Par Hassan Alaoui Par quelque biais qu'on l'aborde, pour peu que l'on s'inscrive dans une démarche objective, la question du Sahara nous renvoie systématiquement à la vérité historique. Celle d'un conflit de modèles, cyclique à coup sûr, parce qu'il oppose deux systèmes, deux Etats, deux gouvernements et, bientôt si l'on n'y prend garde, deux peuples. Pour l'instant, Maroc et Algérie sont comme deux pays « qui se regardent et s'observent comme des chiens de faïence » ! Voilà un conflit qui n'a pas son équivalent dans toute l'histoire des XXème et XXIèmes siècles. Pour ceux qui le suivent depuis le début, autrement dit depuis 1974, il y a en effet comme la tentation du découragement voire du désespoir. Le défunt ancien ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Mohamed Benaïssa – que Dieu l'ait en sa sainte miséricorde – me disait avec une ironie non feinte mais pudique que « le problème dans cette affaire, est que l'on a essayé toutes les clés possibles et imaginables, mais la serrure ne les a jamais acceptées... » ! Tout réaliste qu'il était devenu à la fin, il ne croyait pas si bien dire. Plus de cinquante-deux ans, en effet, ont passé depuis que l'Algérie a pris part de combattre officiellement et sans interruption aucune le Royaume du Maroc. Elle a décidé de lui faire la guerre déjà en 1963, à peine son indépendance obtenue, attaquant Figuig, prétextant on ne sait quelle raison fallacieuse et criant par la suite à une pseudo « hogra », devenue le malheureux et sinistre colifichet accroché sur son fronton, en appelant à une revanche, montant son peuple contre celui du Maroc, un indécrottable complexe mortel que la Raison ne justifie nullement et qui est à la psychanalyse ce que la déviance voire la perversion est au sujet. Tout nous invite donc à ce constat effrayant : l'inconstance d'un régime qui renie ses engagements et se renie lui-même, son obsession expansionniste à vouloir acquérir une dimension qu'il n'a pas, et qui n'a de cesse de menacer ses voisins, y compris les proches, le chantage exponentiel jamais maîtrisé contre tous ceux qui résistent à ses campagnes de pressions ou d'intimidations, les mensonges grossiers débités par les dirigeants, dont notamment Tebboune, qui se prend pour Néron mais n'en mène pas large, face notamment à une complexité irréversible qui caractérise la région du Sahel, du Maghreb et du continent... Lire aussi : Face à ses échecs répétés et la tentation du pire Alger décrète une mobilisation générale... La trahison des accords frontaliers de 1961 Rien n'y fait ! Nous avons compris, la mort dans l'âme et depuis des décennies que, renonçant délibérément à ses engagements – notamment sur les frontières lors de l'historique rencontre à Rabat entre Feu Sa Majesté le Roi Hassan II et le Président du GPRA Farhat Abbas en juillet 1961 – , les piétinant par la suite, les dirigeants algériens nourrissent le suicidaire fantasme d'expansionnisme territorial au détriment du Maroc. Boumediene, alias Boukharrouba, était le héraut de cette croisade qui est au cynisme ce que la trahison est à l'hypocrisie. Au Sommet arabe de 1974, organisé à Rabat, il n'avait de cesse d'amadouer la salle et de caresser dans le sens du poil la décision de Hassan II de faire de cette année-là celle de la bataille diplomatique pour libérer le Sahara. Le colonel Mouamar Kadhafi, plongé dans sa mythomaniaque diversion nassérienne a crée et financé le polisario en 1974 avec l'objectif de renverser le régime monarchique marocain. Boumediene, dans sa rage de venger la fameuse « hogra » et emporté par la haine du Maroc, récupérera les séparatistes du polisario – dont il faut rappeler tout de même au nom de la vérité historique qu'ils sont tous marocains et mauritaniens – avec cette suggestion qui lui avait été faite par ses Services de « semer un grain » dans le soulier marocain... Une guerre tous azimuts L'Algérie ne cessera depuis lors, avec la