L'allocution de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à la 21ème Conférence des Parties à la convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et dont lecture a été donnée, lors de la séance inaugurale de cette Conférence, par SAR le Prince Moulay Rachid, en présence du Souverain, a été, de l'avis unanime des politiques, des experts et des acteurs de la société civile lucide et sans concession. Cette allocution a suscité la prise de conscience de l'urgence à résoudre la crise des dérèglements climatiques comme elle ose interpeller les instances onusiennes et les dirigeants du monde sur le sujet en expliquant que la question du changement climatique doit être l'affaire de la société monde tout entière, dans le cadre du développement durable. Aux yeux du Souverain, la menace que fait planer le dérèglement climatique est planétaire et, donc, aucune nation, aucune région, aucun continent n'échappera aux conséquences du phénomène d'altération climatique. C'est donc une allocution qui sonne l'alarme avec un sérieux et une responsabilité remarquables et qui appelle la communauté internationale à agir avec célérité et fermeté et dan un esprit de solidarité, d'équité et de responsabilité pour préserver l'avenir et mieux maîtriser son propre destin. Une allocution d'une forte charge pédagogique car elle nous éclaire sur les multiples approches adoptées par le passé, restées soit des déclarations de bonnes intentions ou de simples vœux pieux. Dans ce cadre, l'on sait aujourd'hui ce qu'il est advenu de bien des rencontres au sommet et de bien d'autres réunions et conférences qui s'en sont suivies. Aujourd'hui, avertit Sa Majesté, «chacun sait que le temps du doute et du scepticisme n'est plus permis, pas plus que ne le sont désormais, l'alibi des fausses priorités, pour une communauté des Nations, qui, pendant longtemps, a accepté de tourner le dos au devenir et à l'avenir de tous ses enfants». Appelant à plus d'efficacité dans l'action et fermement convaincu que la tangibilité des résultats vaincra les résistances et les réticences, le message dit par Sa Majesté est sans équivoque : les signaux d'alarme sont là pour qui veut les voir et les entendre, le futur est entre nos mains. Inverser la tendance, actuellement de mise, passe donc impérativement par l'engagement à la faveur d'une stratégie de développement durable dont le levier fort doit être la constitution d'une nouvelle forme de sensibilité collective. Une sensibilité et un sens civique comme bases de préoccupation de la durabilité des ressources, de la terre et de l'écosystème de façon globale. A défaut, le constat est sans appel : si les tendances actuelles persistent, le monde des prochaines décennies sera plus pollué, sujet à des dérèglements climatiques plus prononcés, d'une plus grande instabilité écologique et plus sensible aux perturbations. Appel, donc, pour que tout un chacun prenne la juste mesure des choses et se convaincre que le temps où les richesses de la faune et de la flore étaient considérées comme illimitées, est bien révolu. L'enseignement phare contenu dans l'importante allocution de Sa Majesté est à apprécier à l'aune de cette réalité : ce dont l'humanité a besoin aujourd'hui, c'est d'une règle de conduite fondée non plus sur la croyance en une croissance illimitée et dans une abondance infinie, mais, au contraire, sur de nouveaux modes de production et de consommation qui répondent aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. De ce fait donc, la simple remise à plus tard de l'application de solutions appropriées contre le dérèglement climatique et afin de promouvoir toutes les ressources du patrimoine de l'humanité, c'est appeler des complications plus inextricables avec des choix plus réduits pour les clarifier. L'exemple édifiant de notre pays en termes de réalisme, d'anticipation et d'action dans le combat contre le dérèglement climatique, contre la pénurie des ressources et contre les multiples atteintes à la faune et à la flore a eu sa place de choix dans l'allocution de Sa Majesté comme étant «un acquis structurel et central pour l'avenir du Maroc». Politique des barrages, combat contre la désertification et la sécheresse, protection des ressources halieutiques, charte de l'environnement, transition énergétique, dont le Maroc est devenu acteur majeur de par le monde,... autant d'axes forts de la stratégie menée par le Maroc depuis plus d'un demi-siècle et qui le confortent, aujourd'hui, dans son positionnement d'acteur clef dans le processus de développement durable. Un background et un modèle exemplaire que la communauté mondiale va pouvoir apprécier à juste titre lors de ce rendez-vous mondial à Marrakech en novembre 2016, date de la prochaine édition de la Conférence des Nations Unies sur le climat (COP 22). Signal fort que le Royaume du Maroc et la République Française sont sur la même longueur d'onde pour soutenir une réelle dynamique du progrès et pour faire entrer le climat dans l'équation d'un développement soutenable. Mohamed BEROUAL