Cour des Comptes : 55 affaires passibles de sanctions pénales transmises au Ministère public depuis 2021    Dagvin Anderson/AFRICOM : « Le Maroc est un partenaire pivot dans la lutte contre le terrorisme et l'instabilité »    Le Roi met le texte de la Fatwa sur la Zakat à disposition du public    Conseil de gouvernement : quatre projets de décrets et des nominations à l'ordre du jour    PLF 2026 : la dernière carte du gouvernement pour convaincre    Aérien : RAM s'invite dans le ciel bavarois    La Bourse de Casablanca termine en hausse    Recherche scientifique : le moteur de l'innovation bridé par la bureaucratie    FMI : le Maroc, leader des économies d'Afrique du Nord avec un taux de croissance de 4,4%    Etude Meta : Instagram met en danger la santé des adolescents    Cambriolage au Louvre: le préjudice évalué à 88 millions d'euros    Football : Pierre Ménès dresse un constat lucide sur le Maroc    Maamma, Zabiri et Gessime : les nouveaux visages du football africain (ESPN)    Man City : Erling Haaland égale un record de Cristiano Ronaldo    Football : le Maroc accueille pour la première fois la Coupe du monde des entreprises    Revue de presse de ce mercredi 22 octobre 2025    Tahla : un nouveau centre pour autonomiser les femmes rurales    Mariage des mineurs : Plus de 16.000 demandes enregistrées en 2024    Alphabétisation : Plaidoyer parlementaire pour une stratégie nationale intégrée    Traces de la mémoire marocaine à El-Jadida    Décès du comédien Abdelkader Moutaa, pilier du théâtre et de la télévision marocains    200 millions de dollars partis en fumée : le Liban isole davantage l'Algérie et réaffirme la marocanité du Sahara    Le Maroc a offert au Mondial U20 une "belle histoire à apprécier" (Ronaldo Nazário)    Casablanca : Deux morts et deux blessés dans l'effondrement d'une maison menaçant ruine    Le coût total du nouveau statut des fonctionnaires de l'Education nationale dépasse 17 milliards de dirhams (ministre)    Taïwan : Pékin célèbre 80 ans de retour à la mère patrie    Equipe Nationale U20 championne du monde : SM le Roi recevra les membres de l'équipe nationale U20 ce mercredi    CDM (f) U17 Maroc 2025 : deuxième défaite de suite pour les Lioncelles    FIFA : « Maroc , un rêve devenu réalité et une ambition nouvelle pour 2026 »    Maroc–Mauritanie : pour une fédération de raison et de civilisation    PLF 2026 : Un budget généreux, pourvu qu'il ait des effets concrets !    Jeux vidéo et cinéma : Bensaïd prône un mariage stratégique au service de la création marocaine    Sur Instructions de SM le Roi, la sélection nationale de football des moins de 20 ans, Championne du monde, se verra réserver, ce mercredi, un accueil digne des héros de cet exploit sportif historique inédit    +75% de précipitations estivales au Sahara d'ici 2100 (étude)    Ils ont noyé Ben Barka dans la baignoire : extraits d'un livre-enquête inédit sur la disparition de l'opposant marocain    Han ahogado a Ben Barka en la bañera: extractos de un libro-investigación inédito sobre la desaparición del opositor marroquí    Sáhara: Tras la visita de Bourita a Moscú, Attaf llama a Lavrov    La Federación de Fútbol de Kabylie felicita a Marruecos por su desempeño en el Mundial Sub-20.    ONDA : El Mokhtar Dahraoui nouveau directeur de l'aéroport Rabat-Salé    Royal air Maroc inaugure sa ligne directe Casablanca-Munich    Le Roi ordonne un accueil grandiose pour les champions du monde U20    Décès de l'acteur Abdelkader Moutaâ à l'âge de 85 ans    National Geographic : Rabat désignée comme ville incontournable à visiter en 2026    Maroc : Décès de l'artiste Abdelkader Moutaa    Libye : L'Espagne saisit 10 navires militaires destinés aux forces de Haftar    L'UE acte la fin des importations de gaz russe pour 2027    Rabat célèbre la créativité avec le Festival Léonard De Vinci du Court Métrage    Doukkala en heritage: Une leçons de mémoire au féminin    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



« Ahmed Bouanani dans ma bibliothèque » de Salim Jay : Un vibrant hommage à l'auteur de « L'Hôpital »
Publié dans L'opinion le 05 - 08 - 2016

Ahmed Bouanani (1938-2011), poète, cinéaste, conteur, scénariste marocain était connu pour ses travaux cinématographiques, ses recherches en Histoire de la culture populaire marocaine et ses poèmes, notamment les recueils « Les persiennes » (éditions Stouky, 1980), « Territoires de l'instant » avec Daoud Aoulad Syad (La Croisée des Chemins et éditions de L'œil, 1999) sans oublier surtout son roman « L'Hôpital » (éditions Al Kalam, 1990). Ne mettant aucun zèle à publier ses œuvres, nombre de ses textes étaient restés inédits dont des textes de création, travaux de
recherches, scénarios, etc. Aux fondements de tous ses travaux, il y a une démarche poétique, une présence au monde originale, un style particulier, depuis les premiers textes parus dans la revue « Souffles » en 1967 et les premiers films comme le film muet « 6 et 12 » sur Casablanca, au film de long métrage « Le Mirage » (1979) et le texte « L'Hôpital » réédité par les éditions DK (Casablanca, 2012).
