L'ancien Premier ministre Saad Eddine El Othmani a vivement réagi aux propos tenus par Aziz Akhannouch dans une interview du 10 septembre, l'accusant de nier les acquis des gouvernements du Parti de la justice et du développement (PJD) et de « manipuler » les faits pour éluder ses propres responsabilités. La passe d'armes entre l'actuel chef du gouvernement Aziz Akhannouch et son prédécesseur Saad Eddine El Othmani illustre les tensions entre le Rassemblement national des indépendants (RNI) et le Parti de la justice et du développement (PJD). Dans un long message publié sur Facebook, l'ancien Premier ministre a accusé Akhannouch d'avoir livré « de fausses informations » et « des accusations gratuites » contre les deux exécutifs successifs dirigés par son parti. El Othmani a rappelé que le RNI, dirigé par Akhannouch, avait pourtant participé à ces gouvernements en occupant des portefeuilles stratégiques. Selon lui, les déclarations de son successeur s'appuient sur « trois logiques récurrentes » : nier les acquis, les attribuer au gouvernement actuel ou éviter la responsabilité de leur mise en œuvre, notamment en ce qui concerne l'aide directe et la généralisation de la protection sociale. L'ancien chef du gouvernement a également dénoncé une contradiction entre « les chiffres avancés par Akhannouch » et les rapports établis par les institutions constitutionnelles. Concernant la gouvernance électorale, il a rappelé que la Constitution de 2011 conférait au Premier ministre la prérogative de mener les consultations politiques. Il a cité à titre d'exemple les réunions d'Abdelilah Benkirane en 2016 et les siennes en 2020, qu'il juge « fructueuses et porteuses de consensus sur plusieurs réformes ». En revanche, il a reproché à Akhannouch d'avoir présenté cette expérience comme un échec, tout en qualifiant le recours au quotient électoral basé sur le nombre total d'électeurs inscrits de « déformant et étrange », estimant qu'il a affaibli la représentativité. Sur des dossiers sensibles comme la gestion de l'eau, l'assurance maladie ou encore la charte de l'investissement, El Othmani a accusé son successeur d'avoir « esquivé » des réponses claires, préférant imputer les difficultés actuelles aux gouvernements précédents. « Le véritable échec réside dans la manière dont les promesses électorales et les engagements de ce gouvernement sont gérés », a-t-il insisté. L'ancien Premier ministre a conclu en indiquant qu'il pourrait revenir avec davantage de précisions dans les prochaines semaines, laissant entrevoir une escalade verbale qui pourrait alimenter le débat politique à l'approche des prochaines échéances électorales.