurs marocains du secteur sont de mise
pour épargner au Maroc encore un autre protocole
léonin. Mais surtout passer outre ceux qui nagent à
contre courant.


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