Alors que l'attention mondiale reste absorbée par les conflits majeurs à l'Est et au Moyen-Orient, une menace autrement plus sournoise se déploie discrètement au sud de l'Europe. Un péril silencieux mûrit à la lisière du désert et de l'indifférence. Un danger longtemps dissimulé derrière les apparences victimaires d'un mouvement que certains continuent, contre toute évidence, à décrire comme « légitime ». Ce danger, c'est le Polisario, qui montre aujourd'hui son vrai visage, métamorphosé en foyer idéologique d'un terrorisme international qui s'infiltre désormais jusqu'aux portes de l'Europe. Longtemps épargné par la critique grâce à un récit humanitaire bien rodé, le Polisario révèle aujourd'hui une face plus obscure. Des éléments issus de son giron idéologique et militaire, notamment des Sahraouis formés dans les camps de Tindouf, ont intégré les plus hauts niveaux de l'appareil djihadiste dans la zone sahélienne. Ce constat, rapporté par des services de renseignement européens et exposé par le journal La Vanguardia, n'est ni polémique ni partisan. Il est fondé, documenté, et surtout, alarmant. Ces Sahraouis ne sont pas de simples combattants. Ils sont planificateurs, recruteurs, propagandistes. Leur trajectoire est d'autant plus inquiétante qu'un grand nombre d'entre eux avait participé au programme « Vacances en paix », généreusement financé par l'Algérie, qui permettait à des enfants des camps de passer leurs étés en Espagne. Présentée comme une opération humanitaire, cette initiative s'est muée, au fil des ans, en levier de propagande et de pénétration culturelle. Aujourd'hui, plusieurs de ces ex-enfants réfugiés, formés idéologiquement et militairement dans un écosystème opaque et difficile d'accès, désormais adultes, hispanophones et profondément acclimatés aux codes européens, ont retourné leur proximité avec l'Europe contre elle. Ils sont aujourd'hui au cœur de la stratégie de déstabilisation qui menace non seulement la région, mais l'Europe elle-même. Ils disposent non seulement d'une connaissance intime des sociétés européennes, mais aussi d'un réseau informel, construit durant leurs séjours, qu'ils pourraient exploiter à des fins d'infiltration ou de manipulation idéologique. Ces profils, formés dans un espace géopolitique hors contrôle, se retrouvent aujourd'hui en situation d'influencer, d'orienter et potentiellement d'inspirer des attentats sur le sol européen. De l'humanitaire à l'endoctrinement Il faut donc nommer l'ironie tragique des faits. Le détournement du programme « Vacances en paix » illustre une réalité tragique : ce qui fut une initiative humanitaire pour offrir un répit estival à des enfants des camps de Tindouf, s'est transformé en un canal d'exportation de la radicalisation. Le Polisario, avec la bénédiction d'Alger, a su instrumentaliser cette ouverture humanitaire pour ancrer son narratif séparatiste dans l'opinion publique européenne et, plus gravement encore, semer les graines d'un extrémisme aujourd'hui pleinement activé. LIRE AUSSI : Sahara marocain : Chine et Russie, il est temps de choisir le camp de la légitimité Derrière l'accueil temporaire d'enfants sahraouis dans des familles espagnoles, loin des rigueurs du désert, le Polisario a vu l'opportunité d'ancrer sa propagande sur le Vieux Continent. Plus grave encore : ces séjours ont permis à certains jeunes qui ont grandi entre deux mondes, de connaître la chaleur des familles espagnoles et d'apprendre la langue. Parfaitement hispanophones, ils ont ainsi eu un accès direct à la culture occidentale, qu'ils renient aujourd'hui dans une logique de confrontation violente. Ce glissement, de l'accueil à la haine, incarne la faillite morale d'un système prétendument civil, mais qui produit en son sein des agents opérationnels de la violence transnationale. En première ligne, l'Espagne, qui a longtemps cru œuvrer pour la paix, découvre aujourd'hui le revers stratégique de sa générosité. L'internationalisation de la menace Selon les services de renseignement espagnols, la situation est critique. La présence sahraouie dans les structures de l'Etat islamique au Sahel n'est pas un fait isolé. Ces éléments, s'ils le décidaient ou recevaient l'ordre, pourraient infiltrer l'Europe en profitnt des réseaux migratoires illégaux comme cheval de Troie. Les réseaux de passeurs, déjà utilisés par divers groupes criminels et terroristes, représentent un canal d'infiltration prêt à être activé. Jusqu'ici, la priorité des groupes djihadistes sahéliens est restée régionale. Mais les experts préviennent que ce focus pourrait basculer rapidement vers les intérêts occidentaux, notamment si la donne politique ou militaire