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Quelle solution viable à l'actuelle crise gouvernementale : Des acteurs politiques se prononcent
Publié dans L'opinion le 06 - 08 - 2013

Depuis le 8 juillet 2013, date à laquelle le Comité exécutif du Parti de l'Istiqlal a convenu d'appliquer la décision du Conseil national de se retirer du gouvernement, le Maroc traverse une crise gouvernementale, la première du genre de l'Histoire contemporaine du Royaume. Cette situation inédite n'a pas manqué de susciter l'inquiétude des Marocains qui surveillent de très près l'expérience, tout aussi nouvelle, du premier gouvernement de coalition édifié après l'adoption de la nouvelle Constitution et le scrutin législatif qui a suivi. «Comment voyez-vous la sortie de l'actuelle crise gouvernementale?» a été la question posée par L'Opinion à des hommes politiques de différents partis, aussi bien de la majorité que de l'opposition. Si tous relativisent la dimension de cette crise, la plupart conviennent qu'elle n'est que le symptôme d'un mal plus profond qui ronge l'actuel gouvernement.
«La première question que l'on doit se poser à propos de cette crise gouvernementale concerne les raisons qui ont mené à son apparition», tient à souligner M. Noureddine Mediane, député d'Al Hoceïma et président du groupe istiqlalien Pour l'Unité et l'Egalitarisme à la Chambre des Représentants. «C'est une crise gouvernementale provoquée par un certain nombre de raisons, dont la principale est le tempérament de la personne actuellement à la tête du gouvernement».
Bref historique d'un mariage de raison qui n'a pas longtemps duré. «Après les élections législatives, nous avons répondu spontanément, au Parti de l'Istiqlal, à la demande du PJD de rejoindre la majorité gouvernementale, en raison d'un certain nombre de données » rappelle M. Mediane. «Celles-ci sont d'abord d'ordre référentiel et historique, mais aussi et surtout en raison de la correspondance des programmes des deux formations politiques sur un certain nombre de domaines, ainsi qu'une volonté commune de parachever le programme entamé par le gouvernement de M. Abbas El Fassi. Toutes ces données nous ont donc poussés à répondre rapidement et positivement à la demande de faire partie du gouvernement Benkirane.
Nous connaissions, bien sûr, dans quelles conditions particulières était né ce gouvernement. Le printemps arabe, le 20 février, la nouvelle Constitution, la particularité du parti dirigeant l'actuelle coalition gouvernementale, qui a toujours été auparavant dans l'opposition, tous ces facteurs ont influé sur les résultats des élections et accordé de bons scores électoraux au parti qui a pris par la suite la tête du gouvernement.
Au début, une période de grâce a donc été accordée au gouvernement de coalition et au parti qui est à sa tête, même si les attentes populaires étaient aussi nombreuses que la barre avait été haut placée. Malheureusement, après une période pas plus longue qu'une seule année, nous avons pris conscience, au sein des instances dirigeantes du Parti de l'Istiqlal, de l'existence d'un certain nombre de défaillances et de manquements, des manquements aux engagements pris et aux obligations communes comprises dans la charte de la majorité.
Les choses ont vraiment empiré quand le chef du gouvernement s'est mis à s'exprimer comme un chef de parti. Car nous avons également remarqué que ce monsieur a écarté et marginalisé un certain nombre des partenaires politiques associés à sa majorité gouvernementale, que sont le Parti de l'Istiqlal, le Parti du Progrès et du Socialisme et le Mouvement Populaire.
C'est que le chef du gouvernement souffre également d'un problème d'arrogance. A chaque propos, il répète que le peuple est avec lui. Alors que les Marocains sont plus de 34 millions, seul un million de marocains ont voté pour le PJD. Et les 33 autres millions de marocains alors ?
Lorsque les dirigeants du PJD prétendent détenir la majorité, ils se trompent. C'est le parti de l'Istiqlal qui détient la majorité au parlement. Si l'on comptabilise, en effet, le nombre de sièges de chacun des deux partis aux deux Chambres, celle des Représentants et celle des Conseillers, l'Istiqlal détient 116 sièges alors que le PJD n'en détient que 107».
Problèmes de personnalité et de comportements
«Avoir 107 sièges à la Chambre des Représentants ne veut pas dire que l'on a forcément raison dans tout ce que l'on fait», affirme M. Rachid Talbi Alami, député de Tétouan et président du groupe parlementaire du Rassemblement National des Indépendants à Tétouan. «Il faut écouter tout le monde, car il se peut que c'est le parti le moins représenté au parlement qui ait raison. Nous partageons ce pays, nous partageons les valeurs de ce pays, nous partageons également la responsabilité de ce pays, nous devons nous écouter les uns les autres.
