Alors que les prévisions de la Banque mondiale révèlent un net ralentissement de la croissance mondiale, le Maroc s'efforce de tirer parti de ses atouts industriels et d'une relative stabilité macroéconomique pour préserver sa trajectoire de développement. Mais les risques extérieurs s'accumulent. La banque note que la croissance pour région MENA devrait atteindre 2,7 % en 2025 et se renforcer davantage pour atteindre une moyenne de 3,9 % en 2026-2027. Selon les toutes dernières Perspectives économiques mondiales publiées en juin 2025 par la Banque mondiale, l'économie mondiale évolue désormais sur une pente dangereusement inclinée vers une stagnation prolongée. Si la planète échappe, pour l'instant, à une récession globale, la croissance mondiale ne devrait pas excéder 2,3 % en 2025, un rythme qualifié de plus faible depuis 2008 hors période de crise. Ce repli s'explique par l'exacerbation des tensions commerciales, une incertitude géopolitique persistante, et une montée du protectionnisme dans les principaux centres d'échange mondiaux. Près de 70 % des économies, toutes régions confondues, voient ainsi leurs prévisions de croissance revues à la baisse. Si cette tendance devait se prolonger, la décennie 2020-2027 pourrait devenir la plus atone en matière de croissance depuis les années 1960, prévient l'institution de Washington. Lire aussi : Code des bonnes pratiques de gouvernance des EEP : levier d'une transformation structurelle majeure Dans ce contexte défavorable, la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) résiste mieux qu'escompté. D'après la Banque mondiale, la croissance régionale pourrait atteindre 2,7 % en 2025, avant d'accélérer à 3,7 % en 2026 et 4,1 % en 2027, portée essentiellement par la remontée progressive de la production pétrolière consécutive à la levée, en avril 2025, des coupes volontaires imposées par certains pays exportateurs. Les économies du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) sont attendues à 3,2 % de croissance en 2025, puis 4,8 % deux ans plus tard. Ce dynamisme s'explique par l'expansion des secteurs non pétroliers, dans un effort de diversification économique renforcé. Les exportateurs non-membres du CCG, eux, devront composer avec des prix du pétrole modérés et une demande mondiale affaiblie. Les pays importateurs de pétrole, dont le Maroc, pourraient tirer parti d'un repli de l'inflation, d'une consommation intérieure en redressement et d'un répit dans certaines tensions politiques. Pour cette catégorie, la croissance est projetée à 3,6 % en 2025, 3,9 % en 2026 et 4,3 % en 2027. Le Maroc face aux vents contraires de la conjoncture mondiale Dans ce paysage régional contrasté, le cas du Maroc mérite une attention particulière. Classé parmi les importateurs de pétrole de la région MENA, le Royaume semble tirer profit de la stabilisation macroéconomique engagée depuis 2023, conjuguée à une reprise dans le secteur industriel, en particulier dans la construction et les infrastructures énergétiques. La Banque mondiale souligne notamment que, malgré l'environnement mondial défavorable, l'activité économique au Maroc se renforce, portée par un regain d'investissement privé et une amélioration progressive des conditions climatiques, facteur décisif pour un pays toujours exposé aux aléas de la sécheresse. Le redressement attendu repose cependant sur plusieurs hypothèses fragiles : une normalisation des prix alimentaires et énergétiques, une dynamique soutenue des exportations (en particulier automobiles, phosphates et agroalimentaire) et une relative stabilité géopolitique dans l'environnement immédiat. Or, l'augmentation des barrières commerciales et le ralentissement de la demande en Europe, partenaire économique de premier plan, menacent ces perspectives. D'autant que les marges budgétaires marocaines restent limitées, dans un contexte où la dette publique avoisine les 71 % du PIB, et où la réforme fiscale structurelle tarde à produire ses effets. Les perspectives marocaines à moyen terme demeurent positives mais fragiles. Le Royaume bénéficie de réformes structurelles en cours, notamment dans le domaine de la transition énergétique, de l'industrialisation verte et du soutien aux PME exportatrices. Mais il reste extrêmement exposé aux chocs extérieurs, qu'il s'agisse d'un durcissement des politiques monétaires globales, d'une volatilité accrue des flux de capitaux ou de la recrudescence des tensions sécuritaires régionales. Par ailleurs, la montée du protectionnisme mondial représente une menace sourde. La Banque mondiale avertit : un durcissement prolongé des politiques commerciales mondiales pourrait entamer la confiance des investisseurs, réduire les investissements directs étrangers, et faire peser de nouveaux risques sur les équilibres extérieurs des pays émergents comme le Maroc.