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Crise Alger-Paris : Bruno Retailleau dénonce une relation "asymétrique" où l'Algérie "offense la France"
Publié dans Barlamane le 22 - 01 - 2025

Selon M. Retailleau, la crise entre Alger et Paris a pris une nouvelle ampleur avec la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara en juillet 2024, mais il estime que ce rebondissement n'est qu'un épisode parmi d'autres.
Dans un long entretien exclusif accordé à l'hebdomadaire français L'Express, le ministre de l'intérieur, Bruno Retailleau, a condamné l'attitude "de plus en plus agressive" de l'Algérie envers la France. Il a dénoncé une relation déséquilibrée et appelé à une réponse ferme face à ce qu'il considère comme un manque de respect récurrent de la part d'Alger. Le ministre, qui n'hésite pas à qualifier cette situation de "crise perlée", a également abordé des sujets sensibles comme les expulsions bloquées, le cas de l'écrivain Boualem Sansal et la politique migratoire entre les deux pays.
Une main tendue ignorée par Alger
Pour Bruno Retailleau, la dégradation des relations entre les deux pays s'explique par un déséquilibre persistant dans les échanges diplomatiques malgré les efforts fournis par la France pour apaiser les tensions. "Depuis des années, le président de la République a tendu la main à l'Algérie pour réconcilier les mémoires. Force est de constater que les efforts de la France n'ont pas reçu en retour beaucoup de considération", a-t-il regretté. Il a poursuivi en évoquant les récents épisodes ayant marqué cette crise bilatérale : "Lorsque le président Macron a parlé de 'rente mémorielle', l'ambassadeur algérien en France a été rappelé. Nos avions militaires opérant au Sahel ont été interdits de survol dans l'espace aérien algérien. Puis, au début de l'année 2023, l'opposante Amira Bouraoui s'est réfugiée en France. De nouveau, l'ambassadeur a été rappelé. À mesure que nous tendons la main, l'Algérie (ou du moins ceux qui veulent miner notre relation bilatérale) se montre de plus en plus agressive."
Selon lui, cette crise a pris une nouvelle ampleur avec la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara, mais il estime que ce rebondissement n'est qu'un épisode parmi d'autres : "Nous vivons une crise provoquée par cette reconnaissance, mais la crise a commencé bien avant. C'est une crise à répétition, une crise perlée."
Un discours mémoriel à rééquilibrer
M. Retailleau a pointé du doigt le rôle du discours mémoriel dans la dégradation des relations, estimant que la France s'est affaiblie en adoptant une posture trop culpabilisante vis-à-vis de son passé colonial. "À force de se déconsidérer, la France a donné elle-même les raisons de n'être pas respectée", a-t-il affirmé. Le ministre a cité Albert Camus pour illustrer son propos : "Il est dangereux de demander à une nation de s'avouer seule coupable et de la vouer à la pénitence perpétuelle." Selon lui, ce récit de "repentance perpétuelle" a atteint la fierté française : "Nous avons proposé un récit culpabilisant, la repentance, qui a fini par atteindre cette fierté française. Il nous faut la reconstruire. Les Français l'exigent et la France le mérite."
Il a également mis en cause des initiatives antifrançaises en Algérie, notamment la réintroduction en 2023 des couplets antifrançais dans l'hymne national algérien et l'effacement progressif de la langue française dans le système éducatif algérien. "J'observe que depuis 2023, le fameux couplet antifrançais est à nouveau d'actualité dans l'hymne national algérien. J'observe que depuis 2023, on fait la guerre à l'enseignement de la langue française à l'école primaire au profit de l'anglais", a-t-il expliqué.
La crise des expulsions et les accords de 1994
Le ministre de l'intérieur a également évoqué les blocages récurrents dans la mise en œuvre des expulsions vers l'Algérie, accusant Alger de ne pas respecter les accords bilatéraux signés en 1994. "Lorsque, comme dans le cas présent, nous expulsons des individus identifiés et disposant d'un passeport, le pays d'origine est informé de façon systématique via les listes de passagers. Aucun laissez-passer consulaire n'est nécessaire, puisque la nationalité de l'individu est certaine. La seule et unique règle est que le pays d'origine doit accueillir son ressortissant. Un point, c'est tout", a-t-il martelé.