Auparavant, la majorité était fondée sur un certain nombre de principes et de règles. Il y avait aussi des habitudes de travail et des coutumes sur lesquelles tout le monde s'alignait avant l'accès au pouvoir de l'actuel gouvernement. Au début du mandat de ce gouvernement, tout le monde a cru que ça allait encore être la même chose. Cependant, le chef du gouvernement de coalition a agi différemment. C'est une nouvelle méthode de gestion de la majorité qui s'est installée et à laquelle il faudrait vraiment faire très attention pour éviter de retomber dans le même travers dans l'avenir.
Les Pjdistes mènent bataille sur deux fronts, à la fois au gouvernement et au parlement. Nos amis de l'Istiqlal n'ont pas compris le sens de cette bataille au parlement. Il y a une discipline à respecter quand on fait partie d'une majorité gouvernementale. Or, les Pjdistes viennent au parlement sans se sentir tenus par une quelconque responsabilité envers la majorité gouvernementale. Ils apportent des propositions de loi ou prennent des positions sans consulter les partis de la coalition. Or, en tant que membres de cette coalition, ces partis se retrouvent à assumer la responsabilité de prises de position à propos desquels ils n'ont même pas été consultés.
Que l'on soit clair à ce sujet, le RNI ne va pas changer ses principes en changeant de position. Demain, si le gouvernement dépose un projet de loi que je n'approuve pas ou qu'il prend une position que je ne partage pas, je vais voter contre. Ou alors, on en revient au mode de fonctionnement de la majorité tel qu'il a toujours été appliqué avant l'accès au pouvoir de l'actuel gouvernement».
La personnalité du chef du gouvernement poserait-elle en soi problème ? Les Istiqlaliens ne sont pas les seuls à le penser.
«M. Benkirane doit comprendre qu'il est à la tête d'un gouvernement avec un parti qui n'a que 26% de sièges au parlement», estime M. M. Ali Elyazghi, député de l'Union Socialiste des Forces populaires (USFP) et secrétaire général de la Chabiba Ittihadia. «Il a besoin de gérer sa coalition de manière plus souple, avec une écoute plus approfondie des besoins et des revendications de ses alliés».
«Aujourd'hui, ce que l'ensemble de la classe politique devrait tirer comme leçons de cette situation, c'est que celui qui a assumé la responsabilité de diriger le gouvernement se doit d'agir en tant que tel, c'est-à-dire en tant que chef de gouvernement, et non pas en tant que chef de parti politique. Je pense que c'est là où se situe la principale problématique qui a débouché sur l'actuelle crise gouvernementale», ajoute de son côté M. Talbi Alami.
«La sortie de crise dépend de la volonté politique de chaque partie. Elle dépend également de ce que le chef de gouvernement veut faire exactement, quelle politique veut-il appliquer et comment va-t-il traiter avec ses alliés dans l'avenir», explique de son côté M. Abdellatif Ouahbi, député de Taroudant et chef du groupe du Parti authenticité et modernité (PAM) à la Chambre des Représentants. «Jusqu'à présent, le chef du gouvernement ne veut pas se comporter en chef de gouvernement, mais en chef de parti qui dirige un gouvernement, ce qui est illogique et inacceptable. Je crois que la solution est que le chef du gouvernement remette en question ses prises de position, son comportement avec ses alliés, ainsi que son discours politique, devenu inadmissible».
Même son de cloche auprès de M. Elyazghi. «L'issue de la crise gouvernementale est que le gouvernement se remette en cause. Il doit de remettre profondément et rapidement en question sa manière de gérer un gouvernement de coalition et ses relations avec ses partenaires actuels et potentiels. Aujourd'hui, ce qui s'est passé dans sa gestion de la coalition, en particulier avec le Parti de l'Istiqlal, ainsi que sa négligence des revendications de ce parti, ont mené à cette situation».
Revendications inaudibles par incapacité d'écoute
Explicite, Noureddine Médiane précise : «Nous avons constaté que le rythme des réalisations du gouvernement était vraiment trop lent et il y a eu marginalisation du dialogue social, augmentation des prix et du coût de la vie, nous avions même constaté un enthousiasme étonnant et malvenu pour d'autres hausses des prix. Alors que le Parti de l'Istiqlal avait augmenté les salaires, dans une moyenne de 600 dirhams par personne, la tendance s'est inversée avec l'actuel gouvernement. Elle tend maintenant à la baisse du pouvoir d'achat des citoyens.
