Après la panne électrique qui a secoué la péninsule Ibérique fin avril, le Portugal se tourne vers le Maroc pour sécuriser son approvisionnement en électricité. Une collaboration qui pourrait redessiner les cartes de l'énergie dans la région. Le 28 avril 2025 restera marqué dans la mémoire collective de la péninsule Ibérique. Une panne électrique d'une ampleur exceptionnelle a paralysé le Portugal, l'Espagne et une partie du sud de la France. En l'espace de quelques secondes, la consommation espagnole est passée de plus de 25 000 mégawatts à près de 12 000, provoquant un effet domino sur l'ensemble du réseau interconnecté. Transports à l'arrêt, communications interrompues, hôpitaux fonctionnant en urgence grâce à des générateurs : l'incident a mis en évidence la fragilité des infrastructures face à un choc systémique. Face à cette vulnérabilité, le gouvernement portugais a décidé de prendre les devants. Selon les informations relayées par les médias, la ministre de l'Energie, Mme Maria da Graça Carvalho, a confirmé, récemment, l'élaboration d'un plan de 400 millions d'euros destiné à renforcer la sécurité du système électrique. Ce programme prévoit notamment une interconnexion directe avec le Maroc afin de réduire la dépendance structurelle vis-à-vis de l'Espagne, qui fournissait encore un tiers de la consommation portugaise. Des discussions préliminaires ont déjà eu lieu, et une rencontre bilatérale entre Rabat et Lisbonne est annoncée dans les prochaines semaines. Lire aussi : Le Portugal et le Maroc déterminés à consolider leur partenariat stratégique Le choix du Maroc n'est pas anodin. Lors de la panne d'avril, Rabat avait injecté 900 mégawatts dans le réseau espagnol via la liaison sous-marine Tarifa-Fardioua, opérationnelle depuis 1997. Cet apport, représentant près de 40 % de la production nationale, a permis de stabiliser la situation et a renforcé l'image du Maroc comme partenaire énergétique fiable. Selon les chiffres de l'Office National de l'Electricité et de l'Eau potable (ONEE), le réseau marocain avait activé en moins de 200 millisecondes son système de découplage automatique, évitant toute propagation de la panne sur son territoire. Par ailleurs, cette résilience n'est pas le fruit du hasard. En effet, depuis plus d'une décennie, Rabat mène une stratégie fondée sur la diversification des sources, le développement des énergies renouvelables et l'intégration technologique avancée. En 2025, la capacité installée du pays dépasse 11 000 mégawatts, dont 37 % issus du solaire et de l'éolien. Le complexe Noor Ouarzazate, les parcs éoliens de Tarfaya, Midelt ou encore Boujdour témoignent de cette ambition de devenir un hub énergétique régional. En outre, l'Union européenne, en quête de diversification et d'accélération de la transition verte, regarde désormais vers le sud. Selon les médias, le Royaume a déjà signé plusieurs mémoranda autour de l'hydrogène vert, avec un potentiel estimé à quatre millions de tonnes exportables par an d'ici 2040. Cette orientation le place au cœur de la sécurité énergétique euro-méditerranéenne. De son côté, le Portugal ne se limite pas aux interconnexions. Lisbonne prévoit également de multiplier par soixante sa capacité de stockage en batteries, passant de 13 à 750 mégawatts, afin de mieux absorber les fluctuations liées aux renouvelables et d'éviter qu'un déséquilibre comme celui du 28 avril ne plonge à nouveau le pays dans le noir. En revanche, l'Espagne peine à suivre la même dynamique : le décret-loi présenté après la crise pour moderniser le réseau et renforcer les capacités de stockage a été rejeté par le Parlement.