Après le démantèlement du réseau terroriste des «Descendants de Youssef Ibn Tachfine», la nouvellement créée Brigade Centrale d'Investigation Judiciaire (BCIJ), aussitôt rebaptisée FBI marocain par les médias nationaux, s'attaque au crime organisé. Huit membres d'une dangereuse bande criminelle, accusée, entre autres, d'homicide, vols avec violence et effraction et détention d'armes à feu, ont été récemment mis sous les verrous, leurs complices étant activement recherchés. Le patron du BCIJ, Abdelhak Khiame, qui communique avec grande aisance avec les médias, a tenu, lundi 20 avril, au siège de son département, à Salé, une conférence de presse pour donner les plus amples détails sur cette affaire. C'est l'assassinat d'un septuagénaire et le cambriolage de sa villa, à Agadir, suscitant l'émoi des Gadiris, le 3 avril, qui a motivé l'intérêt du BCIJ pour cette affaire. La victime a été séquestrée, torturée avant d'être assassinée. Les criminels ont dévalisé dans un coffre-fort 26.000 Dhs, en monnaie nationale et en devises, et mis la main sur une voiture Golf bleue. Une enquête approfondie a été menée par les éléments de la brigade de lutte contre le crime organisé du BCIJ, permettant de remonter toute une chaîne d'information, commençant par la femme de ménage de la villa, à Agadir et ses deux soeurs, jusqu'à une autre femme, voyante de son état, installée à Aït Melloul et qui était au fait des habitudes des occupants de la villa par le biais des soeurs de la femme de ménage. C'est la voyante qui a briefé les membres de la bande criminelle. Une fois des membres de la bande identifiés, ils ont été filés et surveillés, pour remonter à leurs complices, efforts qui ont abouti à l'arrestation de quatre d'entre eux, à Sidi Allal Bahraoui, et quatre autres à Marrakech, Bir Jdid et Chemaïya. Une femme figure parmi les huit présumés criminels appréhendés. Un receleur a été, par ailleurs, arrêté à Oued Zem, dans le cadre de cette affaire. Tout un arsenal a également été saisi, comprenant deux fusils de chasse volés à Safi, une carabine et un fusil à deux canons juxtaposés, qui ont été sciés, ce qui augmente l'énergie cinétique de la balle et la puissance de son impact à courte distance. Outres les deux fusils et des armes blanches, les éléments de la BCIJ ont aussi mis la main sur des pieds de biche, destinés à forcer les portes, du poison, pour se débarrasser des chiens de garde, des voitures dérobées, dont un véhicule utilitaire Renault Master servant à transporter du bétail volé, des plaques minéralogiques marocaines et étrangères, ainsi que des cagoules, des gants et 500 g de Chira. Il s'est avéré que cette même bande était également responsable de l'assassinat perpétré au fusil de chasse sur un commerçant, à Had Soualem, au cours du mois d'août 2014, semant la terreur parmi les habitants de la région. Les membres de la bande criminelle ont tué un homme de sang froid, juste pour lui voler 300 Dhs et quelques bouteilles de boisson gazeuse ! La véritable spécialité de ladite bande, active depuis dans plusieurs provinces du Royaume, est le vol de bétail, les criminels arrêtés en ont avoué une quarantaine, mais ils ne rechignent pas, non plus, à commettre des vols avec effraction et violence et des agressions. En réponse à une question de L'Opinion concernant les liens entre les membres de cette bande, issus de différentes provinces mais agissant de concert, M. Khiame a souligné qu'il s'agissait de repris de justice aux casiers judicaires bien garnis, qui ont développé leurs relations en milieu carcéral. Leur mode opératoire prête particulièrement à attention. Quand des membres de la bande repèrent un coup à mener dans leur région, ils contactent par téléphone leurs complices partout où ils sont pour les rameuter. Une évolution dangereuse de la criminalité marocaine vers le grand banditisme semble ainsi se dessiner, avec des complices non fichés, donc loin de tout soupçon, servant de sources d'information. Le BCIJ, dont le champ de compétence recouvre tous les crimes et délits spécifiés dans le cadre de l'article 108 du code pénal, allant du terrorisme au crime organisé, semble donc l'outil le plus adéquat pour faire face à l'apparition de nouvelles formes de criminalité, opérant à travers tout le territoire du Royaume, palliant aux limites juridiques des structures de sécurité existantes, aux compétences territoriales localisées.