À Gran Canaria, une délégation marocaine a examiné les solutions technologiques développées par l'Institut technologique des Canaries en matière de dessalement, de réutilisation des eaux et d'économie circulaire. Objectif : renforcer la résilience face à la raréfaction des ressources hydriques et anticiper la demande croissante, notamment agricole. La quête d'innovations pour sécuriser l'approvisionnement en eau a conduit une délégation marocaine sur l'île de Gran Canaria. Des chercheurs de l'Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) et des responsables d'OCP Green Water (OGW), filiale du groupe OCP dédiée aux ressources hydriques non conventionnelles, y ont visité l'Institut technologique des Canaries (ITC). Leur objectif était clair : observer de près les dispositifs expérimentés dans un territoire confronté, comme le Maroc, à un stress hydrique croissant. L'ITC abrite notamment le DESAL+ Living Lab, plateforme de référence en matière de dessalement, qui teste des procédés à haute efficience énergétique et à faible empreinte carbone. « La finalité est d'élaborer des solutions hydriques capables de satisfaire une demande croissante tout en réduisant l'impact environnemental », rappelle une note interne consultée par la presse. La mission marocaine a exploré les recherches menées sur la réutilisation des eaux, l'intégration des énergies renouvelables dans les stations de dessalement, ainsi que la valorisation des sous-produits, en particulier les saumures. L'ITC défend une approche intégrée du cycle de l'eau, alignée sur les principes de l'économie circulaire : chaque litre dessalé ou régénéré doit pouvoir être réinjecté dans le système productif, agricole en premier lieu. Lire aussi : Stress hydrique : L'impact silencieux de la filière avocat pointé du doigt Une session technique a ainsi été consacrée à l'usage de l'eau dessalée et traitée dans l'irrigation. Les débats ont insisté sur les défis structurels : consommation énergétique des usines, coût de production, interconnexion des réseaux et acceptabilité sociale de l'eau régénérée. Autant de problématiques qui rejoignent les réflexions menées au Maroc autour des grands projets de dessalement à Casablanca, Agadir ou Dakhla. Coopération scientifique renforcée Cette visite s'inscrit dans un rapprochement plus large entre institutions marocaines et canariennes. Un accord a récemment été signé entre l'Université de La Laguna (ULL), l'Université de Las Palmas de Gran Canaria (ULPGC) et l'UM6P, afin de mutualiser les efforts de recherche et de transfert de technologies. L'initiative s'appuie sur le projet européen IDIWATER, cofinancé à 85 % par le programme Interreg MAC 2021–2027, qui vise à renforcer la compétitivité du secteur de l'eau par l'innovation. La délégation marocaine réunissait plusieurs figures scientifiques et techniques : Hicham Fenniri, directeur de l'International Water Research Institute (IWRI) ; Abdessamad Belgada, spécialiste du dessalement avancé ; Lamia Housni, directrice du développement d'OGW ; et Fatima Ezzahra Akhrif, responsable du contrôle des projets de dessalement au sein de la même société. Leur présence illustre la volonté de conjuguer expertise académique et ingénierie industrielle. Au-delà du partenariat bilatéral, la rencontre traduit une tendance mondiale : face à la vulnérabilité climatique, les régions semi-arides cherchent à diversifier leurs approvisionnements hydriques. Selon l'ONU, la demande mondiale en eau devrait croître de 30 % d'ici 2050, tandis que la disponibilité par habitant recule déjà dans des zones comme le Maghreb ou les archipels atlantiques. Pour l'ITC, cette coopération « ouvre de nouvelles perspectives de collaboration afin de développer des modèles hydriques plus efficients, résilients et respectueux des équilibres naturels ». Au Maroc, où le Plan national de l'eau mise sur le dessalement et la réutilisation comme piliers stratégiques, ces partenariats offrent un levier scientifique et technologique supplémentaire.