L'évolution récente des échanges commerciaux entre le Maroc et le Royaume-Uni illustre une consolidation progressive d'un partenariat post-Brexit que les deux capitales s'efforcent de transformer en levier stratégique. Le rapport officiel du Department for Business and Trade intitulé "Morocco – UK Trade and Investment Factsheet", publié le 19 septembre 2025 révèle une intensification notable des flux, aussi bien en biens qu'en services, confirmant le rôle croissant du Royaume dans la diversification des échanges britanniques. Selon le Morocco – UK Trade and Investment Factsheet, le volume total des échanges de biens et services entre les deux pays a atteint 4,4 milliards de livres sterling (55,88 milliards dirhams) au cours des quatre trimestres se terminant fin mars 2025, soit une progression de 16,4 % par rapport à l'année précédente. Les exportations britanniques à destination du Maroc se sont établies à 21,59 milliards dirhams, en hausse de 23 %, tandis que les importations marocaines vers le Royaume-Uni ont progressé de 12,6 %, pour s'établir à 34,29 milliards dirhams. Cette dynamique hisse le Maroc au 51e rang des partenaires commerciaux du Royaume-Uni, une position modeste en valeur absolue mais révélatrice d'un potentiel d'élargissement, notamment dans le domaine des services, où la progression demeure la plus rapide. La lecture fine du Factsheet permet de distinguer des spécialisations sectorielles. Du côté britannique, les exportations sont dominées par les produits énergétiques raffinés 3,70 milliards dirhams, les minerais et ferrailles 2,68 milliards dirhams, ainsi que les véhicules automobiles 1,23 milliard dirhams. Les exportations de services atteignent 6,90 milliards dirhams, portées par le tourisme, les services aux entreprises et les prestations gouvernementales. À l'inverse, le Maroc tire profit de ses avantages comparatifs dans l'agroalimentaire et l'industrie légère. Les exportations vers le marché britannique reposent en priorité sur les fruits et légumes 7,19 milliards dirhams, en hausse de 21 %, les composants électriques 5,03 milliards dirhams et l'ameublement 1,77 milliard dirhams. Dans le domaine des services, les recettes marocaines proviennent largement du tourisme des visiteurs britanniques, estimées à 10,45 milliards dirhams, représentant plus de 80 % du total des services exportés vers le Royaume-Uni. Si le solde des échanges demeure déficitaire pour Londres – 967 millions £ (12,28 milliards dirhams) en 2025 contre 985 millions £ un an plus tôt –, le Factsheet souligne une légère réduction du déséquilibre. La balance des biens reste structurellement négative -6,13 milliards dirhams, mais les services affichent également un déficit croissant -6,15 milliards dirhams sous l'effet de l'essor du tourisme marocain. Ce déficit, modeste à l'échelle des comptes extérieurs britanniques, traduit néanmoins une dépendance accrue vis-à-vis des produits agricoles et touristiques marocains, confirmant l'ancrage du Royaume comme fournisseur fiable et compétitif. Quels enjeux stratégiques ? Le Morocco – UK Trade and Investment Factsheet rappelle que les flux d'investissements directs restent limités : les stocks d'IDE marocains au Royaume-Uni s'élevaient à 216 millions dirhams fin 2023, représentant moins de 0,1 % du total des IDE entrants. Les données relatives aux investissements britanniques au Maroc n'ont pas été publiées, pour des raisons de confidentialité statistique. Cependant, les marges de progression apparaissent substantielles dans les secteurs de la transition énergétique, de l'automobile et de l'offshoring. Le Maroc affiche un taux de croissance projeté de 3,9 % en 2025 selon les prévisions reprises dans le rapport, avec un PIB par habitant atteignant 4 400 dollars, ce qui renforce l'attractivité du pays comme plateforme industrielle et logistique régionale. La part de marché du Royaume-Uni au Maroc, estimée à 2,6 % en 2024 (contre 2,4 % en 2023), illustre une lente progression, particulièrement sur les services où elle atteint 4,6 %. Dans le contexte post-Brexit, cette orientation confirme l'intérêt de Londres à renforcer ses débouchés hors Union européenne, tandis que Rabat trouve dans ce partenariat un relais de diversification de ses marchés traditionnels. Au-delà des chiffres, le Morocco – UK Trade and Investment Factsheet révèle une dynamique bilatérale appelée à s'intensifier. La complémentarité sectorielle, l'essor du tourisme et les perspectives liées à la transition énergétique ouvrent la voie à une coopération accrue. Toutefois, la faible densité des flux d'investissement souligne la nécessité de mécanismes incitatifs plus ambitieux, afin de hisser le partenariat à la hauteur de son potentiel stratégique.