Le chômage des jeunes, la classe moyenne, le système de retraite, la Caisse de Compensation, la corruption..., tels sont les principaux sujets abordés par Christine Lagarde, directrice générale du FMI, qui était en visite au Royaume du 7 au 9 courant, avec les responsables marocains. « Le chômage des jeunes reste important. Il faut créer les entreprises et encourager la compétitivité », a-t-elle souligné, ajoutant qu'une croissance entre 2,3 et 4,2% prévue en 2014 ne suffirait pas pour réduire le chômage, surtout des jeunes. La patronne du FMI avoue quand même que la crise de l'emploi des jeunes ne touche pas seulement le Royaume mais aussi la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord). « ...Cette jeunesse est un dividende démographique fort qui peut être un atout pour la région. Pour cela, il faut créer une économie dynamique capable de créer les emplois nécessaires et pour ce faire, le taux de croissance doit être doublé ». Dans ce sens, Christine Lagarde a noté, pour le cas du Maroc, que l'effort devrait être également porté sur l'efficience du marché du travail. Pour cela, elle a estimé que l'Etat doit être un soutien des TPE et PME qui sont l'épine dorsale d'une économie saine. « Le Maroc en particulier est en retard dans ce domaine, le nombre de TPE/PME pour 1.000 habitants étant en moyenne 2 fois moins important qu'en Europe Centrale ou en Asie Centrale, avec un poids important du secteur informel. L'Etat doit donc assurer la cohérence de ses politiques économiques pour favoriser l'émergence de ce tissu de TPE/PME et instaurer un dialogue de compétitivité avec les entrepreneurs, tout en favorisant la transition de l'informel vers le formel. Autre sujet inquiétant abordé par la patronne du FMI est relatif à la classe moyenne. « Une catégorie indispensable pour développer l'économie moderne. L'Etat doit œuvrer au renforcement de la classe moyenne dont la situation ne s'est pas améliorée depuis les années 1990, alors que la croissance était plus forte qu'aujourd'hui. Les fruits de la croissance n'ont donc pas été partagés. Or, une classe moyenne solide renforce la cohésion sociale et est souvent le vivier de l'entrepreneuriat ». S'agissant du système de compensation, la directrice générale du FMI voit d'un bon œil la réforme des subventions. Elle a encouragé devant ses différents interlocuteurs les autorités marocaines à poursuivre les réformes budgétaires difficiles et à mettre en œuvre un programme de réformes structurelles visant à rehausser la compétitivité, à améliorer le climat des affaires et à créer davantage d'emplois. Christine Lagarde a attiré aussi l'attention sur la problématique des retraites au Maroc. D'après elle, le gouvernement est appelé, sans plus tarder, à réformer le système. Concernant la croissance du PIB marocain en 2014, Lagarde a déclaré que « la croissance économique nationale ralentira au-dessous de 4% en 2014, car la production agricole devrait se rapprocher de son niveau normal, mais l'activité hors agriculture devrait se redresser, grâce notamment à la reprise en Europe ». Elle a ajouté que le déficit des transactions courantes devrait continuer à se contracter, en raison notamment de l'action soutenue des pouvoirs publics et de la baisse des prix mondiaux de l'énergie.