C'est un pur bonheur que cette nouvelle Exposition que nous propose la Galerie de l'Atelier 21 à partir de ce mardi 27 mai à partir de 18h et jusqu'au 5 juillet 2025 ! C'est une plongée dans la plongée des couleurs et de l'intensité des tons. M'Barek Bouhchichi nous offre , cette fois, le kaléidoscope qui , pour être un voyage dans les profondeurs de l'humanité, est d'abord une leçon de vie : autrement dit, un regard pertinent, le récit narratif des origines, le cours existentiel d'hommes et de femmes, leur cadre de vie, leur posture face à celle-ci, une fresque à travers le temps et la mémoire. La technique est inédite, originale, peu commune dira-t-on, elle ne prête à aucune comparaison, à nulle interprétation factuelle , sinon à la quête identitaire du peintre, de l'artiste qui nous embarque dans l'aventure des couleurs sombres, une sorte de voyage de réhabilitation du noiret du jaune. Un symbole ! L'Afrique est le temps réel, ses couleurs le cadre choisi délibérément par l'artiste pour nous dire que son art ne ressemble à aucun autre, que sa geste ne s'apparente à nulle autre exigence que celle d'une authenticité qu'il a créée et qui est à son art ce que sa personnalité est aux sujets décrits, fabriqués ou composés. Un travail de mains, la main d'un créateur surtout, la valorisation d'une époque , d'hommes et de femmes – esclaves ou témoins d'époques enfouies dans l'histoire ! Les objets expriment ici la souffrance, là la lutte, la résistance et la résilience. Le travail de modelage de visages sans visage de Bouhchichi est une invité, parfois violente même, à ces divers carrefours qui constituent une part significative de la culture ancestrale – que dis-je, millénaire – du Royaume du Maroc , faite de métissage, de croisement permanent, de rencontres, de carrefours. Ces temporalités, pour peu que l'on prête un tant soit peu attention à nous-mêmes, nous les rencontrons à tout bout de champ, dans ce sud immaculé de notre Royaume, à Tan-Tan, à Zagora, à Ouarzazate et même près de nous, dans ces étendues bigarrées qui forment le cercle stellaire des influences venues du sud ou inversement l'influence de notre culture dans les contrées méridionales, immédiates ou proches du Maroc. Lire aussi : La Fondation Hassan II accueille l'univers artistique de Yasmina Alaoui L'artiste a délibérément choisi de travailler sur les visages et les bustes, sa création s'attache à donner corps et âme aux têtes, un peu comme des théâtres d'ombre, témoins silencieux de temps immémoriaux, acteurs du silence qui bruit par son étendue spectrale et son immobilisme...L'éternitaire absolution d'un monde qui réfléchit et pense, un peu comme le Rodin que nous avons connu autrefois, incarnant la durée, le temps immémorial, une finitude cosmique jamais atteinte, en même perspectiviste... Il faut regarder avec patience et force curiosité le beau et magnifique travail de M'Barek Bouhchichi, s'imprégner de sa tendre quête, faire siennes ses interrogations sur une monde – le notre – empli d'inquiétude et forcené en même temps. L'artiste nous offre ici l'envers de ce décor, nous donne à voir avec un parfum d'ambre, ce paysage mi-lunaire, mi-vide, une sorte de psychose de la seule couleur qui nous interpelle de plus en plus, celle du sidéral poids de l'humanité et de la beauté silencieuse. C'est un langage à sa manière ! C'est aussi une exposition verticale, sans compromis, sans aucune autre comparaison mais la volonté inextinguible, d'une radicalité à part...