Les prémices de la crise économique étaient évidentes. Le chef du gouvernement, au lieu d'y accorder une attention particulière comme il aurait dû le faire, semblait totalement s'y désintéresser. Nous l'avons alors prévenu de ce qui était entrain d'arriver et affirmé que nous avions les solutions pour parer à la survenue de cette crise économique. Nous disposons, au sein du Parti de l'Istiqlal, de différentes Alliances professionnelles et de hauts cadres, parmi lesquelles celle des économistes istiqlaliens, qui ont des idées et de l'expérience. Malheureusement, le chef du gouvernement est entouré d'une équipe de théoriciens dénudés de toute expérience économique de terrain. Toutefois, le chef du gouvernement n'a accordé aucun intérêt à nos remarques et propositions.
Il était alors de notre devoir d'inviter le chef du gouvernement de revenir sur le bon chemin, celui qui passe par la consultation de ses partenaires politiques et consiste à les faire participer dans tous les processus de prise de décision. Nous avons alors adressé un mémorandum au chef du gouvernement, d'ailleurs à sa propre requête, puisque c'est lui qui nous avait demandé de lui adresser par écrit toutes nos remarques. Ce que nous n'avons pas manqué de faire en lui envoyant un premier mémorandum.
Quels sont les points que comportait ce mémorandum ? Nous n'avions rien demandé de particulier, si ce n'est un remaniement gouvernemental, une démarche somme toute normale si l'on tient compte qu'une année d'exercice des responsabilités gouvernementales s'était déjà écoulée et que pendant ce temps, l'une des composantes de la majorité gouvernementale a connu un changement de ses instances dirigeantes, c'est à dire qu'il y a eu l'arrivée de nouvelles figures, avec de nouvelles idées, qui ambitionnaient de participer à tracer la feuille de route du gouvernement et à l'action gouvernementale. Nous avions aussi réclamé une révision de la charte de la majorité.
Il n'y a pas eu, malheureusement, de réaction positive à notre démarche. Le chef du gouvernement a même refusé le remaniement, estimant qu'il n'était pas d'actualité. Nous avons alors demandé au chef du gouvernement une révision de la charte de la majorité, parant du fait qu'il n'était pas acceptable que la direction de la majorité soit toujours monopolisée par le chef du gouvernement. Il doit y avoir alternance à la tête de la majorité entre les partis qui la compose. En tant que Parti de l'Istiqlal, nous ne pouvions quand même pas continuer le chemin avec un gouvernement aux politiques antipopulaires dans le domaine économique et en matière de salaires, de coût de la vie, d'emploi et autres.
Ce sont ces éléments qui nous ont obligés à quitter le gouvernement. Parce que, dîtes-vous bien, que nous l'avons fait uniquement par nécessité. Nous-nous sommes retrouvés face à des portes closes. Si nous avions trouvé une oreille attentive, il en aurait été autrement.
Nous-nous sommes donc retirés du gouvernement. D'ailleurs, nous ne l'avons pas quitté brutalement. Au commencement, nous ne demandions pas plus que le remaniement et la révision de la charte de la majorité. Mais faute d'interlocuteur et de répondant, nous avons consulté le Conseil national du Parti de l'Istiqlal, le parlement de notre formation politique, qui a pris la décision de quitter le gouvernement. Malgré cela et pour ne pas être la cause d'une crise politique nationale, nous avons accordé à M. Benkirane le temps suffisant pour rattraper la situation. Le Conseil national a accordé au Comité exécutif du parti la prérogative de gérer la question du retrait du gouvernement en fonction de l'évolution de la situation. Pendant tout ce temps, Benkirane n'a pas changé de position. Nous avons donc été amenés à appliquer la décision de retrait du gouvernement, à travers le dépôt collectif des démissions de nos ministres.
Comme il n'y a avait, de toute évidence, toujours aucune volonté de la part du chef du gouvernement de prendre en considération nos revendications, nous étions dans l'obligation de prendre une décision. Nous avons conséquemment décidé de quitter ce gouvernement où nous étions marginalisés et de le laisser à M. Benkirane.
Au début, on se disait qu'il fallait laisser un peu de temps aux ministres du PJD d'accumuler un peu d'expériences, qui leur fait toujours d'ailleurs cruellement défaut. Mais il s'est avéré qu'ils n'étaient pas prêts de changer de comportement et peut être qu'ils avaient aussi d'autres plans en tête».
