Le quotidien algérien "Liberté" était absent jeudi des kiosques à cause de la grève illimitée entamée, la veille, par les journalistes et autres catégories du personnel, qui réclament des augmentations de salaires, au moment où leurs confrères du "Quotidien d'Oran", un autre important titre de la place, menacent, eux aussi, de débrayer pour le même motif. Une source syndicale à "Liberté" a affirmé que le mouvement, «massivement suivi», se poursuivra «jusqu'à l'application de la grille des salaires négociée», précisant que la direction de la publication n'a, «à aucun moment», cherché à ouvrir un dialogue avec la section de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), à l'origine de cette action, «pour trouver un terrain d'entente et résoudre le conflit». «Les responsables du journal étaient absents durant toute cette journée de grève (mercredi) laissant la situation du pourrissement, qu'ils ont provoquée par leur gestion catastrophique des conflits sociaux, empirer de plus en plus», a déploré la même source. Dans un communiqué, la direction du journal a estimé que l'application de la grille des salaires risquait de «déstabiliser l'entreprise financièrement», ce qui est loin de convaincre les grévistes, qui ont confié au site d'information «TSA», que «rien que pour cette journée, le préjudice causé par le débrayage est l'équivalent de quatre mois de la masse salariale». De leurs côtés, les journalistes du Quotidien d'Oran brandissent la menace d'une grève illimitée, sous quinzaine, si leurs revendications, dont l'augmentation des salaires, ne sont pas satisfaites. «Nous ne pouvons attendre indéfiniment que les caisses du journal se remplissent pour avoir droit à un salaire décent», souligne le collectif du journal dans une lettre de préavis adressée mercredi au directeur de publication, qui se serait engagé, en février dernier, à répondre positivement à ces demandes. «Nous vous informons que nous n'avons ni la prérogative ni des moyens de contrôle pour connaitre véritablement la situation financière du journal», lit-on dans la lettre, qui relève que cette situation «ne saurait et ne pourrait être un moyen de blocage pour le règlement de nos problèmes». En Algérie, les journalistes du secteur public sont mieux nantis que leurs confrères du privé, qui se plaignent souvent des modiques sommes perçues chaque fin de mois et qui ne leur permettent pas de faire face au renchérissement du coût de la vie. D'après des données non officielles, les journalistes du privé touchent en moyenne quelque 300 euros. Dans les médias publics, la situation est nettement meilleure: un journaliste-stagiaire commence par un salaire d'à peu près 470 euros, tandis que le plafond est fixé à un peu plus de 1.300 euros pour le grade de «chroniqueur», en vertu d'une convention collective signée en avril 2012.