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Face au black-out, la souveraineté énergétique en action
Publié dans L'opinion le 30 - 04 - 2025

Le lundi 28 avril 2025, une panne électrique d'une ampleur inédite a plongé une partie de l'Europe méridionale dans l'obscurité. En quelques secondes, la demande en électricité de l'Espagne s'est effondrée, passant de 25 184 MW à 12 425 MW, une chute de plus de 60 % de la consommation instantanée. Ce déséquilibre brutal, consécutif à une défaillance sur les lignes à très haute tension du réseau européen, a rapidement déclenché un effet domino affectant le Portugal et le sud de la France, paralysant transports, télécommunications et infrastructures critiques.
Des millions de foyers ont été privés d'électricité à Madrid, Barcelone, Lisbonne ou encore Montpellier. Métros à l'arrêt, feux de signalisation hors service, hôpitaux alimentés en urgence par générateurs : les conséquences d'un déséquilibre aussi brutal de la fréquence du réseau (inférieure au seuil critique de 50 Hz) ont mis en lumière la fragilité potentielle des systèmes interconnectés face à des chocs systémiques.

L'origine de la défaillance : une vulnérabilité structurelle

L'origine de la défaillance réside dans la forte dépendance de l'Espagne à la production renouvelable intermittente, en particulier l'éolien et le solaire, qui représentaient environ 56 % de son mix électrique en 2024. Si cette orientation constitue un progrès environnemental indéniable, elle fragilise mécaniquement l'équilibre du réseau, notamment en l'absence de capacités suffisantes de stockage ou de flexibilités compensatoires.
Le jour de la panne, une chute soudaine de la production renouvelable conjuguée à une surcharge de certaines lignes de transport a provoqué une instabilité de fréquence qui a déclenché l'arrêt automatique de plusieurs unités de production, y compris des centrales nucléaires, conformément aux protocoles de sécurité. Ces déclenchements, bien que nécessaires pour préserver l'intégrité des installations, ont accentué la pénurie d'électricité et amplifié la crise.
Le Maroc, rempart au sud du réseau européen
En dépit de son interconnexion avec le réseau ibérique via le projet REMO (Réseau Maroc-Espagne), le Maroc a évité toute propagation de la panne sur son territoire. Son système de découplage automatique s'est activé en moins de 200 millisecondes dès la détection des premières anomalies, isolant le réseau national et préservant sa stabilité.
Cette réactivité a permis de maintenir l'alimentation sur l'ensemble du territoire marocain. Selon l'Office National de l'Electricité et de l'Eau Potable (ONEE), aucun incident significatif n'a été enregistré. Mieux encore, l'interconnexion REMO, dotée d'une capacité de 1 400 MW sur 59 km (dont 29 km sous-marins), a permis d'injecter de l'électricité marocaine dans le réseau espagnol en soutien aux efforts de stabilisation.
Un réseau résilient bâti sur l'anticipation
Cette performance résulte d'une stratégie énergétique mise en œuvre depuis plus d'une décennie, structurée autour de trois piliers : diversification des sources, renforcement des infrastructures locales et intégration technologique avancée. En 2025, la capacité installée du Maroc dépasse 11 000 MW, répartie comme suit :
* 37 % issus des énergies renouvelables (solaire et éolien),
* 33 % de centrales thermiques (charbon, gaz),
* 30 % provenant de l'hydroélectricité, de la cogénération ou d'importations ciblées.
Le taux de couverture nationale a progressé de 80 % en 2015 à 85 % en 2025, marquant une nette réduction de la dépendance extérieure. Alors que 17 % de l'électricité consommée provenait d'Espagne en 2010, cette part est désormais inférieure à 5 %.
Des projets structurants à vocation régionale
Cette montée en puissance repose sur des projets emblématiques :
* Le complexe solaire Noor Ouarzazate (580 MW), l'un des plus vastes au monde,
* Les parcs éoliens de Tarfaya (301 MW), Taza, Midelt et Boujdour (plus de 1 400 MW cumulés),
* La centrale Noor Midelt II (en phase de pré-exploitation), combinant photovoltaïque et stockage,
* Le projet de câble HVDC Maroc-Royaume-Uni (3 800 km, 10,5 GW prévus d'ici 2027), destiné à l'exportation d'énergie verte vers l'Europe.
Ces initiatives illustrent l'ambition du Maroc de se positionner comme un pôle énergétique régional, au croisement de la durabilité, de l'innovation et de la coopération euro-africaine.

Interconnexion maîtrisée : le choix de la souveraineté opérationnelle
L'incident du 28 avril révèle que si l'interconnexion favorise la solidarité énergétique, elle peut également propager les défaillances. Le Maroc défend une approche équilibrée, articulée autour de trois principes :
1. Redondance des sources et des voies de distribution,
2. Capacité de découplage automatisé en cas d'instabilité externe,
3. Modularité des infrastructures, permettant des fonctionnements autonomes si nécessaire.
Cette vision s'inscrit dans un contexte mondial marqué par des risques croissants : dérèglement climatique, cybermenaces, incertitudes géopolitiques. En 2024, le Maroc figurait parmi les cinq pays africains les plus avancés en matière de fiabilité électrique, selon l'IRENA et la Banque mondiale, avec un indice de 99,96 %, comparable à celui de pays comme l'Allemagne ou la Suisse.
Le Maroc, pilier de la transition énergétique européenne ?
À l'heure où l'Union européenne accélère sa décarbonation et cherche à diversifier ses sources d'approvisionnement, le Maroc émerge comme un partenaire fiable et complémentaire. Plusieurs axes de coopération sont en développement :
* Etudes en cours sur de nouvelles interconnexions HVDC avec l'Espagne, le Portugal et l'Italie,
* Mémorandums d'accord sur l'hydrogène vert signés avec plusieurs Etats européens,
* Potentiel d'exportation estimé à 4 millions de tonnes d'hydrogène vert par an à l'horizon 2040 (selon MASEN),
* Développement conjoint de technologies de stockage, de réseaux intelligents et de mobilité électrique.

Le Maroc apparaît ainsi non seulement comme un fournisseur compétitif d'énergie propre, mais également comme un acteur structurant de la sécurité énergétique euro-méditerranéenne.

Conclusion : un nouveau paradigme énergétique
La panne du 28 avril 2025 restera un jalon marquant de l'histoire énergétique du continent. Elle démontre que la stabilité d'un réseau interconnecté repose moins sur sa densité que sur sa capacité à absorber les chocs sans déclencher de cascades d'effets.
Dans ce cadre, l'expérience marocaine illustre un modèle hybride, combinant ouverture régionale et souveraineté opérationnelle. Un modèle fondé sur la résilience, l'intelligence distribuée et la coopération, qui pourrait préfigurer les architectures énergétiques de demain, plus agiles, plus autonomes, mais toujours interconnectées.


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