Séisme d'Al Haouz: Près de 24.000 habitations déjà reconstruites    Addis-Abeba: Le Sommet Afrique-CARICOM loue les efforts des trois Commissions africaines sur le climat    Un 2e foyer de dermatose bovine identifié dans le département français de l'Ain    La saison des grèves commence !    Les disparités régionales de la croissance économique au Maroc : Une dynamique porteuse de potentialités et d'opportunités    Le Polisario offre les richesses du Sahara aux investisseurs étrangers    Villes intelligentes et transition énergétique : penser Rabat, Casablanca et les régions sans asphyxier la planète    Sarkozy met à nu le régime algérien et appelle à durcir l'octroi des visas en imposant une "visa contre chaque expulsé"..    Regragui avant Maroc-Zambie: "Nous jouons chaque match pour le gagner"    Le PSG en colère après les blessures de Doué et Dembélé, Hakimi mis au repos    82a Mostra de Venecia: «Calle Málaga» de Maryam Touzani gana el premio del público    Interview avec Sara Arsalane : « Nous aspirons à faire de la culture une réalité démocratique au Maroc »    82e Mostra de Venise: "Calle Malaga" de Maryam Touzani remporte le Prix du public    Une alliance académique pour redonner vie à l'histoire enfouie de Doukkala    MAGAZINE : Lemchaheb, feu fixé mais pas éteint    Moroccan film Calle Malaga wins Audience Award at Venice Film Festival    «Atoman», un super-héros qui a du mal à convaincre ?    Séisme d'Al-Haouz: A Marrakech, l'opération de reconstruction continue    Algérie : Quand le régime se dévore lui-même, Nadir Larbaoui sous ISTN    Obésité au Maroc : un fléau en progression, surtout chez les femmes    F1: Max Verstappen remporte le Grand Prix d'Italie    El Rey Mohammed VI felicita al Presidente de Brasil por el Día Nacional    Maroc–Brésil, acte II : la revanche se prépare pour novembre ?    Sommet Afrique-CARICOM : L'Initiative Royale atlantique mise en avant    Le Roi Mohammed VI adresse ses félicitations au Président brésilien pour la fête nationale    Automobile: Porsche écarte toute production aux Etats-Unis malgré les droits de douane    La liberté de Nasser Zefzafi : une victoire pour l'unité du Maroc et un revers pour les manœuvres extérieures    Trump signe un décret renommant le département de la Défense en « ministère de la Guerre »    Températures prévues pour le lundi 08 septembre 2025    Casablanca: Interpellation de 6 individus pour leur lien présumé à un braquage à main armée en France    Avons-nous déjà été humains ?    ONU: Hilale conclut avec succès la négociation de la déclaration politique du deuxième Sommet social prévu à Doha    Le Maroc voit rebondir de 85 % ses importations de cuivre russe au premier semestre 2025    Munir El Haddadi signe son premier contrat hors d'Espagne, direction l'Iran    Royaume-Uni : Le métro londonien en grève, une première depuis 2023    CDC Afrique alerte sur la persistance du choléra comme menace majeure    Le Premier ministre japonais annonce sa démission après une crise politique    Zambie – Maroc : Arbitrage, heure et chaines    Afro Basket U16 Rwanda 25 : Cet après-midi, les Lionceaux face à un Mali diminué    Prépa CDM U17 Qatar 25 : Les Lionceaux battus par l'Angleterre    Le temps qu'il fera ce dimanche 7 septembre 2025    Le Polisario lâche du lest sur ses revendications phares    Al Mada et CNGR concluent un financement vert syndiqué international pour leur première usine africaine de matériaux pour batteries    Des œuvres marocaines obtiennent les subventions du Fonds arabe pour les arts et la culture 2025    Aéroport Al Hoceima: Hausse de 7% de passagers à fin août    Coordination avec Interpol et la police marocaine : l'Indonésie expulse un Marocain recherché pour crimes violents et enlèvement d'enfants    Waly Dia : "Une Heure à Tuer", un spectacle coup de poing entre humour et conscience    David Beckham fête ses 50 ans à Marrakech    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Abdelmadjid Tebboune : Le maestro de la farce électorale ou le triomphe de l'absurde
Publié dans Maroc Diplomatique le 10 - 09 - 2024

C'est fait ! Abdelmadjid Tebboune vient de s'accorder une réélection éclatante avec un score hallucinant de 94,65 %. Un chiffre qui ferait rougir de jalousie les plus grands illusionnistes des dictatures passées. Et le plus impressionnant ? Cette performance a eu lieu face à deux adversaires de décor, eux-mêmes probablement stupéfaits par la magie de l'arithmétique.
Il faut dire qu'en Algérie, sous la baguette de Tebboune, on réinvente la démocratie : ici, l'élection est un spectacle, et la victoire est assurée avant même que le rideau ne se lève. Peu importe que les taux de participation soient aussi maigres que l'espoir d'un véritable changement. D'ailleurs, jamais avare en modestie, il semble lui-même trouver ces 94,65 % légèrement en deçà des attentes. Peut-être qu'une petite révision des résultats le propulserait à un chiffre encore plus stratosphérique que même les dictateurs les plus zélés n'ont jamais osé espérer. Ce spectacle électoral est tellement surréaliste qu'on en vient à se demander si la démocratie algérienne n'est pas devenue un mauvais sketch comique. Et le plus drôle dans tout cela est que même Tebboune et ses deux « opposants » semblent avoir des doutes sur la véracité des chiffres. On pourrait se demander si quelqu'un a réellement voté.
