Le projet de loi n° 19.25 entend limiter l'alimentation et les soins apportés aux animaux errants, jugés facteurs de risques sanitaires, en prévoyant des amendes de 1 500 à 3 000 dirhams. Présentée comme une mesure de santé publique par les autorités, cette disposition suscite une vive opposition des associations, qui y voient une sanction injuste ignorant les causes profondes de la prolifération. Alors que la société civile multiplie les initiatives pour venir en aide aux animaux errants, un nouveau projet de loi soulève une vive inquiétude. Inscrit dans la loi n°19.25 relative à la protection des animaux errants et à la prévention des dangers qu'ils représentent, le texte prévoit, dans son article 5, d'interdire à toute personne de nourrir, héberger ou soigner un animal errant. De même, l'article 44 renforce cette interdiction en imposant une amende de 1.500 à 3.000 dirhams à toute infraction constatée, y compris dans les rues ou dans les copropriétés résidentielles. D'après les médias, une mesure qui, selon plusieurs associations de protection animale, risque de criminaliser des élans de solidarité qui pallient aujourd'hui l'absence d'une véritable politique publique en la matière. En effet, si le texte entend également protéger les animaux contre les sévices, avec l'article 36 prévoyant jusqu'à six mois de prison et une amende de 5.000 à 20.000 dirhams pour toute personne ayant intentionnellement tué ou blessé un animal errant, il introduit parallèlement des obligations strictes pour les propriétaires. Le défaut de déclaration ou d'obtention d'un carnet de santé pour son animal pourrait coûter entre 5.000 et 15.000 dirhams. Lire aussi : Au Maroc, vers une réduction durable du phénomène des chiens errants En parallèle, selon des études relayées par la presse, le Maroc compte aujourd'hui entre 1,2 et 1,5 million de chiens errants, concentrés surtout dans les zones urbaines et périurbaines où l'accès à la nourriture est facilité par les décharges, les marchés et les déchets ménagers. À Salé, la situation illustre la gravité du problème, notamment avec des meutes agressives qui rôdent près des plages, des quartiers résidentiels comme la Marina ou Layayda, ainsi que des stations de tramway. En outre, les habitants dénoncent des incidents de morsures graves, un climat d'insécurité et un manque d'action municipale. L'absence de budget dédié et de coordination entre les services vétérinaires et les associations favorise le recours à des méthodes radicales comme l'empoisonnement, provoquant la mort de dizaines de chiens sur la voie publique. Les chiffres confirment l'ampleur du danger. Selon les mêmes sources, environ 100.000 morsures sont recensées chaque année, touchant 40 % des enfants de moins de 15 ans. La rage animale causant près de 400 cas par an entraîne une vingtaine de décès humains. Outre les risques sanitaires, la présence de chiens errants entraîne des nuisances pour la tranquillité publique, avec des meutes menaçantes et des poursuites sporadiques. D'après des experts cités par les médias, plusieurs facteurs expliquent la persistance du phénomène : absence de campagnes de stérilisation systématiques, infrastructures vétérinaires insuffisantes en dehors des grandes villes, gestion défaillante des déchets et recours à des méthodes de capture violentes et inefficaces à long terme. Les associations estiment que, plutôt que d'interdire les gestes solidaires, l'urgence serait de mettre en place un plan national intégrant stérilisation, vaccination et sensibilisation, afin de concilier sécurité publique et bien-être animal.