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Entretien avec Mustapha Jlok, conservateur chercheur à l'IRCAM
Pour un cadre institutionnel garant de l'intégrité de tout le patrimoine culturel
Publié dans L'opinion le 31 - 12 - 2011

Conservateur de musée chercheur à l'IRCAM, Mustapha Jlok a coordonné le travail de réalisation du livre «Arts et architecture amazighs». Dans l'entretien suivant, il nous parle de l'ouvrage qui s'inscrit dans le processus de création d'un «groupement d'intérêt autour des productions culturelles amazighes».
L'Opinion: Tant d'ouvrages ont abordé la même question. Comment résoudre la difficulté de faire un nouvel ouvrage sur l'art et l'architecture amazighs de manière à apporter un plus sans tomber dans la reprise, sachant cependant que les textes de l'ouvrage s'affichent par leurs dimensions académique et encyclopédiste ?
Mustapha Jlok: Il est vrai que cette question a été un des grands problèmes à résoudre pour garantir au beau-livre son originalité. Il faut savoir que l'idée, depuis qu'elle a été initiée au niveau du Rectorat de l'Institut, a connu tout un cycle de maturation, tant au niveau conceptuel qu'au niveau intellectuel pour, effectivement, éviter de produire un autre ouvrage sans un apport indéniable à la question qui nous préoccupe: la culture amazighe.
Comme je l'ai mentionné dans l'introduction, cette tâche ne fut pas aisée. Tant d'ouvrages existent sur le marché de la production de la connaissance sur les arts et l'architecture amazighes du Maroc. La valeur ajoutée de celui-ci réside, je pense, dans son apport académique et dans l'aspect «rassembleur» de thèmes et de profils différents et complémentaires. Par cette initiative, nous voulons créer un «groupement d'intérêts» autour des productions culturelles amazighes (ou en milieu amazighe).
L'Opinion: Comment définir l'architecture amazighe en tant qu'important patrimoine matériel dans l'espace et le temps, c'est-à-dire l'aire géographique et l'histoire, d'une région à l'autre, et quelle spécificité par rapport aux autres pays maghrébins ?
Mustapha Jlok: Définir l'architecture amazighe serait la délimiter dans le temps et dans l'espace, c'est-à-dire l'amputer de certains de ces composants ou, au contraire, la surcharger d'autres qui ne sont pas les siens. Conventionnellement, l'architecture amazighe regroupe trois formes distinctes mais organiques: Ighrem (Ksar), Tighremt (Kasbah) et Agadir (grenier). Ces trois formes ne sont pas homogènes partout dans les régions mais présentent des spécificités régionales dues à des facteurs naturels, humains et socio-culturels. Le tout constitue une richesse pour le patrimoine culturel national et une source d'inspiration pour les créateurs, architectes et décorateurs. Reste à valoriser cette architecture et à la considérer comme une richesse et non pas faisant partie de la culture de la «plèbe».
Quant au second volet de votre question, ce patrimoine architectural est présent dans les pays de l'Afrique du Nord, du Maroc jusqu'à l'Egypte. Il a la particularité d'être une architecture vivante et proche de l'humain et de son environnement, mais aussi d'être une architecture qui agonise. Le Maroc s'en distingue par l'immensité du territoire où elle est présente, par l'attachement de la population à cet héritage et par la fonctionnalité des édifices malgré le phénomène de l'éclatement et des changements sociaux. Il suffit de visiter les vallées présahariennes (Ziz, Ghéris, Dadès et Dra par exemples) pour s'en rendre compte. Dans l'Anti-Atlas, des greniers collectifs répondent toujours aux besoins socio-économiques et spirituels (parfois) des populations alors qu'en Tunisie les Aghasrou (les équivalents de nos Agadir) répondent plutôt à un besoin touristique.
L'Opinion: Anthropologue mais aussi conservateur, vous êtes bien placé pour développer l'idée de la conservation du patrimoine amazigh évoquée dans l'ouvrage. Vous dites bien que la culture amazighe a tendance à être retenue comme source de richesse (tourisme) mais pas en tant que richesse en soi. En fait on sait que la protection du patrimoine est une conception vide tant que ceux qui résident dans son aire géographique n'en vivent pas et donc ne peuvent s'approprier aucune espèce de programme de protection. Dans ce contexte, quels sont les dangers qui menacent aujourd'hui le patrimoine architectural amazigh et quelle est votre conception pour sa protection ?
Mustapha Jlok: Permettez-moi d'abord de préciser une chose. Je me définis comme chercheur en anthropologie plus qu'anthropologue, par contre mon titre administratif est bien conservateur. Conservateur certes mais pas dans l'absolu. Chaque production aussi importante soit-elle sera amenée à subir les vicissitudes du temps et les aléas de la vie changeante. Le patrimoine architectural en milieu amazighe ne peut pas être une exception. Néanmoins, le phénomène peut être atténué en mariant deux idées: la conscientisation et le devoir de léguer aux générations futures. Elles englobent tous les aspects de sensibilisation, de responsabilisation, de conservation, de promotion et aussi d'innovation. Quand on voit actuellement dans les pays développés le recours pressant des gens aux matériaux écologiques et aux habitations traditionnelles respectueuses de l'environnement, on peut remettre en question toute notre philosophie sur la question.
L'Opinion: Quel est votre point de vue sur l'interaction entre patrimoine et développement durable à partir de la perception d'expériences sur le terrain ? Y aurait-il matière à réjouissance ou désappointement en ce qui concerne la protection et la valorisation du patrimoine ?
Mustapha Jlok: Le patrimoine culturel ne peut être qu'un levier, parmi d'autres, du développement durable (ou voulu durable dans sa conception). Il est partout présent dans notre vie en tant que Marocains. C'est une partie de nous-mêmes et de notre identité.
L'expérience sur le terrain m'a montré une chose: le clivage entre les conceptions de la politique culturelle et la réalité culturelle empêche qu'il y ait ce développement tant voulu. A l'instar des autres domaines devenus prometteurs, le patrimoine culturel est victime de la multiplicité des opérateurs sur le terrain, des «vautours» de projets patrimoniaux, des aspects normatifs lacunaires, etc.
Deux urgences s'imposent à mon avis: un cadre institutionnel garant de l'intégrité de tout le patrimoine culturel avec une force de décision et d'intervention et un cadre normatif pouvant limiter le trafic illicite et la destruction des biens. Le reste suivra.


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