M. Retailleau a désavoué le refus algérien d'accueillir ses propres ressortissants expulsés malgré les documents valides fournis par la France : "L'Algérie n'a respecté ni le droit international ni notre protocole bilatéral de 1994." Il a également dénoncé des soutiens du régime algérien sur le sol français : "Sur notre sol, des soutiens du pouvoir algérien ont franchi la ligne rouge. Je ne laisserai rien passer. Internet n'est pas une zone de non-droit. À chaque fois que nous avons eu connaissance de ces franchissements de lignes rouges, nous avons saisi la plate-forme Pharos et interpellé les individus concernés."
Le cas Boualem Sansal : une priorité discrète
M. Retailleau a exprimé son indignation face à la détention arbitraire de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, qui se prolonge depuis novembre 2024. "Boualem Sansal est une personne âgée, malade, arrêtée injustement, et détenue scandaleusement par le régime algérien. C'est inadmissible. C'est l'un de nos compatriotes, un ami, mais surtout un grand écrivain français." Tout en insistant sur l'importance de la discrétion pour des raisons d'efficacité, il a salué l'initiative de François-Xavier Bellamy et du PPE au Parlement européen pour voter une résolution condamnant ces pratiques et conditionnant la signature d'accords commerciaux avec l'Algérie au respect du droit international.
Reprendre le contrôle migratoire et renforcer l'assimilation
Le ministre a enfin abordé la question migratoire, plaidant pour une diminution des flux et un renforcement de l'assimilation. "Aujourd'hui, 70 % des Français veulent que l'on mette un coup d'arrêt à l'immigration incontrôlée", a-t-il affirmé, appelant à une politique plus restrictive : "La France est le pays d'Europe qui accorde le plus de visas : 2,4 millions en 2024, tandis que l'Allemagne en a accordé 1,5 million. L'histoire particulière et les liens que nous avons avec le Maghreb ne suffisent pas à justifier ces chiffres." Selon lui, l'intégration est freinée par un récit national dévalorisant : "Pour réussir l'assimilation, nous devons cesser de présenter notre histoire de façon lacrymale et pénitentielle. La France ne s'aime pas suffisamment pour se poser en modèle. Nous devons retrouver un regard équilibré sur la période coloniale."
Pour M. Retailleau, il est urgent de repenser la relation franco-algérienne sur des bases nouvelles : "Le peuple algérien est un grand peuple. Le peuple français aussi. Mais aucune douleur de l'Histoire ne peut donner à quiconque le droit d'offenser la France. Beaucoup de Français se sentent blessés. Les choses ne peuvent pas demeurer ainsi."
Laïcité et islam : un équilibre à défendre
Le ministre souligne une tension croissante entre une partie de l'islam politique et les principes de la laïcité française. Il affirme que "notre laïcité est mise à l'épreuve" par une radicalisation à l'échelle mondiale, qu'il qualifie de "danger" susceptible d'être importé sur le sol national. M. Retailleau insiste sur la différence fondamentale entre les concepts d'intégration et d'assimilation. Selon lui, l'assimilation, plus contraignante, implique une adoption pleine et entière des valeurs républicaines telles que l'égalité homme-femme, la liberté de conscience et la fraternité.
Il explique que l'assimilation est non seulement une "promesse" mais également une exigence qui s'inscrit dans le cadre juridique français, citant explicitement le Code civil : "Le terme 'assimilation' figure d'ailleurs toujours dans notre Code civil." Pour M. Retailleau, l'intégration se heurte à un refus de certains "nouveaux venus" de s'adapter aux mœurs françaises. Il appelle à un respect strict des valeurs républicaines, insistant sur la réciprocité entre hospitalité et adaptation des nouveaux arrivants : "Ce n'est pas aux Français d'adapter leurs mœurs. [...] C'est à eux de s'adapter.
Dialogue avec l'islam de France
Interrogé sur les reproches du recteur de la Grande Mosquée de Paris, M. Retailleau rejette toute responsabilité, expliquant que ce dernier n'a pas sollicité de rencontre. Toutefois, il se dit ouvert au dialogue et annonce la prochaine réunion du Forum de l'islam de France (Forif). M. Retailleau prône une fidélité stricte aux valeurs républicaines, qu'il estime menacées par certaines formes de radicalisation et par des refus d'intégration. Parallèlement, il se montre ouvert au dialogue avec les cultes, sous réserve d'une volonté réciproque de collaboration et rejette la politisation religieuse de la Grande Mosquée de Paris par l'Algérie.


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