Actuellement, l'attractivité des investissements directs étrangers (IDE) se place au centre des politiques de développement de tous les pays, en particulier les pays en développement dont le Maroc. L'IDE est recherché, parce que, plus que d'autres formes de flux de capitaux, il est plus stable et constitue un engagement à long terme envers le pays d'accueil. L'IDE est également sollicité pour sa capacité à favoriser la croissance économique à travers, notamment, le développement de l'investissement domestique, la création d'emplois, l'amélioration de la balance des paiements, l'accroissement de la concurrence et de la compétitivité de l'économie nationale. Il s'agit aussi de l'apport de nouvelles méthodes et des techniques managériales, via les contacts directs et indirects entre les filiales étrangères et les firmes locales, qui pourraient faciliter le transfert de connaissances et de normes technologiques à l'économie d'accueil. Cependant, le transfert de technologie est un processus complexe qui ne peut aboutir que par l'adjonction de certaines conditions préalables dont, notamment, le développement des ressources humaines qualifiées capables d'absorber et d'assimiler les technologies et les connaissances utilisées par les firmes étrangères, la réduction de l'écart technologique entre les firmes étrangères et leurs homologues locales, l'encouragement de la recherche et développement et la promotion des partenariats entre les entreprises étrangères et locales dans les différents domaines (transmission d'une partie de la technologie, formation de la main d'œuvre locale, facilitation de la mobilité du personnel entre lesdites firmes...). Dans le cas du Maroc, les IDE ont certes créé de l'activité mais leurs effets sur la productivité des entreprises locales et sur la croissance économique sont insuffisantes, au regard des capacités qu'offre le pays. Les IDE, qui doivent normalement être un catalyseur de transformation de l'économie marocaine, sont en grande partie concentrés dans les secteurs à faible valeur ajoutée, sensibles aux aléas du marché et dont les retombées en matière de productivité et de transfert technologique sont limitées (télécoms, tourisme, immobilier...). Même les investissements orientés vers le secteur de l'industrie n'ont pas permis l'intégration industrielle locale et ce, faute de politiques publiques suffisamment dynamiques dans ce secteur. De ce fait, peu de filières domestiques sont créées et l'essentiel des intrants sont importés, ce qui aggrave d'autant plus le déficit de la balance des transactions courantes du pays. A cet égard, l'enjeu serait non seulement d'accroître et de faciliter l'entrée des IDE mais, surtout, d'encourager et de subventionner ceux destinés aux activités et secteurs qui créent le plus fort potentiel de retombées technologiques comme le secteur industriel. Il est question aussi de développer la capacité des institutions de promotion de l'investissement à négocier les conditions de garantie du transfert technologique des entreprises étrangères vers les firmes locales à l'occasion de contrats dans des domaines stratégiques (l'aéronautique et l'automobile, par exemple). En parallèle, la diversification des sources d'investissement étranger est nécessaire dans une économie mondiale instable et caractérisée par les crises d'ordre économique, financier et parfois même politique. Elle permet une certaine autonomie pour le pays d'accueil, en l'occurrence le Maroc, en matière de sélection des IDE de nature à avoir un impact positif et durable sur l'économie nationale. Il s'agirait aussi, d'améliorer la qualité des compétences humaines à travers le développement de la coopération et la création des synergies entre les entreprises, les universités et les centres de formation et de recherche. A rappeler, qu'actuellement plus de la moitié des actifs occupés dans l'industrie sont sans diplômes. Or, l'industrie est le secteur qui constitue un canal propice au transfert des spillovers technologiques. Plus généralement, la stratégie d'investissement, dans son ensemble, devrait favoriser à la fois l'émergence d'un tissu industriel local compétitif et le développement des canaux de transfert de technologies et de connaissances. *Chercheur en Sciences Economiques -