Salim Jay, qui avait déjà noté la grande originalité de Bouanani dans son dictionnaire des écrivains marocains, (éditions La Croisée des Chemins, 2005), revient dans « Ahmed Bouanani dans ma bibliothèque » (éditions Librairie des Colonnes, Tanger, 2016) pour essayer de suivre à la trace et décrire l'essence de cette démarche poétique de Bouanani faite de retrait, de retenue et fondée sur une nécessité intérieure avec cette capacité de « laisser l'initiative aux mots ». Le portrait est exécuté par touches successives, au gré d'une promenade libre que l'auteur effectue dans sa bibliothèque pour évoquer Bouanani.
Ce faisant, Salim Jay insiste sur l'oubli injuste où fut reléguée l'écriture poétique majeure de Bouanani, notamment son œuvre « L'Hôpital » en affirmant que, introuvable depuis sa première édition en 1990, ce texte a dû survivre « sous la menace d'une dénégation permanente ». Bien qu'il s'agisse d'un roman, cette œuvre est d'abord celle d'un poète où il a laissé son empreinte par le biais d'une voix singulière.
Salim Jay note, entre autres, à propos de « L'Hôpital », qu'il « s'avère l'œuvre en prose la plus hostile à la lumière factice des engouements fabriqués par la publicité »
On sait que, dans ce texte, Bouanani puise dans son expérience personnelle de tuberculeux, ayant séjourné dans un sanatorium, pour décrire, par transposition, mêlant dérision, sarcasme et tendresse du souvenir dénué d'illusion, un univers clos de déréliction autour du destin de pensionnaires affublés de sobriquets, rongés par la maladie, en situation de consomption physique extrême. L'auteur semble s'ingénier à « narguer, destituer le malheur en faisant triompher une verve picaresque ».
C'est donc, pour Salim Jay, de redécouvrir la vraie dimension d'écriture de l'auteur qu'il s'agit.
Dans ce court texte, qui procède par jets aphoristiques, Salim Jay, tout en évoquant l'écriture d'Ahmed Bouanani, d'abord et surtout en tant que poète, fait le tour des auteurs qui, pour lui, comptent le plus de par leur expérience d'écriture d'exception, et pointe du doigt la « consonance » qu'il y a entre des textes très proches. Ainsi un lien est fait entre « L'Hôpital » de Bouanani et « Transfers nocturne » d'Armen Lubin. Ce faisant c'est comme s'il dût découvrir un cercle de complicités où la création est intimement liée à la maladie et s'en sustente. Cela pour offrir un éclairage plus appuyé sur son propos par la juxtaposition des affinités de vision et de sensibilité dans un contexte de corps-à-corps avec l'adversité. Ici c'est l'évocation de la maladie comme un mal à transfigurer par l'écriture en donnant à voir les capacités humaines d'appropriation d'initiative et de dépassement grâce à la magie du langage au sein du processus créatif. C'est le cas quand il évoque, notamment, Robert Walser, écrivain suisse germanophone, et le poète arménien Armen Lubin. Ce faisant, il tente de définir la nature de ce qui fonde cette exploration des gouffres et par ainsi offre une image où l'étincelle du verbe créatif donne le ton d'un triomphe sur l'adversité et le malheur. Au total, le texte polyphonique est une invite pressante à une lecture de redécouverte de Bouanani et une revanche sur l'oubli.
Le texte est accompagné de dessins de Daevid Loyza.
Des œuvres inédites d'Ahmed Bouanani devaient être publiées, avec les bons soins de sa fille Touda Bouanani, artiste vidéaste, dont « La Septième porte », une histoire du cinéma marocain depuis le protectorat jusqu'aux années 1980, comprenant, entre autres, des pages bouleversantes sur l'itinéraire d'Ousfour, l'enfant du bidonville, à proximité de Derb Ghallef, Qtaa Ouled Aïcha, vendeur de journaux au Maârif, amoureux du cinéma, et un roman en trois tomes, « Le Voleur de mémoire », une saga d'une famille migrante de la campagne vers la ville, mettant en lumière l'évolution de la vie marocaine dans le tohu-bohu du monde moderne. Pour l'instant, seule la traduction en arabe de « L'Hôpital » par Mohamed El Khadiri est parue aux éditions DK.
A rappeler que la Librairie des Colonnes a publié aussi en édition bilingue « Quatre heures à Chatilla » (1983) de Jean Genet, texte original, avec une traduction en arabe par Mohamed Berrada accompagnés d'un entretien avec Leila Shahid réalisé par Jerôme Hankins (1994) et traduit en arabe pour cette réédition par Mohamed Hamoudane. Le même éditeur a publié une traduction en arabe par Mohamed Hamoudane du roman « La Mer du printemps » de Driss Chraibi avec une présentation de Kacem Basfao.
« Ahmed Bouanani dans ma bibliothèque » de Salim Jay, éditions La Librairie des Colonnes, Tanger.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.