Déficit d'expérience non perçu
Le manque d'expérience des dirigeants du PJD en matière de gestion des affaires publiques était-il aussi flagrant ? Pour M. Rachid Talbi Alami, c'est une évidence. «Les gens du PJD n'ont jamais géré les affaires de l'Etat et ne savent pas le faire. C'est ce qui explique que nous en soyons arrivés à ce niveau de crise. La gestion gouvernementale exige une expertise et une expérience cumulée. Les partis politiques qui ont dirigé les gouvernements successifs au Maroc ont de longues années de gestion gouvernementale cumulée, ce qui n'est pas le cas du PJD, qui n'en a aucune. Les dirigeants du PJD se sont retrouvés confrontés à la gestion des affaires de l'Etat dans sa dimension la plus complexe. Est-ce qu'ils sont conscients de l'ampleur de cette responsabilité ou pas ? C'est là un autre problème. Je pense que non».
«Nous espérons que M. Benkirane va réussir à constituer une nouvelle majorité et composer un nouveau gouvernement, puisque notre objectif suprême est l'intérêt de la nation et du peuple marocain», tient à souligner M. Médiane. «Le Parti de l'Istiqlal n'a jamais constitué, le long de l'histoire contemporaine du Maroc, une entrave sur la voie de la réforme ou de la cohésion gouvernementale. Sauf que, malheureusement, nous nous sommes retrouvés face à des contraintes qui nous ont obligés à nous retirer du gouvernement.
Il existe un certain nombre de solutions constitutionnelles auxquelles M. Benkirane peut avoir recours. Je crois que le PJD est en tractation avec d'autres partis pour remplacer le Parti de l'Istiqlal, principalement le Rassemblement National des Indépendants.
De notre côté, nous allons exercer notre rôle au sein de l'opposition comme nous l'avons fait au sein de la majorité gouvernementale, dans le sens du service des intérêts de la nation et du peuple marocain».
Pour Mohamed Réda Benkhaldoun, député de Rabat du Parti de la Justice et du Développement (PJD) et responsable des relations extérieures du parti, «il n'y a pas de crise politique». «Dans le contexte actuel, on peut difficilement parler de crise, parce cela arrive dans toutes les démocraties. Il arrive qu'en cours de mandat, un ou plusieurs partis composant une coalition gouvernementale s'en retire(nt), en pareil cas, parler de crise politique est quelque peu exagéré. Je pense que les choses sont beaucoup moins graves que ne le laissent penser les organes de presse».
Un avis partagé par M. Abdelkader Tattou, député de Rabat et vice-président de la Chambre des représentants, membre du Bureau Politique du Mouvement Populaire et Président du Conseil de la Ville de Rabat. «C'est le genre de problème qui peut survenir même dans les pays à vieilles traditions démocratiques. A n'importe quel moment, un parti qui ne se retrouve plus dans la majorité gouvernementale peut décider de la quitter. C'est ce qui est arrivé, effectivement, au Maroc, pour le Parti de l'Istiqlal. Ses instances dirigeantes ont alors décidé de quitter ce gouvernement, ce qui est pour moi une chose tout à fait normale. Les alliances politiques ne sont pas éternelles. Ce n'est pas un mariage catholique. Un accident de parcours peut toujours survenir, ce qui est effectivement arrivé. C'est juste qu'au Maroc, nous ne nous sommes pas habitués à ce genre de situation».
«L'article 47 qui a été appliqué présentement stipule clairement que des ministres peuvent présenter leur démission», ajoute M. Benkhaldoun. «Dès qu'elle est acceptée par SM le Roi, le chef du gouvernement a le choix de recomposer une majorité, en remplaçant le Parti de l'Istiqlal sortant par des partis de l'ancienne opposition. Nous sommes actuellement en discussion avec le RNI, principalement, mais également avec d'autres partis. Si ces négociations se déroulent de manière positive et qu'une nouvelle majorité gouvernementale est constituée avec le RNI et peut être d'autres partis, on ne sait toujours pas, un nouveau gouvernement sera donc érigé.
Sinon, en l'absence d'entente, en pareil cas la constitution est claire. Il faut aller vers des élections législatives anticipées. On va voir comment va se dérouler ce round de négociation. S'il aboutit, il y aura constitution d'un nouveau gouvernement, ce qui serait positif. Si ça ne devait pas marcher, la constitution sera appliquée et il y a aura des élections anticipées. Le Parti de la Justice et du Développement a déclaré, dès le premier jour, qu'il est prêt à aller vers de nouvelles élections législatives, sans le moindre problème.
Nous prenons, bien sûr, en considération le coût d'organisation du processus électoral, surtout dans le contexte actuel, et le coût en terme d'image de marque du pays, qui est un exemple de stabilité dans une région secouée par les soubresauts. Nous pouvons voir ce qui se passe aujourd'hui dans les pays du printemps arabe. Nous devons donc tous défendre cette stabilité et ne pas tomber dans une crise, aussi bien envers l'opinion publique nationale qu'étrangère».
