Il aura suffi d'un entretien dans Le Figaro pour rallumer un vieux brasier : celui des relations franco-algériennes, faites d'intermittences fiévreuses, de rancunes mal digérées et de diplomatie à géométrie variable. Bruno Retailleau, nouveau ministre français de l'Intérieur, n'a pas fait dans la dentelle. En accusant le consulat d'Algérie à Toulouse d'avoir délivré « des centaines de passeports à des clandestins », il a ouvert une brèche, aussitôt élargie par une décision radicale : ces documents ne seront plus reconnus par l'administration française. Une gifle diplomatique. Une de plus. Alger, dans son rôle favori : l'outragé permanent La réaction algérienne ne s'est pas fait attendre. On parle de « décision arbitraire », de « discrimination », voire de « provocation inacceptable ». Rien de surprenant : le pouvoir algérien excelle dans cette posture de dignité offensée, surtout lorsqu'il s'agit de détourner l'attention de ses propres dysfonctionnements. Car au fond, cette affaire soulève une question simple : qui a délivré ces passeports, à qui, et pourquoi ? Y a-t-il eu complaisance, négligence, ou pire, clientélisme ? Alger, fidèle à son opacité institutionnelle, préfère crier au complot plutôt que d'ouvrir ses tiroirs. LIRE AUSSI : Aviation: RAM prend son envol pendant qu'Air Algérie s'enlise dans la tempête Cette nouvelle crise n'est ni une surprise ni un accident. C'est un épisode de plus dans le feuilleton désenchanté des relations franco-algériennes, où le langage diplomatique est un art de la mise en scène. Paris traite Alger comme un partenaire ingrat. Alger répond comme un héritier traumatisé, qui en posture défensive, enfile le manteau du souverain humilié. Ce n'est pas une diplomatie, c'est une thérapie de couple non consentie.