Le Maroc franchit une étape clé dans sa stratégie énergétique avec le lancement du projet du terminal de gaz naturel liquéfié à Nador West Med. Ce projet, annoncé par la ministre de la Transition énergétique, marque une avancée décisive pour sécuriser l'approvisionnement en gaz et soutenir le développement industriel du Royaume. Après plusieurs mois de préparation, le projet stratégique de terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) dans le port de Nador West Med entre dans une phase décisive. Lors de sa présentation aux parlementaires, le 21 avril 2025, la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Mme Leila Benali, a annoncé que l'Appel à Manifestation d'Intérêt pour la première phase du terminal méthanier serait lancé dans les prochains jours. Cette annonce constitue un tournant majeur pour la politique énergétique du Maroc, un pays déterminé à sécuriser et diversifier ses sources d'approvisionnement en gaz, tout en soutenant sa transition énergétique. Le projet du terminal de GNL de Nador West Med vise à installer une unité flottante de stockage et de regazéification (FSRU) dans les eaux profondes du port stratégique de Nador. Cette infrastructure, reliée au Gazoduc Maghreb-Europe (GME), permettra au Maroc d'importer jusqu'à 0,5 milliard de mètres cubes de gaz par an en provenance d'Espagne. Une étape importante qui s'inscrit dans une vision plus large de sécurisation de l'approvisionnement en gaz, en attendant la montée en puissance de l'infrastructure et le développement d'un écosystème gazier national robuste. À terme, selon les prévisions de la ministre, les besoins en gaz du Royaume devraient atteindre huit milliards de mètres cubes d'ici 2027, un besoin croissant qui justifie l'urgence de structurer un réseau gazier national. Le projet de Nador West Med représente ainsi une réponse immédiate à ces besoins, tout en agissant comme un levier pour accompagner le développement industriel du Maroc. En effet, le terminal sera connecté à des zones industrielles majeures telles que celles de Kénitra et Mohammedia, renforçant ainsi les liens entre le secteur énergétique et les activités industrielles du pays. Lire aussi : (Vidéo) SIAM : Amjad Kiti détaille l'ambition économique de la région Fès-Meknès Ce projet s'inscrit dans le cadre de la feuille de route gazière 2024-2030, marquée par un protocole d'accord signé le 26 mars dernier. Ce dernier implique plusieurs ministères stratégiques et opérateurs publics-clés, dont l'ANP, l'ONEE, l'ONHYM, Nador West Med et ADM. Cette alliance permet de structurer une gouvernance multi-acteurs visant à piloter ce projet d'envergure, essentiel pour la transition énergétique du Royaume. Mais Nador West Med n'est que la première étape d'une stratégie plus vaste. En effet, deux autres terminaux sont actuellement à l'étude : l'un à Jorf Lasfar (ou Mohammedia), et l'autre à Dakhla Atlantique. En complément, des projets de gazoducs domestiques sont prévus pour relier ces futurs terminaux aux principaux sites industriels du Royaume, tout en valorisant les gisements gaziers de Tendrara et d'Anchois, situés à proximité de Larache. Ces infrastructures permettront de renforcer la résilience du réseau gazier national, contribuant ainsi à une meilleure couverture des besoins énergétiques du pays. Dans un contexte où la transition énergétique est au cœur des priorités gouvernementales, le Maroc cherche à minimiser la part de financement public dans ces projets, en mettant l'accent sur l'attraction d'investissements privés. L'objectif est de rendre les infrastructures énergétiques plus flexibles et efficaces tout en optimisant leur déploiement. Ce modèle de financement participatif devrait favoriser une gestion plus dynamique des ressources gazières du pays. Parallèlement, le Maroc met en place un autre projet stratégique d'envergure : le Gazoduc Afrique Atlantique. Ce pipeline de 5.669 km, reliant le Nigeria au Maroc à travers treize pays côtiers et trois enclavés (Burkina Faso, Mali, Niger), constitue un projet continental majeur. Il devrait devenir un corridor énergétique clé pour l'approvisionnement de l'Europe en gaz naturel. Les études de faisabilité pour ce projet ont été achevées, et les premiers tronçons pourraient être opérationnels dès 2029, selon Amina Benkhadra, directrice générale de l'ONHYM. À travers ces projets ambitieux, le Maroc se positionne comme un acteur majeur de la transition énergétique sur le continent africain. L'objectif est de faire passer la part des énergies renouvelables dans la capacité installée de 45% actuellement à 52% d'ici 2030. Le gaz naturel, qui émet moins de CO2 que le charbon, joue ici un rôle de vecteur intermédiaire, facilitant la transition vers un mix énergétique plus propre et plus diversifié. En investissant dans des infrastructures modernes et durables, le Royaume entend non seulement répondre à ses besoins internes, mais aussi s'impliquer activement dans les marchés énergétiques européen et africain, avec une vision stratégique à long terme.