Scénarios possibles et vide constitutionnel: Le débat est engagé
Abdelkader Tattou estime que «cette crise gouvernementale va trouver rapidement solution, puisque, à ce que je sache, les négociations pour la constitution d'une nouvelle majorité et d'un nouveau gouvernement ont franchi d'importantes étapes, entre le chef du gouvernement et le RNI. Si ça ne marche pas, la constitution est claire, on ira vers des élections législatives anticipées. Sauf que l'organisation d'un scrutin électoral coûte cher et l'économie du pays ne pourrait pas supporter, peut être, le coût d'élections anticipées. Je crois que même le contexte ne le permet pas. Mais il demeure l'unique solution en cas d'échec du chef du gouvernement à constituer une nouvelle majorité gouvernementale».
« Il existe deux scénarios possibles pour mettre fin à l'actuelle crise gouvernementale», précise M. Rachid Roukbane, député du Parti du Progrès et du Socialisme et président du groupe du Progrès démocratique. «Si M. Benkirane ne parvient pas à convaincre un ou plusieurs autres partis de se joindre à sa majorité et coalition gouvernementale, il ne restera plus que l'organisation d'élections anticipées, ce que personne ne souhaite. Tous les acteurs politiques doivent garder à l'esprit que l'intérêt de la nation passe avant les intérêts de chaque formation politique et veiller à préserver la stabilité du Maroc. Le gouvernement choisi par le peuple doit pouvoir s'acquitter de sa mission constitutionnelle et appliquer son programme sans entraves».
«En fait, il n'y a pas deux solutions uniquement, mais trois», avance M. Ouahbi. «La première est que le PJD se coalise avec un autre parti, ce qui serait la meilleure solution. La seconde serait d'aller vers des élections législatives anticipées. La troisième serait que SM le Roi passe au parti qui suit le PJD en nombre de sièges remportés lors des dernières élections législatives. Il n'y a aucun article de la Constitution qui empêche un tel scénario.
La constitution accorde, bien sûr, la priorité au parti classé premier aux élections législatives. Mais rien n'empêche de faire appel au second en cas d'échec du premier à constituer une majorité gouvernementale. Nous n'allons pas nous amuser à organiser de coûteux scrutins législatifs à chaque fois qu'un parti classé premier aux élections échoue à constituer une majorité gouvernementale. Je ne vois aucun problème à ce que SM le Roi s'adresse au chef du parti classé second aux élections législatives pour constituer une majorité gouvernementale en cas d'échec du premier à y parvenir».
M. Tattou estime pour sa part que cette troisième solution, aussi préférable à l'organisation d'élections anticipées qu'elle pourrait l'être en cas d'échec de M. Benkirane à constituer une nouvelle majorité gouvernementale, n'est juridiquement pas possible. «Je crois qu'il y a un vide constitutionnel, puisque la loi fondamentale ne prévoit la composition du gouvernement que par le parti classé premier aux élections législatives, mais ne dis rien à propos des partis qui suivent. Nous savons que dans d'autres pays démocratiques, quand le parti classé premier aux élections législatives échoue à constituer une majorité gouvernementale, leurs constitutions prévoient explicitement qu'il est possible de s'adresser au parti qui vient après pour constituer le gouvernement. La constitution du Maroc ne le prévoit pas explicitement.
D'ailleurs, qu'est-ce qui nous dit que des élections législatives anticipées vont accoucher de résultats qui vont résoudre la crise. On peut très bien tomber à nouveau dans la même situation. Connaissant la scène politique marocaine, nous savons tous qu'il n'y a pas un seul parti qui peut obtenir seul la majorité pour constituer un gouvernement. Nous pouvons donc très bien nous retrouver avec la même carte politique après de nouvelles élections. Faudrait-il alors aller encore vers un autre scrutin électoral ?
A mon avis, il faudrait réformer l'article de la constitution qui n'accorde le droit de composer une majorité gouvernementale qu'au seul parti classé premier aux élections législatives».
«On ne peut pas perdre plus de temps», s'insurge M. Elyazghi. «Mais le chef du gouvernement, avec son laxisme, est entrain de retarder bon nombre de réformes qui sont nécessaires. Et la continuité de cette crise ne fera que pousser la situation sur le plan social et économique à de pires lendemains».
On a besoin d'une remise en cause rapide, d'une remise en cause réelle, afin de finalement avancer vers ces réformes que tous les marocains attendent impatiemment ».


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