évolue. Dans ce cas, l'Europe – et en particulier l'Espagne – pourrait devenir une cible directe. Ces Sahraouis radicalisés ne sont pas des étrangers au mode de vie occidental, ce qui les rend d'autant plus dangereux. Ils peuvent agir comme « agents dormants », capables d'inspirer ou de coordonner des attaques en terrain européen avec une efficacité redoutable. Ce qui n'était autrefois qu'un enjeu régional s'est transformé en une menace transnationale. Tindouf : un sanctuaire hors contrôle Le centre névralgique de cette dérive se trouve dans les camps de Tindouf, administrés de manière hermétique par le Polisario, depuis des décennies, et hors de toute surveillance internationale réelle. Ces zones sont devenues des incubateurs idéologiques, où s'accumulent désespoir, embrigadement et militarisation de la pensée. Dans ces no man's lands mentaux et sociaux, la frustration des jeunes, l'absence de perspectives réelles, l'instrumentalisation politique de leur identité, et le vide éducatif ont formé un cocktail mortel. L'extrémisme religieux s'y est infiltré progressivement, comme une nappe souterraine, jusqu'à transformer des jeunes marginalisés en recrues idéologiques prêtes à intégrer les groupes les plus radicaux. Là, la victimisation devient une doctrine et la violence, une issue. Ce terreau fermé et explosif est aujourd'hui exploité par les groupes terroristes les plus violents de la région sahélienne. Ce climat, alimenté par des décennies d'abandon diplomatique et de neutralité coupable, a permis à un noyau terroriste de se structurer dans l'ombre du discours séparatiste. Ce que révèle la trajectoire de ces Sahraouis devenus djihadistes, c'est la porosité désormais manifeste entre séparatisme radical et terrorisme islamiste. Cette frontière s'est effondrée. Et le Polisario, qu'il le veuille ou non, porte la responsabilité d'avoir fait émerger cette dérive dans ses rangs. Ignorer cette évolution, ou la minimiser, reviendrait à légitimer indirectement un réseau qui dépasse de loin les enjeux sahariens. Il ne s'agit plus d'un conflit régional figé, mais d'un levier actif de radicalisation qui menace l'architecture sécuritaire euro-méditerranéenne. Un devoir de lucidité : classer le Polisario comme groupe terroriste L'Europe est désormais exposée et il est temps pour l'Espagne et ses partenaires européens de ne plus se permettre d'entretenir une vision romantique ou dépassionnée de la question sahraouie. La figure du réfugié victime ne peut servir d'écran à des réalités plus sombres. Il ne s'agit pas ici de stigmatiser une partie de la population sahraouie, mais d'exiger des comptes à une organisation — le Polisario — qui, sous couvert de lutte politique, a laissé naître en son sein des foyers de radicalisation incompatibles avec les valeurs de paix et de sécurité régionales. Il est désormais impératif d'appeler les choses par leur nom et de rompre avec cette cécité stratégique. Le Polisario ne peut plus être considéré uniquement comme une entité politique marginalisée ; il doit être interpellé pour ce qu'il est en train de devenir dans certaines de ses ramifications : un vecteur de radicalisation, un maillon du djihadisme transnational, un acteur à risque pour la stabilité méditerranéenne. Une telle décision permettrait de tarir ses financements issus de réseaux complaisants ou désinformés ; de restreindre son action de propagande dans les milieux associatifs européens ; et surtout, de délégitimer l'instrumentalisation des Sahraouis à des fins d'endoctrinement et de violence. Le moment est venu de regarder la réalité en face : ce qui hier était présenté comme une cause humanitaire est aujourd'hui un cheval de Troie sécuritaire. Ne pas nommer ce danger, c'est lui permettre de se renforcer. Ne pas l'isoler, c'est en devenir complice. L'heure n'est plus aux faux-semblants. Il ne s'agit plus d'un débat régional ou d'une dispute historique figée dans les sables du désert. Il s'agit d'un défi sécuritaire mondial, dont les racines sont identifiées et dont les agents sont en mouvement. La reconnaissance du caractère terroriste du Polisario est désormais une exigence de lucidité et de responsabilité. Il est temps pour les responsables politiques, les diplomates, les analystes de sécurité et les institutions internationales de reconfigurer leur compréhension du problème sahraoui à la lumière de cette nouvelle donne. Une complaisance prolongée serait non seulement une erreur politique, mais une faute historique. Les Européens doivent choisir : défendre leurs valeurs, ou se faire les complices involontaires d'un extrémisme né sous couvert d'humanisme. Le Polisario doit être déclaré groupe terroriste