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Musée de Tazouda : Ou comment les dinosaures sortent de l'anonymat un patelin perdu du Haut Atlas
Publié dans L'opinion le 16 - 09 - 2014

Nombre de régions cherchent à mettre en valeur leurs spécificités dans l'espoir d'en faire un moteur de développement économique et social. Quand il s'agit de régions rurales, les opportunités de développement peuvent être, outre l'agriculture et l'élevage, le tourisme en rapport avec le patrimoine culturel, architectural, historique ou naturel. Mais bien des régions rurales semblent déshéritées faute de spécificités particulières à mettre en avant qui plus est quand des carences en infrastructure s'en mêlent pour freiner tout développement digne de ce nom.
C'était le cas de la localité de Tazouda, située sur le versant Sud du Haut Atlas, faisant partie de la commune rurale d'Imi N'Oulaoune, province Ouarzazate, Région Souss-Massa-Draa. Cette commune figure parmi les régions les plus enclavées. Jusqu'en 1998, il semble qu'on n'ait jamais signalé son existence au-delà de la région bien que l'un de ses douars soit extirpé de l'anonymat par le peintre orientaliste français Majorelle avec une toile datée de 1949 « La kasbah de Tazouda » où l'artiste montre sa passion pour l'art très particulier de « l'architecture rurale berbère ».
Depuis 1998, cet obscur douar devient, du jour au lendemain, un centre d'intérêt aux niveaux national et international, suite à la découverte d'un gisement extraordinaire de vestiges fossiles de dinosaures qui s'avèrent être ceux des plus anciens dinosaures, primitifs, jamais découverts au monde, datant de 180 millions d'années (Lire l'entretien avec Philippe Taquet, paléontologue, président de l'Institut de France).
Les fouilles de 2001 à 2007 confirment l'importance de cette découverte au fil des travaux effectués par des scientifiques marocains et étrangers, avec récolte de pas moins de 700 ossements fossiles de dinosaures. Dans le lot, deux dinosaures quadrupèdes ont été identifiés, l'un herbivore qui a été nommé Tazoudasaurus Naimi et un deuxième carnivore baptisé Berberosaurus Liasicus.
« Tazouda devient un haut lieu de la recherche paléontologique mondiale », note-t-on, fièrement, dans un compte rendu de l'Association Tazouda.
C'est que les fouilles ont mis au jour des fossile remontant au Jurassique inférieur, une époque datant d'il y a 180 millions d'années. On a recueilli des éléments du crâne du Tazoudasaurus qui s'avère être « le plus ancien crâne de sauropode connu au monde ».
La particulière originalité de la trouvaille, fait germer l'idée de fonder un musée dédié à ce site.
Une association est créée pour veiller au suivi pour la réalisation de ce projet en regroupant tous les partenaires, habitants, autorités locales, élus, société civile et scientifiques. Il fallait que le musée soit construit à même la fosse où furent découverts les fameux ossements fossiles. C'était son originalité et donc le premier musée du genre au Maroc conçu de cette manière. C'est grâce à un don de la famille française Ricqlès, que le projet avait pu démarrer. Mais le musée devait prendre du retard pour voir le jour. Son inauguration avait été prévue pour 2011, mais le rendez-vous n'a pu être tenu. Et pour cause, puisque les travaux avancent lentement et le manque de moyens n'est pas en reste, surtout quand on tient à respecter les normes muséologiques internationales. Ce fut le cas pour le dernier épisode des travaux d'aménagement du musée, à savoir la scénographie.
Aujourd'hui, on parle d'une inauguration au cours de l'année prochaine, 2015. Tous les travaux sont terminés, il ne reste plus que la scénographie qui vient d'être confiée à un spécialiste français, nous confie Moussa Masrour, membre du comité scientifique du musée de Tazouda (Lire entretien ci-contre).
Le bâtiment devant abriter le musée de Tazouda a été construit par Elmamoune Zagrouj, architecte à Ouarzazate. Couleur ocre dans le style traditionnel monumental des kasbahs châteaux fortifiés qu'on découvre dans la région, la construction trône sur une colline et épouse d'une manière harmonieuse le paysage.
