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Combattants marocains en Irak : Fin du calvaire des Djihadistes repentis [INTEGRAL]
Publié dans L'opinion le 02 - 09 - 2025

Au bout de plusieurs années de négociations avec l'Irak, le Maroc a commencé à rapatrier des anciens djihadistes et leurs familles. Un retour qui pose le défi de la réintégration. Décryptage.
Après l'aventure djihadiste, l'heure est à la repentance. En attendant le pardon céleste, les anciens djihadistes marocains en Irak ont obtenu le pardon sur terre. La mère patrie se déclare clémente. C'est l'heure du grand retour pour ces anciens combattants et leurs familles, condamnés pour terrorisme. Après avoir purgé leurs peines dans les geôles irakiennes dans des conditions difficiles, ils vont finalement retrouver une vie normale. Le chemin de la rédemption est rouvert. Selon une source autorisée du ministère de la Justice, leur rapatriement est aujourd'hui programmé suite à la signature d'un accord d'extradition des personnes condamnées entre le Maroc et l'Irak lors de la visite du ministre irakien de la Justice Khaled Shawani à Rabat. Cet accord était une condition sine qua non pour préparer leur extradition. C'est le fruit des négociations menées depuis le déplacement du ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, à Bagdad en mars 2023. A l'époque, il saisit l'occasion pour visiter une prison où étaient incarcérés les détenus marocains.
Depuis lors, les discussions entre les autorités des deux pays n'ont jamais cessé afin de préparer le terrain et trouver une solution que personne n'imaginait possible il y a deux ans.
Selon la liste parvenue à «L'Opinion», neuf personnes, dont deux femmes, seront rapatriées avec leurs familles. Ils faisaient partie des onze ressortissants marocains détenus en Irak. Trois sont originaires de Tanger, trois de Casablanca. Pour le reste, ils sont répartis entre Rabat, Béni Mellal et Fès. Le plus ancien détenu est incarcéré depuis 2004. Leur retour met fin au calvaire qu'ils ont vécu dans les geôles irakiennes, y compris le fameux bagne d'Abou Ghraib à Bagdad, connu pour les traitements inhumains et les sévices infligés aux détenus pendant l'occupation américaine de l'Irak.

Des familles en liesse

Au Maroc, les proches des détenus sont en liesse. "Nous ne pouvons qu'être reconnaissants aux autorités et particulièrement au ministre de la Justice qui a tenu sa promesse", lâche avec un grand soupir de soulagement Abdelaziz Bekkali, président de la Coordination nationale des Marocains prisonniers ou bloqués en Syrie et en Irak. "Dès le début des pourparlers avec les autorités irakiennes, le ministre a tâché de ne pas nous bercer d'illusions, il s'est engagé à faire de son mieux et de nous tenir au courant des négociations quel qu'en soit le résultat", poursuit notre interlocuteur. En fait, le but initial était de ramener la totalité des détenus marocains, y compris les condamnés à mort. "Nous avions assez de garanties que l'application de la peine capitale était suspendue", nous confie une source ministérielle proche du dossier.
Les détenus marocains s'étaient enrôlés dans les organisations terroristes à des dates différentes depuis la chute du régime de Saddam Hussein. Certains avaient rejoint Al Qaïda à l'apogée de sa gloire dans les années 2000, d'autres ont été embrigadés à Daech lorsqu'il contrôlait une grande partie du pays à partir de 2013. Ils font partie des nombreux Marocains qui avaient cru naïvement à la "guerre sainte" et au rêve du Califat des intégristes au Moyen Orient. Le rêve vira vite au cauchemar dès 2017, lorsque Daech et le reste des groupuscules sont tombés sous les frappes de la coalition internationale, notamment pendant la bataille de Mossoul qui sonna le glas du règne de l'Etat Islamique.

Les protocoles de la prudence !

