À l'occasion du 26ème anniversaire de l'intronisation de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Dr Mohamed H'midouche, expert en développement international, ancien cadre dirigeant de la Banque africaine de développement, Consul honoraire du Cap-Vert au Maroc et auteur d'une thèse de doctorat sur le Gazoduc Africain Atlantique, revient sur la vision panafricaine du Souverain, les projets structurants comme le G2A, et le rôle croissant du Maroc comme puissance d'influence, d'intégration et de stabilité. Depuis son intronisation, comment Sa Majesté le Roi Mohammed VI a-t-Il repositionné le Maroc dans son environnement africain et mondial ? Depuis 1999, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a entrepris une transformation stratégique profonde de la diplomatie marocaine, rompant avec les logiques classiques pour faire du Royaume un pont entre l'Afrique, l'Europe, le monde arabe et l'Atlantique Sud. La diplomatie royale repose sur quatre piliers : la solidarité Sud–Sud, la stabilité régionale, la diversification des partenariats et l'attractivité économique. Avec plus de 50 visites officielles dans plus de 30 pays africains, le Maroc a su bâtir une relation de confiance avec ses partenaires africains. Le retour du Royaume au sein de l'Union africaine en 2017, accompagné de la réintégration dans plusieurs organes stratégiques du continent, symbolise ce repositionnement. LIRE AUSSI : S.M. le Roi Mohammed VI, un règne de projection nationale et mondiale Parallèlement, la diplomatie marocaine a remporté des percées majeures sur la question nationale du Sahara, avec la reconnaissance croissante de la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud, y compris par des puissances mondiales et régionales. Cette reconnaissance est confortée par l'ouverture de plus de 30 consulats à Laâyoune et Dakhla, et par l'intégration croissante du Sahara marocain dans les chaînes de valeur régionales (logistique, énergies, infrastructures). Vous êtes l'auteur d'une thèse de doctorat soutenue en 2025 sur le Gazoduc Africain Atlantique (G2A). En quoi ce projet illustre-t-il la vision royale ? J'ai eu l'honneur de soutenir à l'ESC Pau Business School une thèse de Doctorat en Business Administration (DBA) intitulée « Analyse stratégique, modèle de gouvernance et enjeux pour la coopération énergétique Sud–Nord : le cas du Gazoduc Africain Atlantique (G2A) ». Ce projet est emblématique de la vision prospective de Sa Majesté, articulée autour de la souveraineté énergétique, de la coopération continentale et de l'intégration des marchés. Le G2A reliera le Nigeria au Maroc sur plus de 6 000 km en traversant 13 pays, la Mauritanie et le Maroc. Ce projet permettra d'alimenter les pays africains traversés en gaz, de créer des dérivations industrielles locales, et de renforcer l'interconnexion avec l'Europe, tout en respectant les standards environnementaux. Il est cofinancé par la BIsD, le Fonds de l'OPEP (en tant que partenaire technique), la NNPC et l'ONHYM, et bénéficie de l'appui institutionnel de la CEDEAO, confirmant sa vocation intégratrice. Le G2A traduit aussi le rôle de passerelle géoéconomique du Maroc entre l'Afrique et l'Europe. Cette thèse fera bientôt l'objet d'un livre à paraître, contribuant au débat stratégique sur les infrastructures énergétiques africaines. L'Initiative Atlantique annoncée en 2023 semble ouvrir une nouvelle ère géostratégique. Quelle est son importance ? Lancée par le Souverain en novembre 2023, l'Initiative Royale pour l'Atlantique vise à donner un accès direct à la mer aux pays enclavés du Sahel, notamment le Mali, le Niger et le Burkina Faso, en leur ouvrant les ports marocains (Tanger Med, Dakhla Atlantique, Nador West Med). C'est une réponse concrète aux aspirations des Etats membres de l'Alliance des Etats du Sahel (AES) à diversifier leurs débouchés commerciaux, sécuriser leurs échanges et construire des partenariats non conditionnés. Le Maroc propose un corridor logistique solidaire, interconnecté au G2A et à la ZLECAf, dans une vision atlantique modernisée, reliant l'Afrique, l'Amérique latine, l'Europe du Sud et le monde arabe. L'initiative illustre une diplomatie royale d'anticipation et de proposition, au moment où les rapports de force internationaux se recomposent autour de nouvelles alliances stratégiques. Au-delà de la coopération africaine, comment le Maroc est-il perçu comme destination économique et puissance d'influence ? Le Maroc est aujourd'hui considéré comme l'un des pôles d'investissement les plus dynamiques du continent africain. Sous l'impulsion de Sa Majesté, le Royaume a bâti une plateforme industrielle et logistique moderne, attirant des IDE massifs dans l'automobile, l'aéronautique, les énergies renouvelables et le digital. Par ailleurs, la diplomatie sportive marocaine s'est imposée comme un levier de soft power d'envergure. Le Royaume accueillera la Coupe du Monde de football 2030 aux côtés de l'Espagne et du Portugal, une consécration diplomatique majeure. Enfin, sur le plan financier, le Maroc est actionnaire ou membre influent de nombreuses institutions panafricaines et multilatérales : BAD, BADEA, BIsD, BOAD, BDEAC, BMICE, Africa50, AFC. Il bénéficie aussi de financements importants de la part du FSD, du Fonds koweïtien, de l'OFID, de la BEI, de la BERD, et du FADES. Sur le plan monétaire, Bank Al-Maghrib est membre actif de l'Association des Banques Centrales Africaines (ABCA) et entretient un partenariat avec la BCEAO pour la supervision des banques marocaines dans l'UEMOA. Cette double présence, en tant qu'actionnaire stratégique et bénéficiaire de financements structurants, témoigne de la solidité du modèle marocain et de sa crédibilité régionale et internationale. En cette Fête du Trône, quel message le Maroc adresse-t-il à l'Afrique et au monde ? Le message est clair : l'Afrique doit croire en elle-même. Le continent peut bâtir sa souveraineté énergétique, industrielle et financière à travers des initiatives collectives ambitieuses. Le Maroc, fidèle à sa vocation africaine, continuera de jouer un rôle de trait d'union, de stabilisateur et de catalyseur d'un avenir africain souverain, uni et prospère. Sous le leadership de Sa Majesté Mohammed VI, le Maroc est devenu une puissance d'influence responsable, un modèle de co-développement, et un acteur crédible de la recomposition des équilibres mondiaux. Sa vision panafricaine, ses engagements diplomatiques, son attractivité économique et ses valeurs de solidarité font du Royaume un partenaire incontournable pour l'Afrique de demain.