La transparence du processus ? Un mirage. L'opposition s'est vue interdire l'accès aux bureaux de vote. L'objectif n'était pas de s'assurer que la démocratie fonctionne, mais plutôt que personne ne vienne gâcher cette belle mascarade minutieusement orchestrée. Cette élection, véritable pièce de théâtre absurde, s'inscrit dans la continuité d'un système verrouillé par l'armée et le FLN, où l'issue est aussi prévisible que grotesque. Le taux de participation, surtout en Kabylie, est catastrophique. À 0,8 %, on se demande si cette région n'a pas tout simplement tourné le dos à la farce. Ce n'est pas seulement Tebboune qui est rejeté, mais tout un régime perçu comme totalement déconnecté et oppressif.
Et puis, il y a ce cynisme qui réside dans la mise en scène : un candidat « indépendant », en réalité manipulé par les maîtres des coulisses, à savoir l'armée avec une feinte discrétion. Tebboune, c'est juste la marionnette que l'on exhibe sous les projecteurs, pendant que les vraies décisions se prennent loin des regards, dans l'ombre des casernes. Bref, tout était écrit d'avance.
LIRE AUSSI : Quand la pluie devient le miroir de nos failles
Inutile de dire que les accusations de fraude ont rapidement fusé. Entre les pressions sur les bureaux de vote et l'interdiction faite aux partis d'opposition de surveiller le scrutin, tout semble avoir été soigneusement planifié pour étouffer toute contestation. Le Mouvement pour la Société pour la Paix (MSP) et le Front des Forces Socialistes (FFS) n'ont pas tardé à dénoncer cette farce, en pointant du doigt les incohérences flagrantes. Résultat : un fossé toujours plus large entre le peuple et ses dirigeants, un système de plus en plus enclin à jouer avec l'illusion plutôt qu'à affronter la réalité. D'emblée, cette élection n'est pas une victoire. C'est une représentation, où la seule certitude, c'est que la réalité, en Algérie, a depuis longtemps quitté la scène.
La Kabylie en tête de la résistance
Dans cette mascarade électorale, la Kabylie se dresse comme le symbole du rejet. Le boycott massif des urnes, perçu par beaucoup comme une preuve des aspirations autonomistes de la région, est l'un des moments forts de ce simulacre d'élection. Pour le Mouvement pour l'Autodétermination de la Kabylie (MAK), dirigé par Ferhat Mehenni, l'incapacité criante de l'Etat algérien à mobiliser ses citoyens prouve que la Kabylie pourrait mieux gérer son propre destin. Ce rejet sans équivoque illustre une fracture toujours plus large entre le régime et le peuple kabyle, un fossé qui semble désormais infranchissable.
Certes sur la scène internationale, l'Algérie tente de maintenir une façade de stabilité, mais cette élection truquée n'a fait qu'accentuer les doutes sur la crédibilité du pays en tant que démocratie. Les échos du Hirak, ce mouvement pro-démocratie qui avait enflammé les rues en 2019, résonnent encore, et le boycott massif en Kabylie en est le prolongement direct. Un rejet populaire clair de l'autoritarisme sous le règne de Tebboune.
Une légitimité en lambeaux
L'élection d'Abdelmadjid Tebboune s'apparente à une farce en plusieurs actes. Avec un score surréaliste de 94,65 %, on ne parle plus de démocratie mais d'une mécanique bien huilée, digne des régimes autoritaires les plus célèbres. Si Tebboune se prétend « candidat indépendant », la réalité est toute autre. En coulisses, c'est l'armée qui tire les ficelles, laissant Tebboune jouer le rôle de façade. Le véritable pouvoir repose dans les mains des militaires, tandis que le président n'est qu'un acteur dans cette grande pièce de théâtre. Dans cette mise en scène grotesque, une chose est certaine : l'Algérie, avec Tebboune à sa tête, reste fidèle à son mantra.
D'autant plus que ce qui frappe le plus dans cette élection, c'est l'abstention inédite. Jamais, dans l'histoire récente de l'Algérie, un président n'avait été élu avec un taux de participation aussi faible. Quand une poignée de citoyens se rend aux urnes, peut-on vraiment parler de légitimité ? Ou assiste-t-on simplement à une ultime tentative de sauver les apparences d'un système qui s'effondre sous le poids de ses propres contradictions ?
Pour beaucoup, cette élection n'était qu'un subterfuge, un moyen de cimenter le pouvoir d'une élite militaire totalement déconnectée du peuple algérien. Mais à quel prix ? Si le régime parvient à maintenir son emprise, cette manipulation pourrait bien attiser encore davantage la colère populaire. Tebboune, accusé de corruption et soutenu par une armée omniprésente, fait face à un défi titanesque : restaurer la confiance dans un système profondément discrédité. Corruption endémique, inégalités criantes, fracture abyssale entre dirigeants et citoyens, tout indique que la crise est loin d'être résolue.
Si rien n'est fait, cette élection, loin de consolider le pouvoir, pourrait bien marquer le début d'une nouvelle ère d'instabilité en Algérie. Plus qu'un président, c'est un régime tout entier qui est maintenu sous perfusion par une armée qui tire les ficelles, tandis que les citoyens, épuisés et désillusionnés, préfèrent désormais tourner le dos à un processus électoral vidé de son sens.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.