même obstination furibarde, de combattre le Royaume du Maroc, sur tous les plans : politique, stratégique, économique en bradant son gaz et son pétrole, diplomatique en achetant rubis sur l'ongle à coups de millions de dollars les représentants des Etats d'Afrique lors des Sommets de l'OUA ( devenue en 2000 l'UA) , conditionnant ainsi des votes unilatéraux contre le Maroc lors de divers Sommets. Ce qui conduira le Maroc à s'y retirer de l'organisation panafricaine en novembre 1984... Il restait à notre pays d'affronter seul un continent pour la plupart hostile à notre cause. Armé de la décision de la Cour Internationale de Justice (CIJ) rendue le 15 octobre 1975 qui a confirmé nos droits irrépressibles, de l'Accord tripartite de Madrid, signé un mois plus tard, le 14 novembre, avec l'Espagne et la Mauritanie, conformément à la règle de droit international. Boumediene avait alors mordu la poussière et engagea officiellement une guerre d'usure, mobilisant des moyens considérables, obérant gravement de plus en plus les budgets de son pays, lançant une guerre tous azimuts ... Boumediene est mort le 27 décembre 1978, emporté par une grave maladie. Ses successeurs, grandis dans la même haine contre le Maroc, n'en modifieront nullement la ligne de conduite. Excepté un certain Mohamed Boudiaf qui avait à cœur – il nous l'avait dit lui-même – de régler le conflit en 1992, date à laquelle il quitta Kénitra après un exil de 26 ans avant d'être froidement assassiné en direct le 29 juin 1992 à Annaba en plein discours devant son peuple. Boudiaf, un espoir vite brisé Mohamed Boudiaf était peut-être l'unique voix qui portait la paix en son âme, une idée de la normalisation maroco-algérienne, les commanditaires de son assassinat – dont un certain Taoufik Médiene, général de son état et patron des services secrets qui vouait l'hostilité la plus radicale envers le Maroc – avaient donc brisé le seul et fragile espoir de normalisation entre les deux peuples. L'armée renforça alors son emprise sur le pays, d'autant plus que qu'une guerre civile s'y installa pendant dix ans, qualifiés de Décennie noire, faisant plus de 200 000 morts et vidant le pays de ses meilleurs fils... Un régime militaire issu d'un pronunciamiento en juin 1965, entièrement voué depuis lors à la haine du Maroc, s'acharnant à le détruire, déployant d'innombrables moyens, s'armant jusqu'aux dents, combattant notre intégrité territoriale et notre unité nationale, peu ou jamais respectueux du voisinage, cultivant le mensonge abracadabrant envers son peuple accablé de maux, laissé pour compte et plongé dans l'illusion et la dérision, et puis hallucinante folie de grandeur, l'expansionnisme régional érigé en doctrine d'Etat, un général Chengriha podagre et discrédité, voilà donc où nous en sommes : l'affaire du Sahara viendrait-elle à être réglée, que le régime algérien y trouverait à redire. Il piétine allègrement les Résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies, refuse de s'y soumettre et joue le solitaire et dangereux déstabilisateur. L'ONU est, on ne peut plus, mise en échec pour autant ? L'option d'un conflit armé Si d'aventure elle imposait la solution politique que notre pays propose depuis 2007 et qui reçoit le soutien quasi unanime de la communauté mondiale, alors il ne resterait à l'Algérie que de se soumettre ou se démettre...A moins qu'elle n'opte – et tout nous y pousse à en prendre garde – pour la fuite en avant pour se lancer – qu'à Dieu ne plaise ! – dans un conflit armé avec le Maroc... Sauf qu'un conflit armé a son prix, ici le plus lourd. Les généraux d'Alger se font à coup sûr une idée abstraite des conflits et ne réalisent nullement – notamment le pousse-en-guerre qu'est Chengriha – que céder à la tentation du fameux dilemme « Tout ou rien », serait se méprendre sur les conséquences dramatiques de leur invigilance envers les peuples qui sont innocents, jeunes et pacifiques...