Réunissant chefs d'Etat, bailleurs de fonds et partenaires internationaux, la Table ronde des investisseurs ouverte à Casablanca consacre deux jours de débats stratégiques autour du Plan national de développement 2024-2028 de la République centrafricaine. Doté d'une enveloppe de 12 milliards de dollars, ce programme entend convertir l'immense potentiel minier, agricole et énergétique du pays en projets concrets, tout en stabilisant un territoire marqué par des décennies de fragilité politique et institutionnelle. Casablanca s'est transformée, les 14 et 15 septembre 2025, en carrefour diplomatique et économique pour l'avenir de la République centrafricaine (RCA). Le Maroc a accueilli la Table ronde des investisseurs dédiée au financement du Plan national de développement 2024-2028 (PND), une stratégie ambitieuse de 12 milliards de dollars destinée à remettre sur les rails un pays marqué par des décennies de conflits et de fragilité institutionnelle. L'événement, coprésidé par le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra, a réuni des partenaires internationaux, des bailleurs de fonds multilatéraux et les autorités marocaines autour d'un objectif : transformer le potentiel économique et humain de la RCA en projets concrets. Dans son allocution inaugurale, le président Touadéra a justifié le choix du Maroc comme co-organisateur en évoquant « l'excellence des relations historiques » et la volonté du roi Mohammed VI de soutenir la prospérité africaine. En choisissant Casablanca, Bangui cherche à s'appuyer sur un partenaire qui a su, au cours des deux dernières décennies, concilier stabilité politique et modernisation économique. Le message adressé aux investisseurs est clair : la RCA veut s'inspirer des modèles de résilience africains pour sortir d'une dépendance chronique aux aides extérieures. Le chef de l'Etat centrafricain a mis en avant les atouts considérables de son pays : richesses minières (or, lithium, cobalt, uranium, fer), potentiel hydroélectrique estimé à 2 000 MW, terres agricoles couvrant trois millions d'hectares, et une biodiversité stratégique pour les politiques climatiques mondiales. Avec une population dont près de la moitié a moins de 15 ans, la RCA dispose d'un « dividende démographique » qui, correctement encadré, pourrait devenir un levier majeur de croissance. Mais le défi réside dans la capacité à créer les infrastructures, les emplois et les services publics capables de canaliser cette énergie. La ministre marocaine de l'Economie et des finances, Nadia Fettah Alaoui, a insisté sur la nécessité de partenariats équilibrés, rappelant que « chaque dollar investi dans le Plan national de développement est un pari sur la paix et le développement durable ». Elle a souligné le rôle des partenariats public-privé pour garantir la viabilité des projets, citant les secteurs de l'énergie, de l'agriculture, de la digitalisation et des infrastructures comme prioritaires. De son côté, Richard Filakot, ministre de l'Economie de la RCA, a détaillé les objectifs du PND, estimé à 7 000 milliards de francs CFA. Il s'agit de traduire les ambitions de croissance en projets répondant aux besoins locaux tout en consolidant la stabilité sécuritaire. Pour Bangui, la mobilisation de financements concessionnels, en complément des investissements directs, est indispensable pour éviter l'aggravation du fardeau de la dette. Un diagnostic prudent du FMI Le représentant du Fonds monétaire international, Samba Mbaye, a livré une analyse sans complaisance. Il a pointé la fragilité budgétaire de la RCA, marquée par une dépendance extrême aux financements extérieurs et par un recours coûteux aux emprunts domestiques. Cette structure financière, peu soutenable à long terme, limite les marges de manœuvre pour investir dans les services publics essentiels. « Renforcer l'aide sous forme de dons et de prêts concessionnels reste la condition pour éviter des coûts sociaux plus élevés », a-t-il averti, appelant les partenaires internationaux à maintenir leur engagement dans la durée. Au-delà des annonces financières, la Table ronde de Casablanca a une valeur symbolique : elle inscrit la RCA dans une dynamique panafricaine de coopération Sud-Sud, tout en réaffirmant le rôle du Maroc comme plateforme régionale de concertation et d'investissement. La réussite de cette mobilisation dépendra toutefois de la capacité des autorités centrafricaines à garantir la sécurité, à améliorer la gouvernance et à mettre en œuvre des réformes institutionnelles crédibles. L'événement a confirmé que la RCA, longtemps perçue uniquement sous l'angle de ses crises, tente désormais de se présenter comme une « terre d'opportunités » au cœur de l'Afrique. La route demeure semée d'obstacles, mais Casablanca a marqué une étape : l'affirmation d'une volonté collective de transformer un pays fragile en acteur économique crédible, à condition que les promesses de financement se traduisent rapidement en réalisations tangibles.