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Atelier d'art-thérapie du Centre psychiatrique universitaire Ibn Rochd : Une structure en quête de reconnaissance
Publié dans L'opinion le 03 - 05 - 2014

Situé dans l'espace de consultation psychiatrique, c'est une petite salle bien éclairée par un patio, aménagée avec une partie occupée par deux tables, des sièges où se tiennent des patients pour écrire, dessiner et peindre. Une autre partie, surélevée de quelques centimètres, est occupée par une autre table encombrée de livres et autres objets dont des instruments de travail, stylos, crayons, papiers etc. C'est là où se tient l'animatrice de l'atelier. Un peu partout accrochées ou mises par terre adossées au mur, des toiles de peintures de différentes dimensions. Nombre d'elles sont les œuvres de patients. Une musique de fond anime constamment le lieu. C'est l'Atelier d'art-thérapie du Centre psychiatrique universitaire (CPU) Ibn Rochd à Casablanca. Il est tenu par Bouchra Benayazza art-thérapeute. Son objectif est de contribuer aux soins en usant des procédés artistiques : écriture, dessin, peinture.
Ouvert en 2011, il y a presque trois ans, l'atelier art-thérapie est créé à l'initiative de la Ligue Marocaine de Santé Mentale (LMSM) qui était présidée par Pr Moussaoui, ancien médecin chef du Centre Psychiatrique Universitaire Ibn Rochd. Son statut reste celui d'un espace relevant d'une ONG, installé au sein d'un établissement de santé publique. C'est du reste la première expérience du genre au Maroc. L'idée de sa création est venue à l'arrivée de Bouchra Benyazza.
«Je suis artiste plasticienne à la base avec une formation en psychologie et un master en art-thérapie effectués en France. C'est à la suite d'un stage à l'hôpital psychiatrique du CHU Ibn Rochd que la Ligue m'a chargée de m'occuper de cet atelier d'art-thérapie» confie la responsable de l'atelier.
A ce jour, elle dépend donc juridiquement de la LMSM qui l'emploie en vertu d'un contrat. Ce qui veut dire que l'atelier en question n'est qu'officieusement reconnu par l'administration de tutelle de l'hôpital, à savoir la Direction du CHU Ibn Rochd. Cela est loin d'en diminuer l'importance, celle d'une structure prise en charge matériellement par des bénévoles accueillant des malades stabilisés qui s'apprêtent à quitter l'hôpital après un séjour qu'ils y auraient passé suite à une crise. Ces patients auraient effectué le parcours classique en passant par les urgences, l'hospitalisation dans le service fermé et c'est au moment de leur stabilisation en passant par le service ouvert qu'ils peuvent passer par l'atelier d'art-thérapie sur prescription du médecin traitant.
Au début du lancement de cette expérience, d'aucuns restaient dubitatifs. Etant donné les carences les plus essentielles dans le domaine psychiatrique touchant à la capacité d'accueil très réduite par rapport à la demande forte, les ressources humaines médicales et paramédicales au compte-gouttes, le manque chronique des médicaments pour les malades nécessiteux, le débordement de problèmes de prise en charge de cas sociaux etc. Pour toutes ces raisons, d'aucuns auraient eu tendance à penser qu'un atelier d'art-thérapie à Casablanca dans un établissement hospitalier public ne pouvait être tout juste que décoratif. Soit du luxe superfétatoire quand le juste nécessaire fait défaut.
Pourtant, l'idée de cet atelier est à coup sûr judicieuse tant que l'un des objectifs reste «l'humanisation de l'hôpital» pour reprendre un slogan en vogue à une certaine époque pas très lointaine quand l'hôpital psychiatrique du CHU s'appelait «pavillon 36», ce qui a fini par greffer au chiffre 36 de sombres connotations stigmatisantes dans le langage courant.
L'activité de cet atelier se résume dans l'orientation de patients par leurs médecins traitants, des psychiatres du CPU.
«L'objectif c'est de créer le mieux-être du patient» souligne Bouchra Benyazza qui poursuit:
«Chaque patient s'exprime sur le papier et après on en discute. Quand il y a des délires, tout a un sens. L'objectif de l'art-thérapie en psychiatrie c'est d'aider le patient à exprimer ce qui ne peut l'être de manière verbal avec le médecin. Ce qui permet de découvrir des tas de choses chez des patients qui souffrent de schizophrénie, bipolarité, dépression...».
