Près de 600 anciens chefs du Mossad, du Shin Bet et de l'armée estiment que les objectifs militaires ont été atteints et exhortent Washington à intervenir pour sauver les otages et mettre un terme aux hostilités. Une initiative d'une ampleur inédite secoue le paysage sécuritaire israélien. Pas moins de 550 anciens hauts responsables de l'appareil sécuritaire, regroupés au sein du mouvement Commandants pour la sécurité d'Israël (CIS), ont adressé une lettre ouverte au président américain Donald Trump pour lui demander d'exercer une pression directe sur le Premier ministre Benjamin Netanyahu afin de mettre fin à la guerre à Gaza. Ce courrier, diffusé dans la nuit de dimanche à lundi, porte les signatures de plusieurs figures de premier plan : trois anciens directeurs du Mossad (Tamir Pardo, Efraim Halevy, Danny Yatom), cinq anciens patrons du Shin Bet (Nadav Argaman, Ami Ayalon, Yaakov Peri, Yoram Cohen, Carmi Gilon) ainsi que trois ex-chefs d'état-major de Tsahal (Ehud Barak, Moshe Yaalon, Dan Halutz). Tous s'expriment à l'unisson pour appeler à une « cessation immédiate des combats » et à la mise en place d'une alternative politique. Lire aussi : Royaume-Uni : Starmer convoque une réunion d'urgence sur Gaza « Le Hamas n'est plus une menace stratégique » Dans leur message, les signataires estiment que les deux objectifs militaires initiaux ont été remplis : la neutralisation des capacités opérationnelles du Hamas et la destruction de son infrastructure gouvernementale. Selon eux, le maintien des opérations ne permet plus de gains sécuritaires significatifs, tandis que les pertes humaines, la dégradation de l'image d'Israël et la radicalisation régionale aggravent les risques à moyen terme. « La guerre a cessé d'être une guerre juste », avertit Ami Ayalon dans une vidéo accompagnant la lettre, ajoutant qu'elle « conduit l'Etat d'Israël à perdre son identité ». Les anciens responsables estiment que l'ultime priorité — le retour des otages — ne peut être atteinte que par la négociation. Trump sollicité pour reproduire le précédent libanais La lettre appelle explicitement Donald Trump à jouer un rôle décisif : « Vous l'avez fait au Liban, il est temps de le faire à Gaza ». S'appuyant sur la popularité encore forte de l'ancien président au sein de l'opinion israélienne, le CIS l'invite à guider Netanyahu vers une solution politique, susceptible de rassembler une coalition régionale autour de l'Autorité palestinienne, réformée et renforcée. « Les otages ne peuvent pas attendre », écrivent les anciens officiers. Ils plaident pour un changement de cap stratégique : mettre fin aux hostilités, limiter les souffrances civiles et reconstruire une perspective politique crédible dans la bande de Gaza. Cette prise de position met en lumière une fracture croissante entre le gouvernement israélien et une partie de son élite sécuritaire historique, qui redoute l'enlisement et ses conséquences sur la cohésion nationale, la stabilité régionale et la sécurité à long terme.