Selon les chiffres du Bureau central d'investigations judiciaires (BCIJ), près de 1654 Marocains ont combattu dans les rangs des organisations terroristes dans les foyers dits "de tension". Il n'existe pas pour l'instant de chiffres exacts sur leur répartition entre l'Irak et la Syrie. On sait, toutefois, que 754 parmi eux ont été tués et 233 faits prisonniers. 137 ont été rapatriés. Il y avait souvent des cas de retour volontaire.
Maintenant, qu'adviendra-t-il de ces combattants repentis ? Leur retour au Maroc inquiète certains qui craignent que ces derniers gardent des vestiges de leur endoctrinement djihadiste. D'où la gestion du retour. Le ministère de tutelle gère cela en coordination avec des services diplomatiques, les autorités sécuritaires et la justice.
Force est de constater que les personnes rapatriées tombent sous le coup de la loi marocaine qui punit toute personne impliquée dans des actes terroristes même commis à l'étranger, en vertu de la réforme de la loi anti-terroriste de 2015 qui a élargi la définition des actes terroristes. Or, ces personnes ont sans exception purgé de longues peines en Irak. Le fait de les retraduire devant la Justice reste peu probable, selon plusieurs spécialistes que nous avons consultés. Mais cela demeure une énigme.
Le rapatriement des anciens djihadistes est strictement encadré par des protocoles où sont impliqués tous les acteurs concernés, dont le BCIJ, la Justice à travers le parquet anti-terroriste près la Cour d'Appel de Rabat, et les services de Renseignement. Là, on fait du cas par cas en fonction des informations recueillies sur chaque personne. Pour les familles, notamment les épouses et les enfants, on s'assure s'ils ont rejoint les combattants pour des raisons de regroupement familial ou par adhésion à leur activité terroriste. L'incertitude plane sur les enfants qui ont grandi en détention et qui seraient imbus encore des idées extrémistes. D'où la précaution avec laquelle on gère ce genre de dossiers.

Réinsertion, la deuxième chance !

Souvent, les gens qui ont purgé de longues peines à l'étranger retrouvent le chemin de la liberté, à moins qu'ils fassent l'objet de soupçons de radicalisation. D'où l'importance des programmes de réinsertion, ce qui n'est pas toujours le cas. Plusieurs anciens djihadistes peinent à retrouver le cours normal de leur vie après leur retour. La majorité peinent à retrouver une activité professionnelle. "Il est nécessaire de les réintégrer, le traumatisme d'une vingtaine d'années d'incarcération dans des conditions aussi effroyables ne s'efface pas d'un trait de plume", plaide M. Bekkali, qui rappelle le cas d'un jeune casablancais qui a passé 22 ans dans une prison irakienne. Il fut tellement traumatisé qu'il n'est pas sorti de chez lui pendant longtemps après son retour. "Il s'est recroquevillé sur lui-même, à force d'être coupé du monde extérieur, il a perdu tout sens de la vie sociale et est devenu incapable de sortir tout seul dans la rue, tellement il s'est habitué à la vie de cellule", raconte-t-il.


Trois questions à Abdelaziz Bekkali : "Le traumatisme d'une vingtaine d'années d'incarcération ne s'efface pas d'un trait de plume"
* Quel est l'état des détenus, selon vous qui êtes en contact avec leurs familles ?

Je puis vous assurer que les familles sont en liesse. Cette décision de rapatriement est un soulagement pour nous tous et le couronnement d'un long parcours de lutte. Cela fait longtemps que nous attendions impatiemment un accord d'extradition qui a enfin été signé. Nous avions repris espoir depuis la réouverture de l'ambassade à Bagdad qui, je rappelle, a été le prélude de cet acquis. Le retour de nos compatriotes met fin à leur souffrance indicible. Le plus ancien détenu est là-bas en compagnie de sa famille depuis 2004. Il y en a qui ont été incarcérés dans les pires geôles irakiennes, sans aucun contact avec le monde extérieur. Je vous laisse imaginer le supplice qu'ils ont vécu.

* Quel sera le sort des personnes condamnées à mort ?