On note qu'il faut faire la différence entre, d'une parte, l'art-thérapie conçu pour personnes non malades mentales qui sont en quête de plus d'équilibre et d'estime de soi. D'autre part, l'art-thérapie destiné aux malades souffrant de troubles mentaux. Ce dernier est conçu pour permettre aux praticiens de mieux connaître leurs patients. Pour permettre aussi aux patients plus ou moins conscients de pouvoir mettre des mots, des formes et des couleurs pour désigner les maux dont ils souffrent comme s'ils y posaient un dictame. Reste à noter aussi que les deux formes d'art-thérapie connaissent de l'engouement et peuvent dans bien des cas résulter d'un effet de mode consumériste.
Au sein de l'atelier du CPU, les patients sont donc orientés par les médecins psychiatres de l'hôpital, ce qui donne lieu à une sorte de travail en équipe.
«Avec des médecins et infirmières, nous avons constitué une équipe qui n'a rien d'officiel et qui travaille en complémentarité. L'équipe est constituée de jeunes médecins psychiatres dont Dr Fouzia Adabi, Dr Myriam Bouslikhane et Dr Adnane Benazouz et une infirmière, Nawal Chouaib, véritable cheville ouvrière, infirmière en chef du service fermé hommes».
L'activité de l'atelier semble cependant se faire discrète. Depuis 2011, aucun rapport d'activité n'a été réalisé pour pouvoir visualiser le travail effectué avec les patients et en faire une évaluation précise.
«Tout ce que je peux dire, c'est que nous avons toujours eu six patients en même temps par jour, des fois je peux avoir jusqu'à huit. Mais c'est assez prenant, car pour chaque patient il faut accorder une attention particulière. Et puis il faut des moyens matériels. Il y a heureusement des bienfaiteurs qui nous aident. Par exemple Dounia Benghanem d'Alfa 55, une amie du lycée qui nous a offert ce fauteuil massant, je la bénis tous les jours ! Quand un patient est un peu agité, pour qu'il ne s'excite pas, une séance de massage dans ce siège permet de le détendre. Pour les patients stabilisés nous organisons des ex
positions où ils peuvent vendre leurs productions, une expo vers la fin de l'année et une autre en été. Nous avons deux patients artistes. Le dessin et la peinture, certains les avaient déjà pratiqués à l'école, mais ça leur permet de retrouver une forme de bien-être, du calme et en même temps par rapport à leurs idées, ça les replacent, ils sont plus rationnels parce qu'entre ce qu'ils font quand ils sont agités et le reste il y a une évolution. En fait l'art thérapie c'est un support à la psychothérapie».
D'après toujours la responsable de l'atelier, il s'agit là de «la première expérience du genre au Maroc car il n'y en pas de similaires dans des établissements hospitaliers publics».
Mais bien qu'il s'agisse d'une activité importante appréciée par les jeunes praticiens en exercice au CPU et qui existe depuis trois ans, il n'y a curieusement aucun bilan d'activité depuis l'ouverture pour savoir comment cette activité a évolué, le nombre des bénéficiaires passés par l'atelier etc.
A ce propos, Bouchra Benyazza fait mention d'une première sortie médiatique incarnée dans la présentation du travail effectué au sein de l'atelier art-thérapie du CPU :
«C'est un documentaire que j'ai présenté il y a trois mois à Marrakech lors d'un congrès à l'occasion de l'ouverture d'un Centre psychothérapique dans la ville rouge. Ce documentaire concerne des patients ayant bénéficié de séances de l'atelier art-thérapie du CPU de Casablanca, c'était l'occasion aussi de montrer comment cette structure fonctionne et son impact sur la vie des patients».
L'atelier d'art-thérapie du CPU est à coup sûr une bonne initiative qui permet, outre l'appoint pour les prescriptions ciblées des praticiens, d'introduire une touche d'ouverture dans une enceinte de soins traditionnellement fermée. L'expérience est à développer en procédant à un travail d'évaluation de ce qui est réalisé au quotidien. Mais c'est le suivi extrahospitalier qui reste le plus important avec des personnes souffrant souvent de maladies mentales chroniques qui ne trouveront pas de relais dans leurs quartiers.


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