Portée par la demande intérieure et des performances sectorielles hétérogènes, l'économie marocaine poursuit sa reprise au premier semestre 2025, selon le Haut-Commissariat au Plan. Mais le ralentissement mondial pèse sur les perspectives du second semestre. Selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP), « l'économie nationale a entamé l'année 2025 sur une note positive, avec une croissance du PIB estimée à +4,8 % au premier trimestre, contre +4,2 % fin 2024″. Cette accélération est principalement attribuable au redressement de l'activité agricole et à la dynamique de secteurs porteurs tels que les industries extractives (+6,7 %), la construction (+6,3 %) et le tourisme (+9,7 %). Dans sa note de conjoncture n°48, publiée ce mois de juillet, le HCP souligne que « les moteurs internes de la croissance se sont renforcés grâce à l'expansion de la consommation des ménages et au regain de l'investissement public et privé ». La demande intérieure a continué d'être le principal levier de l'activité. D'après le HCP, la consommation des ménages a crû de +4,4 %, favorisée par l'amélioration de l'emploi rémunéré (+3,4 %) et par les revenus salariaux. Les dépenses d'investissement, quant à elles, ont bondi de +17,5 % au premier trimestre 2025, portées notamment par les infrastructures sportives, hydrauliques et routières. Lire aussi : BKGR recommande de souscrire à l'augmentation de capital de TGCC Dans le même temps, le secteur public a vu ses recettes budgétaires s'envoler de +21,6 %, traduisant un affermissement de l'activité économique. Mais, comme le souligne le HCP, « cette embellie masque une vulnérabilité persistante : la demande extérieure a amputé la croissance de 3,8 points », en raison d'un net ralentissement des exportations marocaines vers l'Union européenne. Le HCP estime que la croissance s'est poursuivie au deuxième trimestre 2025 à un rythme de +4,6 %, tirée par les services et l'industrie extractive, notamment grâce à une forte demande de phosphate brut à l'international. Le secteur agricole a également contribué à hauteur de 0,5 point, malgré des conditions climatiques contrastées. Les productions maraîchères et céréalières ont progressé dans les zones irriguées, alors que certaines cultures sensibles à la chaleur ont reculé. La note du HCP précise que « la demande intérieure est restée solide », contribuant à hauteur de +7,7 points à la croissance, contre -3,1 points pour la demande extérieure. L'inflation sous-jacente a poursuivi sa décrue, atteignant +1,1 %, un niveau inédit depuis 2021, « traduisant une détente des coûts de production », selon l'institution. Climat de confiance pour les marchés financiers Dans son analyse du secteur monétaire, le HCP note une progression de 7,5 % des crédits à l'économie, avec une hausse notable des crédits à l'équipement et à l'immobilier. La masse monétaire s'est accrue de +7,6 %, alors que Bank Al-Maghrib a maintenu son taux directeur à 2,25 % au deuxième trimestre, après l'avoir réduit en début d'année. Le marché boursier a poursuivi sa trajectoire haussière, porté par la confiance des investisseurs. L'indice MASI a grimpé de +37,6 % en glissement annuel, avec une capitalisation en hausse de 38,6 %, dopée par les performances des secteurs de l'énergie, des équipements industriels et de l'immobilier. Pour les mois à venir, le HCP table sur une croissance de +4,4 % au troisième trimestre 2025, grâce au maintien de la dynamique de la demande intérieure, estimée à +6,6 points. Cependant, la prudence reste de mise : « les incertitudes dominent toujours, en lien avec le ralentissement de l'économie mondiale et les tensions commerciales », avertit le HCP. Parmi les risques identifiés : les nouvelles barrières tarifaires américaines, la décélération de la demande européenne, ou encore l'impact de vagues de chaleur sur la production agricole. Le HCP estime que l'inflation restera modérée (1,1 %), sauf en cas de choc sur les marchés pétroliers ou alimentaires.