Face à la multiplication des triporteurs transportant illégalement des passagers, l'Agence nationale de la sécurité routière tire la sonnette d'alarme. Entre danger pour la sécurité routière, non-respect de la loi et impact sur l'esthétique des villes, ce phénomène prend une ampleur préoccupante dans le Royaume. Au Maroc, l'Agence nationale de la sécurité routière (NARSA) a réaffirmé récemment avec fermeté que le transport de passagers à bord des triporteurs est strictement interdit. Ces véhicules, conçus exclusivement pour le transport de marchandises, sont détournés de leur usage initial dans de nombreuses villes et campagnes, créant un véritable danger pour la sécurité routière. En effet, cette pratique illégale, devenue courante dans plusieurs régions comme Salé, concurrence directement les taxis, les bus et les autres moyens de transport autorisés. Dans les zones rurales et périphériques, elle répond à un manque de transport public abordable, mais expose les usagers, souvent des familles, femmes et enfants, à des risques majeurs. Les passagers sont installés sur des banquettes improvisées, sans ceinture ni protection, à bord d'engins souvent modifiés de façon artisanale, instables et dépourvus de contrôle technique. Lire aussi : Vandalisme à Casablanca : Tolérance zéro sur le réseau de transport public Les chiffres confirment l'ampleur du problème. Selon la NARSA, pour les cinq premiers mois de 2025, le nombre total de décès sur les routes marocaines a encore augmenté d'environ 20% par rapport à la même période en 2024, dépassant les 4 800 morts. Les motos et les triporteurs représentent plus de 70% des accidents mortels, soit une part d'au moins 3 360 décès imputables à ces deux-roues durant les cinq premiers mois de l'année. Pire encore, près de 40 % des accidents de triporteurs concernent le transport illégal de passagers. Entre 2015 et 2022, la mortalité liée à ces engins a bondi de 30 %, selon la même source. En outre, avec plus de 100 000 triporteurs circulant chaque jour, dont seulement 91 300 sont immatriculés, ce phénomène soulève aussi une question sociale. L'absence de solutions de transport abordables dans certaines zones pousse les populations à prendre ce risque. Au-delà du risque d'accidents et des atteintes à la sécurité des passagers, la prolifération des triporteurs dans les grandes villes soulève aussi des préoccupations d'ordre esthétique et urbanistique. Leur présence désordonnée, souvent au milieu des axes principaux, nuit à l'image des centres urbains et rompt avec l'harmonie visuelle recherchée par les autorités locales. Un problème d'autant plus sensible à l'approche de l'organisation de grands événements internationaux, où l'apparence et la fluidité du trafic jouent un rôle clé dans la promotion de l'image du Maroc à l'étranger.