Actuellement, il y a neuf personnes qui sont détenues, dont deux femmes et sept jeunes hommes. Ils étaient onze au total au début, avant le rapatriement de deux d'entre eux. Il y en a celles et ceux qui sont détenus depuis longtemps et celles qui ont été condamnées récemment pour des actes terroristes. Pour ceux qui sont condamnés à la peine capitale, personne n'a été exécuté, l'application est suspendue. Le ministre de la Justice nous l'a assuré.


* D'après votre expérience, les revenants parviennent-ils à retrouver une vie normale ?

Il est nécessaire de veiller à leur réintégration une fois rapatriés. Concernant l'avenir, il ne faut pas céder à la peur. Je rappelle qu'il n'y a eu aucun cas de récidive chez les personnes rapatriées précédemment. Nous avons rencontré plusieurs cas, y compris des anciens détenus revenus de Syrie, la majorité reprend le cours normal de sa vie. Leur réintégration demeure leur souci puisqu'une partie d'entre eux peine à retrouver une activité professionnelle. Il faut travailler sur ça. Le traumatisme psychique est énorme. Figurez-vous quelqu'un revenu à la mère patrie après 20 vingt ans de réclusion dans les pires endroits qu'on puisse imaginer. Il a déjà subi le pire des châtiments. Le fait de les traduire devant la justice risque d'empirer leur état mental.

Anciens combattants : Et la Syrie ?
Le rapatriement des détenus d'Irak est devenu possible après le rétablissement des canaux diplomatiques. La réouverture de l'ambassade marocaine à Bagdad en janvier 2003 a été un pas majeur en avant. La chancellerie a été fermée pendant 18 ans après que le pays fut en proie au chaos terroriste qui a suivi les attentats de 2005. Si le dossier irakien est réglé, le sort des anciens combattants marocains en Syrie reste encore en suspens. Jusqu'à présent, ils sont nombreux à croupir encore dans les prisons et des camps de réfugiés, dont certains sont contrôlés par les Kurdes. Maintenant, la reprise des canaux diplomatiques entre Rabat et Damas ordonne l'espoir. L'ambassade marocaine est en cours de réouverture. Une mission du ministère des Affaires étrangères s'en charge après s'être rendue là-bas en mai dernier. Comme les relations sont au beau fixe entre les deux pays, le dialogue s'annonce facile. Or, on en est encore loin puisque le nouveau régime syrien fraîchement installé n'a pas encore eu le temps nécessaire de liquider l'héritage de la guerre civile et la parenthèse de Daech.
Terrorisme à l'étranger : Ce que dit la loi
Depuis les événements du 16 mai 2003 à Casablanca, le Maroc a changé sa doctrine de lutte contre le terrorisme, en mettant en place un arsenal législatif important. La loi n° 03-03 relative à la lutte contre le terrorisme a donné une définition claire du terrorisme et des activités qui constituent les infractions à caractère terroriste. Plusieurs actes sont cités, à savoir l'atteinte volontaire à la vie des personnes ou à leur intégrité, l'enlèvement ou la séquestration des personnes, et les destructions ainsi que la falsification de monnaie et d'autres actes de vol et d'extorsion de biens. Bien que la loi ait considérablement renforcé les prérogatives des services de sécurité en matière d'anticipation, de prévention et d'intervention contre les groupes extrémistes à vocation terroriste, le Royaume a blindé son dispositif législatif anti-terroriste en 2015, avec la loi n° 86.14 modifiant et complétant les dispositions du Code pénal et de la Procédure pénale relatives à la lutte contre le terrorisme avec une extension du champ des actes terroristes pour inclure le ralliement à des groupes ou des organisations terroristes où qu'elles soient, et le fait de recevoir un entraînement terroriste. En introduisant de nouvelles sanctions contre des actes comme l'apologie du terrorisme, la loi dote des juridictions nationales de la compétence de juger tout Marocain ou étranger, même hors du territoire, soupçonnés d'actes de nature terroriste contre le Maroc.


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