Il a fallu une photo pour que la conscience se réveille. Il s'agit de cette photo montrant un garçon bien habillé, portant un pull rouge, une culotte bleue et des chaussures noires, étendu sur une plage, face à l'eau, donnant l'impression qu'il s'endort. Cette photo est suivie par une autre montrant un gendarme ou garde-cotes saisissant le même garçon entre ses bras. Tout est dit dans ces photos qui ont fait le tour du monde via les médias. Les journaux télé les ont passées en boucle en procédant parfois à quelques trucages abjects selon l'intérêt ou les lignes éditoriales des chaines. Les quotidiens ont en fait leur manchettes envahissant les "Unes" en vue de choquer au maximum. Et l'opinion publique internationale a été effectivement choquée par le drame que vivent les enfants et leurs familles issus de pays ravagés par des guerres souvent fratricides. Ils paient les frais des politiques aveugles et absurdes que veulent imposer par la force les fractions, brigades, milices, gangs, franges, groupuscules, et autres mains armées au mépris des lois et des droits faits par les hommes et respectés nulle part. Il en découle l'existence encore une fois d'émigrés par milliers et bientôt par millions fuyant ces lieux devenus invivables spécifiquement en terres arabes ou africaines, là ou sévissaient ou sévissent encore les dictatures sous différentes facettes exercées et imposées par des hommes sans scrupule ni conscience. On apprendra par la suite que le garçon que montre la fameuse photo est celle d'un enfant syrien, nommé Aylan Kurdi, âgé de huit ans, dont la mère et le frère ont péri en haute mer. L'enfant en question avait échoué sur la plage turque de Bodrum après avoir glissé des mains maladroites de son père, resté vivant. Une photographe turque, chargée de couvrir les malheurs des réfugiés syriens, nommée Nilufer Demir, avait saisi la photo par hasard croyant d'abord que l'enfant s'endormait. "Quand je l'ai vu, je suis restée figée", déclara-t-elle envahie par l'émotion. C'est l'émotion qui avait gagné les cœurs des êtres humains ou ce qu'il en reste en particulier chez les politiciens et gouvernants pour qu'ils changent rapidement et paradoxalement de position et de stratégie face au drame des réfugiés. Répondant à l'émotion qui avait saisi les peuples, endeuillés malgré eux par la mort indigne d'un enfant disparu dans l'innocence, les gouvernants avaient intérêt, pour perdurer surtout leurs pouvoirs, de se mettre au diapason de leurs peuples. Et c'est l'humanité toute entière qui est sortie glorieuse de ce drame qui dure hélas encore et s'amplifie et ce grâce à l'impact d'une photo. Cela démontre d'une manière concrète la force et la puissance de l'image.