La 20ème édition du Salon du livre de Casablanca ouvre ses portes du 13 au 23 février courant, sous le thème «Vivons le Maroc culturel». Cette année, l'invité d'honneur est la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) composée de 15 pays qui utilisent, en plus des langues nationales africaines respectives, quatre langues internationales : l'anglais, le français, l'espagnol et le portugais. Il s'agit des pays : Bénin, Cap Vert, Côte d'Ivoire, Congo, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée Bissau, Libéria, Niger, Nigéria, République Centrafricaine, Sénégal, Sierra Léone, Togo. L'importance de cette participation est mise en exergue, d'après les organisateurs, au niveau de la représentation officielle puisqu'il est prévue la présence de 13 ministres de la Culture des différents pays de la CEDEAO avec des délégations respectives de chaque Etat. Sont présents poètes, écrivains, éditeurs des différents pays. Dans le passé, l'invité d'honneur était un pays autour duquel des activités culturelles se focalisent. Avec les pays de l'Afrique de l'Ouest, l'accent semble être mis sur le développement Sud-Sud qui est en train de prendre un tournant, du moins pour le Maroc avec les mesures prises récemment en faveur de l'immigration des ressortissants de pays subsahariens qui vivent des problèmes d'insécurité à cause de conflits armés comme c'est le cas aujourd'hui pour la Centrafrique et naguère pour la Côte d'Ivoire, sans oublier les questions épineuses de précarité et chômage des jeunes où le Maroc est logé à la même enseigne. Autre signe de coopération Sud-Sud, le soutien résolu du Maroc au Mali pour un essor économique qui puisse le libérer des griffes de l'extrémisme. Au SIEL 2014, ce sont 54 pays qui sont représentés, 792 exposants dont 270 directs et 522 indirects en plus des institutions culturelles, associations, instituts, ambassades. On précise que l'espace d'exposition a augmenté de 1,5% par rapport à la précédente édition. Parmi les thèmes de rencontres et de débats autour des pays de la CEDEAO, figurent «Entre négritude et néo-négritude, quelle lecture faire de la négritude quatre-vingts ans après ?», «Ecritures féminines, la parole aux femmes de la CEDEAO» avec des femmes auteures et éditrices comme Kadiatou Konaré de la maison d'édition Cauris Livres du Mali, «Littératures nationales : langues et frontières» avec témoignages d'auteurs du Libéria, Gambia, Sierra Léone et du Nigéria, «Création culturelle et présence de la CEDEAO dans le monde», «De la littérature orale à la littérature moderne africaine, greffe de l'oral dans l'écrit». Une rencontre permettra d'aborder la situation de l'édition aujourd'hui en Afrique de l'Ouest : «Edition du livre en Afrique, Etat des lieux». Toujours sur le thème de l'Afrique, des publications de 2013 de l'Institut des Etudes Africaines de Rabat seront présentées notamment : «Regard marocain sur l'Afrique littéraire» ouvrage collectif avec la coordination de Samira Douider, «L'Afrique en puissance» collectif présenté par Mohamed Echkoundi et enfin «Le patrimoine musicale partagé maroco-africain» en arabe. Le programme d'activité du CCME converge vers le même thème de l'Afrique mettant surtout l'accent sur la mobilité et le genre. En dehors de l'Afrique, des pays de l'Amérique Latine sont concernés dans le programme officiel dont le Mexique avec une série de rencontre sous le thème «Le Mexique et la poésie du désert», «Le Mexique et le roman du désert», le Chili avec notamment la présentation d'un livre traduit en arabe «Le Maroc vu avec des yeux chiliens» ouvrage collectif par des Chiliens ayant visité le Maroc, la Colombie avec Eduardo Garcia Aguilar auteur des poèmes «Llanto de espada» (Temps de crabes). Parmi les activités marquantes, la cérémonie de remise du Prix du Maroc pour le Livre avec des rencontres autour des auteurs primés dont Youssef Fadel pour le roman, aussi celle du Prix Argana décerné au grand poète français Yves Bonnefoy. Parmi les rencontres importantes il y a celles instituées pour faire connaître les jeunes auteurs marocains publiés par le ministère de la Culture. Aussi des rencontres autour des thèmes de cultures amazighe et hassanie. Dans le programme il est prévu aussi des hommages pour les disparus. Ainsi la commémoration de l'anniversaire de dix ans de la mort de Mohamed Choukri en collaboration avec la Fondation Choukri récemment créée à Tanger. D'autres hommages seront rendus à des auteurs récemment décédés : le poète Mohamed Sabbagh, l'historien Mohamed El-Ayadi, le peintre Mohamed Chabaa, le philosophe Salem Yafout, Mohamed Rachek poète en zajal et le célèbre poète égyptien Mohamed Fouad Najm. Au total plus d'une centaine d'activités avec une moyenne de dix par jour, 338 intervenants marocains et 75 étrangers dans des conférences, tables-rondes, colloques thématiques, présentation et signatures de livres. Les rencontres se déroulent dans des espaces aménagés : salles Mohamed El-Ayadi, Mohamed Sabbagh, Mohamed Ben Tayeb Roudani. Sans compter l'Espace pour enfants avec des activités autour de la lecture, le conte. D'autres activités dans les différents pavillons des pays participants ou des institutions comme l'Institut Royal de Culture Amazigh ou le Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger, l'Ambassade de France, l'Institut Cervantès. Ce dernier organise notamment le centenaire de la première édition du récit poétique «Platéro et moi» du poète espagnol Juan Ramon Jimenez Prix Nobel de littérature en 1956. De nombreux ouvrages seront présentés comme «Le Métier d'intellectuel, dialogue avec quinze penseurs du Maroc» ouvrages réalisé par Fadma Ait Mous et Driss Ksikes paru aux editions En Toutes Lettres, « Essais sur la société, l'histoire et la religion » de Mohamed El-Ayadi publication de la Fondation du Roi Abdul-Aziz, «Histoire des bibliothèques musulmanes» en arabe de Abdelhay Kettani édition critique réalisée par Chawki Binebine et Abdelkader Saoud, «La Poétique de Mohamed Bennis» de Azeddine Chentouf éditions Toubkal, «Poems 1969-2013» recueil de poésie en anglais de Hassan Mekouar retraçant le parcours poétique atypique d'un poète marocain qui a choisi d'écrire en anglais publication de la Fac de lettres de Rabat. Autres ouvrages qui seront présentés «Guide du théâtre marocain» en arabe d'Ahmed Messaaya, «Cérémonie de noces chez les Maures» en arabe par Brahim El Haissen, «Marrakech l'ocre» de l'écrivain chilienne Carmen Letelier Röyem, «Mémoire juive de l'Oriental marocain» éditions La Croisée des chemins. Des rencontres autour de la lecture publique prévues, animées notamment par le Réseau pour le développement de la lecture publique, ONG récemment créée, permettront de pointer le doigt encore une fois l'immense déficit en matière de bibliothèques publiques au Maroc même et surtout à Casablanca où le salon du livre se tient depuis 27 ans.