Le musée est ainsi situé entre Azilal au Nord, Skoura au Sud, Kalâat Mgouna au Sud-Est et Ouarzazate au Sud-Ouest. Il s'érige en complémentarité avec le musée d'Azilal et le Géoparc du M'goun pour constituer ce qu'on appelle « la route des dinosaures ». On se rappelle que c'est pendant les années 1980 qu'un autre gisement fossile important de dinosaure avait été découvert près d'Azilal avec un squelette d'un saurien baptisé Atlasaurus Imelakei, immense sauropode du Jurassique moyen (160 millions d'années) long de 17 mètres et haut de 6 mètres, dont le squelette moulé fut, depuis les années 1990, exposé au musée des sciences de la terre du ministère de l'Energie et des Mines à Rabat. Ce squelette va constituer l'une des attractions du musée d'Azilal.
C'est vrai que le site des dinosaures, à condition d'être bien mis en valeur, peut constituer un atout majeur pour le rayonnement de toute une région, soit un levier de développement économique important. Mais il en faudrait beaucoup plus pour que les déficits en développement soient atténués un tant soit peu dans la région qui, malheureusement, souffre de beaucoup de retard en infrastructures de base.
Pour le tourisme, en 2012, on comptait cinq structures d'hébergement gîtes dans toute la commune. Celle-ci ne compte pas de moussems pour mettre en valeur ses traditions culturelles amazighes qui sont pourtant particulièrement riches. L'absence d'infrastructures touristiques a fait de la région un simple territoire de transit vers Azilal ou Tinghir. Pourtant, la région ne manque pas d'attraits avec ses kasbahs, grottes et autres gorges.
« Malgré ses kasbahs, ses gorges, grottes et cascades, la commune rurale d'Imi N'Oulaoune ne figure sur aucun circuit touristique », note-t-on dans le Rapport de diagnostic participatif de la commune en 2009. Les choses ne semblent pas avoir changé d'un iota depuis.
Les différents rapports et monographies réalisés sur la commune mettent l'accent sur les potentialités touristiques, en particulier après la découverte des plus anciens vestiges de dinosaures en 1998 à Tazouda, ce qui fera de la commune un lieu de pèlerinage de tourisme scientifique et culturel.
Mais la situation d'enclavement de la région, qui n'aurait rien à envier à la célèbre région d'Anefgou, semble s'interposer comme un handicap majeur.
« Les habitants d'Imi N'Oulaoune n'ont accès à la commune rurale voisine d'Ighil M'Goun ou le versant Nord du Haut Atlas et la Province d'Azilal, que par des pistes. Le niveau de couverture des besoins en matière d'infrastructure routière a été estimé à 5% par les services techniques de la commune, et de nombreux douars ne sont pas accessibles en hiver, à cause de la neige, pendant parfois 3 mois », selon un rapport diagnostic.
De leur côté, les problèmes de l'éducation sont légion. A leur tête des coutumes de travail aux champs des enfants à un âge très précoce, une attitude de protection conservatrice envers les filles, l'éloignement des établissements scolaires, surtout le collège, des grandes vacances scolaires à cause des mois d'enclavement suite aux chutes de pluie et de neige qui rendent les pistes impraticables.
Avec un collège le plus proche situé à 12 kms, à peine 10% des filles de la commune ayant réussi au cycle primaire parviennent à intégrer le cycle secondaire. Très peu d'enfants de la commune dépassent le cycle d'enseignement primaire pour manque de moyens matériels, absence d'intérêt des parents pour l'enseignement et du fait du travail précoce des enfants, sans oublier le manque d'infrastructures routières et de transport pour atteindre le collège. Selon un classement réalisé par la Near East Foundation, la commune est classée à « la deuxième plus mauvaise place » pour ce qui est de la déperdition scolaire des filles dans l'ensemble de la province d'Ouarzazate durant l'année scolaire 2004-2005.
Ce sont des générations entières d'enfants empêchées de s'instruire pour prendre en charge les rennes du développement de leur région. Pour l'instant, les jeunes et moins jeunes, ce qu'on appelle la population active, quittent leurs douars. On estime que presque la totalité des hommes en âge de travailler ont tendance à quitter le territoire pour aller travailler dans différentes villes, voire à l'étranger, en tant qu'ouvriers, puisatiers, commerçants, transporteurs, laissant parents vieux, épouse et enfants, belle-sœur, veuves, etc.
Faute de routes goudronnées, restent donc les pistes « souvent en très mauvais état ». La commune est accessible par la route régionale reliant Skoura à Toundoute. Sur 227 kms de routes, 57 kms seulement sont goudronnées (Monographie de la commune Imi N'Oulaoune 2012).Certes, la « route des dinosaures » ne sera pas une baguette magique pour booster le développement, mais elle aura néanmoins l'avantage d'attirer l'attention sur des réalités peu reluisantes qui appellent à la mise en place de vrais programmes de développement régional.


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