Le commerce au Maroc présente aujourd'hui une double réalité. Les souks traditionnels bénéficient d'un programme de valorisation tandis que les vendeurs ambulants continuent d'occuper les espaces publics dans les grandes villes. Ces deux phénomènes coexistent et reflètent les dynamiques économiques et urbaines du pays en 2025. Le gouvernement a lancé, en mars 2025, un plan de sauvegarde des souks hebdomadaires doté d'un budget d'un milliard de dirhams. Le programme prévoit la modernisation des infrastructures, la digitalisation des transactions, la promotion des produits locaux et la formation des commerçants. Le Conseil de gouvernement a adopté en novembre 2024 le projet de loi n° 22.33 pour renforcer la protection du patrimoine culturel, naturel et géologique. Malgré ces mesures, le commerce informel reste en expansion. Selon une étude publiée par le Haut-Commissariat au Plan (HCP) sur une période d'avril 2023 à mars 2024, le secteur informel comptait environ 2,03 millions d'unités de production, soit 353 000 de plus qu'en 2014. De plus, le commerce représente 47 % de ces unités et 85,5 % emploient une seule personne. Plus de 55 % des unités n'ont pas de local fixe, illustrant la prépondérance de l'activité ambulante. Lire aussi : Réseaux sociaux : le nouveau visage du commerce informel au Maroc En effet, cette présence affecte les centres urbains, puisque les quartiers populaires sont marqués par l'occupation des rues par les charrettes et les étals, envahissant les avenues et ruelles, perturbant la circulation et générant des problèmes d'hygiène. De même, les marchés de proximité n'absorbent qu'une partie des marchands. Entre 2015 et 2018, le programme national de réhabilitation a ciblé 124 000 personnes sur 430 000 recensées, selon des données communiquées en mai 2025 par le ministre de l'Industrie et du Commerce, M. Ryad Mezzour, répondant à une question posée par le groupe du Mouvement populaire à la Chambre des représentants. Nombreux sont, en effet, les marchands qui bénéficient d'emplacements dans les grandes villes, mais ferment tout de même leurs stands pour revenir à l'activité de rue, invoquant un emplacement non adapté et l'incapacité à fidéliser la clientèle. Par ailleurs, cette problématique concerne plus de 250 000 Marocains, d'après les données communiquées par le ministre de l'Industrie et du Commerce lors des questions orales à la Chambre des représentants en novembre 2023. Elle touche principalement des hommes de plus de 40 ans, chefs de famille. D'après des experts, plusieurs marchés de proximité montrent que le nombre croissant de marchands dépasse leur capacité d'accueil de ces infrastructures. En outre, selon le HCP dans son enquête nationale sur les unités de production opérant dans l'informel, publiée en mai 2025, le secteur informel au Maroc a enregistré une croissance annuelle moyenne de 3,06 % de sa valeur ajoutée entre 2014 et 2023. Le chiffre d'affaires global du secteur informel a progressé avec un taux de croissance annuel moyen de 2,6 % sur la même période.